Le Coureur d'héritages

Le Coureur d'héritages, comédie en trois actes et en vers, de Justin [Gensoul], 4 mai 1807.

Théâtre de l'Impératrice.

Titre :

Coureur d’héritages (le)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

3

Vers / prose ?

en vers

Musique :

non

Date de création :

4 mai 1807

Théâtre :

Théâtre de l’Impératrice

Auteur(s) des paroles :

Justin

Almanach des Muses 1808.

Fond absolument semblable à celui de l'Avide héritier ; les incidens et les caracteres entièrement différens.

De jolies scenes, un style élégant, pur et facile.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mad. Masson, 1807 :

Le Coureur d'héritages, comédie, en trois actes et en vers, Par M. Justin. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de l'Impératrice, rue de Louvois, le 4 mai 1807.

Archives littéraires de l'Europe, N°. XLI, Gazette littéraire, mai 1807, p. xlii-xliii :

[Après avoir résumé une intrigue pas vraiment nouvelle, mêlant affaire d'héritage et affaire matrimoniale, le critique conteste la façon dont l'auteur a fait artificiellement fait rebondir sa pièce pour pouvoir en tirer trois actes au lieu de l'acte unique que le sujet autorisait. Il utilise pour cela un mauvais quiproquo, une vieille tante se croyant l'objet de l'attention du jeune homme qui courtise sa nièce et l'héritage qu'elle doit lui assurer. Ce personnage de vieille fille qui se croit courtisée est à la fois usé et ridicule. Et le caractère du coureur d'héritages est faible, l'intrigue languissante, la pièce froide. Les qualités de la pièce sont réelles, respect des convenances, qualité de la versification et de la langue. Mais il faut que l'auteur étudie « les secrets de l'art dramatique ». Et la nouvelle pièce ressemble trop à une pièce toute récente.]

Théâtre de l'Impératrice.

Le Coureur d'héritages, comédie en trois actes et en vers de M. Justin.

Un vieillard riche et goutteux, une demoiselle riche et sexagénaire, voilà sans doute deux sujets propres à s'attirer les attentions d'un coureur d'héritages tels que Cléon, surtout lorsque pour plus de commodité ils sont frère et sœur et demeurent ensemble comme M. et Mlle. de Vertbois. Cléon s'est donc poussé très-avant dans leur confiance et il ne voit qu'un obstacle à ses projets : ses patrons ont une nièce qu'ils aiment et qu'ils ne déshériteront pas. Mais les obstacles deviennent des moyens entre les mains des hommes qui ont du génie, et Cléon n'avoit même pas besoin d'en avoir beaucoup pour s'aviser qu'en épousant la nièce, il pourroit faire tester l'oncle et la tante en sa faveur. Rien en effet ne seroit si facile sans un jeune médecin nommé Derville, plus ancien que Cléon dans l'estime de M. de Vertbois et surtout dans l'amitié de Pauline sa nièce. Cependant un heureux incident met Cléon à la veille de son triomphe. C'est à lui que M. de Vertbois confie son projet de marier Pauline et Derville en leur donnant tout son bien ; c'est lui qu'il charge de sonder auparavant les sentimens du jeune médecin qui n'a fait part de son amour à personne. Cette commission fâcheuse a pour Cléon le résultat le plus heureux. Derville qui se défie de lui et qui ne sait pas que M. de Vertbois l'écoute, feint de n'aimer point Pauline, et qui plus est, d'être engagé ailleurs. L'oncle irrité de son indifférence fournit alors à Cléon une belle occasion de supplanter son rival; Cléon la saisit et M. de Vertbois lui promet tout ce qu'il vouloit donner à Derville.

L'auteur pouvoit s'en tenir là et dénouer la pièce en démasquant le coureur d'héritages par quelque moyen nouveau ou déjà connu, car ce n'est pas sur les dénouemens que le public est le plus difficile ; mais alors la pièce ne pouvoit guère avoir qu'un acte, et M. Justin en vouloit trois. En conséquence il a établi entre Cléon, ivre de joie de son bonheur futur, et la tante sexagénaire, une scène d'équivoques dans laquelle Cléon croit que Mlle. de Vertbois veut tester en sa faveur, tandis que celle-ci se persuade qu'il s'agit de lui assurer son bien par contrat de mariage. La. méprise va si loin que Cléon amène un notaire pour remplir ses intentions, et que M1le. de Vertbois le reçoit pour exécuter les siennes. La lecture seule de l'acte dressé sur les instructions de Cléon, la détrompe. Elle s'emporte ; son frère survient, la vérité est reconnue ; Derville paroît fort à propos, déclare son amour pour Pauline, et est accepté par l'oncle et la tante qui lui donnent tout leur bien.

On a trouvé avec raison que ce rôle d'une vieille fille qui croit inspirer de l'amour à tous les jeunes gens étoit usé et par trop ridicule. Bélise en est le premier modèle ; mais combien depuis Molière a-t-on fait de mauvaises copies de cet excellent original ! On a aussi reproché à M. Justin d'avoir peint trop foiblement son principal personnage ; d'avoir laissé languir son action, d'avoir fait une pièce froide. Mais ses égards pour les convenances, sa versification facile et correcte, des mots heureux, des tirades bien écrites lui ont procuré un succès flatteur. On espère qu'après avoir bien appris l'art des vers, il étudiera aussi les secrets de l'art dramatique, et on doit l'y encourager.

Il est inutile d'avertir que le fonds de cette pièce est le même que dans l'Avide héritier, comédie de M. Jouy, donnée il y a un mois au même théâtre. C'est Imbert, dit-on, qui l'a fourni ; les deux auteurs auraient peut-être trouvé des traits plus piquans et des indications plus fécondes dans cette satire où Horace met en scène Ulysse et Tirésias.

[Il s'agit de la satire 5 du livre 2 des Satires d'Horace, où Ulysse et Tirésias, outre tombe, échangent sur la question de l'héritage.

Quant à Imbert, c'est sans doute Barthélemy Imbert, homme de lettres, journaliste et éditeur.]

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 12e année, 1807, tome III, p. 204-205 :

[Comme la pièce nouvelle est très-proche d’une autre jouée récemment sur le même théâtre, le compte rendu commence par la comparaison avec elle, pour instaurer une intéressante hiérarchie : supériorité de la pièce en vers (d’autant qu’elle est « agréablement versifiée »), mais aussi « plus de ressorts de bonne comédie », et « le rôle de l'héritier est moins odieux ». Toutefois, la tentative des deux auteurs était vaine, après la pièce de Regnard, le Légataire universel, au « degré de comique bien difficile à atteindre ». Une remarque sur l’auteur, invité à mieux choisir ses sujets, et une sur un interprète, manquant de flamme dans son rôle, ce qui inquiète le critique qui craint que, maintenant qu’il n’est plus débutant, il ne fasse plus preuve d’ardeur.]

THÉATRE DE L'IMPERATRICE.

Le Coureur d'héritage.

C'est le même-fond que celui :de l’Avide Héritier, joué il y a quelque temps au même théâtre. La pièce est en vers, ce qui annonce déjà un mérite de plus ; elle est même agréablement versifiée : on y trouve plus de ressorts de bonne comédie ; le rôle de l'héritier est moins odieux ; mais comment deux auteurs se sont-ils rencontrés si parfaitement dans l'idée principale et même dans les détails ? comment ont-ils cru mettre en. scène un caractère neuf, tandis que le légataire universel leur offroit, dans le rôle d'Eraste, toutes les nuances d'un avide héritier, d'un coureur d'héritage, et dans un degré de comique bien difficile à atteindre ?

L'auteur de la dernière pièce est M. Justin, qui a de l'esprit, mais qui fera mieux en choisissant mieux ses sujets.

Peroud a joué très-froidement le, rôle de l'oncle, M. de Vertallure ; il a même cassé quelques vers. Se relâcheroit-il déjà de l'ardeur qu'il a témoignée dans ses débuts.

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