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Le Chef écossais, ou la Caverne d'Ossian

Le Chef écossais, ou la Caverne d'Ossian, pantomime en 2 actes, de J. G. A. Cuvelier, musique arrangée par Dreuil, ballets de Jacquinet, créée au Cirque olympique le 25 septembre 1815.

Publication à Paris, chez Barba, 1815.

Journal de Paris politique, commercial et littéraire, n° 269 du mardi 26 septembre 1815, p. 2-3 :

[Les critiques font rarement preuve d'enthousiasme à l'idée de rendre compte d'une pantomime, et son premier soin est de dire qu'il ne peut révéler tous les détails, très nombreux qui composent la pièce. Il en profite pour renvoyer au roman qui est la source de la pièce. L'intrigue est très classique : un mariage secret, un enfant qui est né, élevé par un barde dans la caverne d'Ossian, et un bel imbroglio mettant en action le roi d'Ecosse, sa fille et l'enfant qu'elle a eu : un traître infâme (tous les traîtres sont infâmes) tente d'assassiner le roi, sa fille le sauve, mais on l'accuse d'avoir voulu tuer son père. Heureusement, on est dans un mélodrame, et elle est sauvée par l'intervention du père de son enfant : comme d'habitude, tout finit bien, « il est inutile d'ajouter que les méchans périssent ». La partie proprement critique commence par dire que la pièce contient bien tout ce qu'on attend d'une pantomime, « Des décorations, des combats, un orage, un incendie », et que ces éléments sont réussis. Mais pas de vraisemblance, la pantomime ne l'exige pas, elle veut « des effets », et ils ne manquent pas : on se demande comment public et acteurs peuvent supporter une telle tension. Les acteurs principaux jouent bien, mais ils ont fort à faire face à la concurrence d'une explosion, ou d'une démolition : une pantomime doit sentir la poudre. Le public était si nombreux qu'il avait fallu ajouter des banquettes. Les auteurs ont été demandés, et le moins méritant n'est pas l'auteur des ballets.]

CIRQUE OLYMPIQUE.

Première représentation du Chef écossais, ou la Caverne d'Ossian,
pantomime en deux actes, avec un prologue.

L'analyse détaillée de cette pantomime pourrais remplir six colonnes du feuilleton, mais cela ne serait ni agréable à faire, ni amusant à lire, et je crois devoir me borner à donner une idée de l'action qui d'ailleurs ne diffère de celle de beaucoup d'autres pièces que par les détails, c'est-à-dire par les coups de théâtre. Ceux qui desireront des détails plus circonstanciés, pourront lire le roman anglais intitulé les Chefs écossais, dont la traduction française a paru il y a environ un an.

Un mariage secret unit la princesse Sulmalla, fille de Malcolm, roi d'Ecosse, et Occomar, chef des montagnes, vaillant guerrier, qu'un rival implacable a fait exiler de la cour. Un enfant, fruit de leur amour, est élevé dans la caverne d'Ossian, par Hérold, barde descendant de Fingal et d'Ossian.

La jalousie est active : Maconor a découvert ce mystère, et, pour se venger, s'empresse de le découvrir an Roi qui surprend les coupables au milieu d'une fête montagnarde. Séparés par les soldats de la suite du souverain, ils se réunissent dans la grotte ; mais on leur a enlevé leur fils, et cette séparation cause leur désespoir. Dévoués à la mort par le barbare Maconor, cet enfant et sa mère vont périr ; Occomar les sauve, et tous trois échappent comme par enchantement à leur persécuteur. On s'empare du barde qui a favorisé leu évasion, et l'on se met à leur poursuite.

Par suite des suggestions de son perfide conseiller, le roi déclare une guerre à mort au chef écossais. Au lieu de s'éloigner, Sulmalla et son fils pénètrent dans le camp de leur père et s'approchent de ce momarque pendant son sommeil. Ils voient dans l'ombre quelqu'un s'avancer, c'est Maconor qui a conçu l'infâme projet de se défaire du roi afin de régner à sa place. Il va frapper Malcolm.... Sulmalla arrache le poignard des mains de l'assassin qui fuit sans être reconnu, et c'est elle qu'on accuse du crime abominable dont elle a empêché l'exécution !....

L'infortunée, avant d'être privée de la vie, doit être témoin du supplice de son fils ; mais Occomar a rassemblé ses fidèles et braves montagnards. Ils attaquent les troupes du roi, assez à temps pour sauver les victimes qui, après mille autres dangers, sont enfin rendus au bonheur, et recouvrent la tendresse du souverain. Il est inutile d'ajouter que les méchants périssent.

Des décorations, des combats, un orage, un incendie forment les accessoires de cette pantomime.

Les décorations sont fort belles, les combats très-vifs, l'orage très-bruyant, l'incendie superbe ; voilà des accessoires qui suffisent pour sauver le fond, dans lequel on chercherait vainement de la vraisemblance : le genre ne l'exige pas, mais il demande des effets, et l'auteur ne les a pas ménagés ; il laisse à peine aux spectateurs le temps de respirer. Je ne conçois pas comment les acteurs y résistent.

M. Franconi aîné et Mme Franconi jeune jouent les principaux rôles avec beaucoup d'expression ; un joli petit enfant les seconde à merveille. Mais tout leur talent produit sans doute moins d'effet qu'une explosion et une démolition qui animent le dénouement. Il est presque convenu aujourd'hui qu'il n'y a pas de bon dénouement de pantomime s'il ne sent la poudre à canon.

Les auteurs ont été demandés par la plus nombreuse réunion qui ait depuis longtemps garni l'enceinte immense du Cirque Olympique. On avait été obligé de placer à la håte des banquettes dans l'arène pour faire asseoir l'excédant de la population. Un acteur est venu dire avec plus de solennité que de correction : la pièce que nous avons eu l'honneur de vous représenter est de M. Cuvelier, la musique de M. Dreuil, et les ballets de M. Jacquinet. Ce dernier auteur n'est pas celui qui mérite le moins d'éloges. Il a dessiné une danse de montagnards écossais qui est très-vive, très-gaie et très-originale.

A. Marlainville.          

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