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Le Chevalier d'industrie, opéra en un acte

Le Chevalier d'industrie, opéra en un acte, paroles et musique de MM. *** ; brumaire an 13.

Théâtre de l'Opéra Comique.

Pièce à ne pas confondre avec la comédie homonyme d'Alexandre Duval jouée en 1809 au Théâtre Français.

Almanach des Muses 1806.

Pièce qui n'a eu qu'une représentation.

 

Dans Théâtre de l'Opéra-Comique de Paris : répertoire 1762-1972, de Nicole Wild et David Charlton, p. 189 :

Opéra-comique en 1 acte. Livret de Jacques Bins de Saint-Victor. Musique de Louis-Barthélémy Pradher et Dugazon. Jouée une seule fois le 17 novembre 1804.

Courrier des spectacles, n° 2823 du 27 brumaire an 13 [18 novembre 1804], p. 2 :

[Pièce immorale, qui ne doit pas reparaître. Le critique emploie de stermes d'une virulence bien grande pour la condamner. Seule la musique échappe aprtiellement à la condamnation.]

Théatre de l'Opéra-Comique.

Le Chevalier d'industrie.

Il y a des titres comme des noms ignobles, dont il semble qu’on ne puisse rien attendre de bon et d’honnête. Que pouvoit-on se promettre d’une pièce intitulée : le Chevalier d'industrie ?

Quelques idées libérales pouvoient fournir un pareil sujet ; et quel modèle à présenter qu’un fripon extrait des mauvais lieux, ou digne des maisons de force ? Il y a en littérature comme en société des règles de bienséance qu’on ne doit jamais violer. Le premier devoir d’un écrivain est de respecter ses auditeurs et de leur donner une heureuse idée de lui, en ne leur représentant que des images décentes. Le Chevalier d'industrie est une production également honteuse sous le rapport de l’art comme sous celui des mœurs. Qu’on se représente une auberge dans laquelle se trouvent à la-fois une hôtesse sotte et bavarde, un frippon qui tient une banque, un jeune libertin qui se ruine, et une jeune femme qui suit un procès.

Le langage de ces personnages répond à leur qualité. L’auteur a trouvé plaisant de nous donner tous les calculs de la noire et de la blanche, de nous parler de martingales, de masses, de parolis, et de toutes les belles choses qu’on apprend dans certains lieux fort honorables. Il paroît très fort sur cet argot. L’intrigue; le dialogue, le style, tout répond au titre de la pièce. On y trouve des phrases de la force de celle-ci : J'aime l'amour et le jeu, le sort que le destin me destine, etc. ; et ces phrases sont des vers qu’un homme de talent a eu la complaisance d’habiller de sa musique. L’ouverture est d’une composition facile, élégante et gracieuse. Plusieurs airs sont aimables et légers ; le quintetto est sur-tout très-agréable et a obtenu de nombreux applaudissemens; mais beaucoup d’autres parties sont foibles, sans couleur et peu dramatiques. On n’a point épargné le chant ; il se trouve partout, sans nécessité comme sans occasion. La prose et les vers se ressemblent si parfaitement, qu’on a de la peine à les distinguer.

Si ce Chevalier d’industrie a été pour quelqu’acteur l’objet d’une spéculation, son industrie s'est trouvée en défaut. Il est à présumer que par respect pour la décence publique, cette pièce d’un genre vraiment canaille (car le mot propre est ici nécessaire) ne reparoîtra plus à l'Opéra-Comique qu’elle déshonore.

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