Le Chevalier noir, ou le Dévouement de l'amitié

Le Chevalier noir, ou le Dévouement de l'amitié, drame à grand spectacle et en trois actes, de J.-G.-A. Cuvelier, 17 prairial an 9 [6 juin 1801].

Théâtre de la Cité-Variétés.

Publication : à Paris, chez Barba, 1800

Le Chevalier noir, ou le Dévouement de l'amitié. Drame à grand spectacle et en trois Actes, mêlé de Pantomime, Chants et Combats. Par J. G. A. Cuvelier, l'un des fondateurs et associé correspondant de la société Philotechnique. Représenté pour la première fois sur le théâtre de la Cité-Variétés à Paris, le 17 prairial, an 9.

Un serviteur attaché, est un ami plus sûr que la plupart de ceux que l'on rencontre dans le monde... Combien d'esclaves ? que l'opinion et le préjugé dédaignent, ont fait éclater pour leurs maîtres un zèle, une générosité si noble, qu'ils méritent d'être célébrés à bien plus juste titre que tant de héros que l'Univers admire.

Morale universelle.          

Le Courrier des spectacles du 17 prairial an 9 [6 juin 1801] annonce la première représentation du Chevalier noir (sans sous-titre), « pant. à grand spectacle ». Le lendemain, il la qualifie de « pantomime héroïque dialoguée ».

Courrier des spectacles, n° 1560, du 18 prairial an 9 [7 juin 1801], p. 2 :

Théâtre de la Cité.

La première représentation du Chevalier noir, pantomime héroïque dialoguée, en trois actes, donnée hier à ce théâtre, obtint un. succès assez brillant. L’auteur, demandé, fut mené sur le théâtre, c’est le cit. Cuvelier. Cette pièce offre une intrigue assez suivie, dont la cheville ouvrière est une espèce de Figaro sentimental : ce rôle est rendu avec beaucoup d’intelligence par le citoyen Ribié. Il y a de l’intérêt dans cet ouvrage, et cet intérêt sauve quelques longueurs et quelques invraisemblances.

Nous donnerons demain l’analyse de cette pantomime.

Courrier des spectacles, n° 1561, du 19 prairial an 9 [8 juin 1801], p. 2-3 :

[Comme promis la veille, le critique donne l'analyse de ce Chevalier noir. Il commence par le résumé de l'intrigue, pas surprenant du tout pour les amateurs du genre : jeune femme enlevée avec son enfant par un rival de son mari, enfermée dans un château, et que le mari doit faire évader avec l'aide d'un serviteur au nom transparent de Figaronet. Inutile de tout reprendre : les péripéties s'accumulent, évasions, combats, menace d'exécution, mais on sait que tout finit par s'arranegr : l'odieux rival meurt dans le bûcher qu'il a préparé pour son rival. Le critique n'a plus qu'à faire le tour des questions qui concernent ce genre de théâtre : les interprètes, que le public a applaudis (mais le principal rôle féminin est « foible », et l'actrice a eu bien du mérite) ; décors neufs, combats pas très bien exécutés, alors qu'on sait qu'ils sont importants « pour beaucoup d'amateurs de la pantomime.]

Théâtre de la Cité.

Le roi de Grenade a donné sa fille, Almanzine, à Salvador, jeune chevalier vainqueur dans un tournois. Son rival Allamar s'est retiré dans son château, et là, connu sous le nom du Chevalier noir, il exerce mille injustices, mille déprédations qui le font redouter et haïr. Toujours épris d’Almanzine, Allmanar la fait enlever et mener avec son enfant dans son château, où le hasard conduit dom Salvador.

Celui-ci a un serviteur fidèle nommé Figaronet, qui pour être utile à l'épouse de son maître s’est introduit auprès d’Allamar et a gagné sa confiance. Salvador est présenté par lui à son rival, qui ne le reconnoît pas, grâce aux précautions qu'il a prises pour se déguiser. Il vient, dit- il, remettre à Almanzine une lettre de la part de son époux. Allamar saisit le billet et se persuade en voyant le contenu que Salvador n'existe plus.

Il accueille le Chevalier inconnu et le fait traiter avec égard par Figaronet lui-même. Il communique cette lettre à Alnianzine et la presse de répondre à son amour. Mais l’épouse de Salvador rejette la prière de son persécuteur. Le Chevalier noir la condamne à être renfermée avec son enfant dans une tour obscure, où elle a pour geôlière une vieille femme sourde.

Heureusement Figaronet a quelque liaison avec cette vieille, qui veut absolument l’épouser. Comme il est convenu avec Salvador de lui faciliter à minuit un rendez-vous avec Almanzine, et ensuite les moyens de l’enlever, il en instruit Almanzine en présence de la vieille, qui ne se doute pas de leur intelligence, et que sa surdité empêche d’entendre le complot.

Cependant comme il craint qu'elle ne soit un obstacle à ses desseins, il feint de lui parler d’amour et la prie de lui permettre de venir à minuit la trouver près de la tour, où elle doit rester en sentinelle pour garder sa prisonnière. Le rendez-vous est accepté.

A minuit Figaronet arrive ; il feint d’entendre du bruit dans la tour, la vieille y entre ; Figaronet l’y enferme et en fait sortir Almanzine, qui se trouve dans les bras de Salvador. Tous s'échappent ; mais le beffroy de la tour réveille les gardes ; Allamar accourt, surprend les fugitifs. Figaronet, afin de détourner les soupçons d’Allamar, se blesse au bras d’un coup de poignard, et nommant Salvador, il l’accuse de l’avoir voulu tuer au moment où il l’arrêtoit dans sa fuite.

Allamar , trompé par ce récit adroit, veut cependant punir Salvador, mais Figaronet réclame pour lui-même le droit de la vengeance, et Allamar lui abandonne son prisonnier.

Figaronet conduit son maître hors du château, où l’attendent des gens affidés. Lui-même attend l’occasion de rendre le même service à Almanzine, qui est toujours au pouvoir du tyran, lorsque celui-ci, instruit par la vieille que Figaronet a trompée et renfermée dans la tour, surprend ce fidèle serviteur de Salvador et lui demande ce qu’il a fait de son prisonnier. Allamar furieux le condamne à être la proie des flammes. Le bûcher s’élève : Salvador accourt et defie les guerriers les plus braves. Un d’eux se présente ; et Salvador vaincu va, suivant les conditions du combat , partager le sort de Figaronet , lorsque ses amis accourent, forcent les barrières et précipitent Allamar dans le bûcher qu’il avoit allumé pour son rival. Salvador retrouve son épouse et son enfant.

Tel est le fonds du Chevalier Noir.

Cet ouvrage est monté avec soin. Les cit. Lafitte, Perrin, St-Martin et sur-tout Ribié y ont été applaudis.

Le rôle d’Aimanzine est faible, et madame Ribié en a tiré tout le parti possible.

Les décorations sont fraîches ; les combats auraient pu être mieux exécutés. Cette partie du spectacle n’est pas indifférente pour beaucoup d’amateurs de la pantomime

F. J. B. P.G***          

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