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Les Chinois

Les Chinois ou Amour et nature, pantomime en 3 actes, ornée de chants, danses, combats, tournois, évolutions, paroles du citoyen Cammaille Saint-Aubin [avec Ribié ?], musique du citoyen Banneux, ballets du citoyen Aumer, 19 floréal an 8 [9 mai 1800].

Théâtre de la Cité-Variétés et de la Pantomime Nationale

Almanach des Muses 1801

 

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Tiger, an viii :

Les Chinois, ou Amour et nature, pantomime dialoguée en trois actes, avec chants, danses, combats, etc. Paroles du citoyen Cammaille Saint-Aubin. Musique du citoyen Banneux. Ballets du citoyen Aumer, de l'Opéra. Décor du citoyen Auguste. Représentée, pour l'ouverture du Théâtre de la Cité, le 9 prairial an 8.

Les débuts des Chinois ont eu lieu finalement le 19 prairial an 8 [8 juin 1800] pour l’inauguration de la salle de la Cité. Le Courrier des spectacles n° 1191 du jour l’annonce en ces termes :

Théâtre de la Cité-Variétés.

Aujourd’hui, sous la direction du citoyen Camaille-Saint-Aubin, la première représentation des Chinois, pant. en 3 actes, ornée de chants, danse, combats, tournois évolutions, des citoyens Cuvelier et Gougibus ; décors et costumes nouveaux, d’après les dessins du célèbre Servandoni père ; ballets du cit. Aumer de l’Opéra. Cette pièce sera précédée de Diogène.

Les cit. Bossuet et madame Delaporte du Vaudeville débuteront dans cette pièce.

Le cit. dDaubigni prononcera le discours d’ouverture.

Le Chinois arrivé à paris depuis quelque temps, assistera à cette représentation, accompagné des premières autorités et de l’Etat-Major de Paris.

Courrier des spectacles, n° 1192 du 20 prairial an 8 [9 juin 1800], p. 2 :

[Ce devait être une grande fête, avec présence du Chinois venu à Paris, mais la pièce a plutôt déçu : après un premier acte prometteur, les deux actes suivants ont bien déçu, et le troisième acte a été accueilli par « plusieurs murmures et sifflets ». Il faut dire qu'ils étaient réduits à « des entrées et sorties, des marches, des combats souvent répétés », au détriment de l'action. Il y avait pourtant une intrigue dans le goût chinois, plutôt compliquée et riche en clichés. Les ballets du premier acte avaient l'inconvénient d'être trop longs. Décors et costumes étaient très soignés, ce qui manquait, c'est « une bonne et intéressante pièce ». L'auteur a été nommé « au milieu du bruit » (on n'hésite pas à forcer le public à entendre le nom de l'auteur, pour pouvoir rejouer la pièce).]

Théâtre de la Cité-Variétés.

La pantomime dialoguée des Chinois, donnée hier pour la première fois sur ce théâtre, fut accueillie avec assez d’indulgence durant les deux premiers actes, et dans le dernier essuya plusieurs murmures et sifflets.

Il est vrai que les deuxième et troisième, très-courts par eux-mêmes, ne présentent pas de développemens tels qu’on auroit pu les espérer d’après le premier acte, qui malgré ses longueurs offroit un spectacle riche et imposant, et indiquoit une intrigue compliquée et intéressante. Les deux derniers ne sont presque que des entrées et sorties, des marches, des combats souvent répétés. Si cette sorte de spectacle remplit la scène et occupe les yeux du spectateur, elle y laisse aussi un vuide que l’intérêt de l’action devroit remplir. En voici l'analyse :

Zamti, empereur de la Chine, est amoureux de la belle Zoïada, persanne qui est tombée en son pouvoir, et dont la garde est confiée à des Tartares et à leur chef Ofrescar. Celui-ci, environné de toute la confiance de l’empereur Zamti, et élevé par lui à l'honneur de Mandarin, est chargé par ce prince de parler en sa faveur à Zoïada, dont il est lui-même épris. Sa jalousie le porte à former le projet d’enlever cette Persanne ; et pour cela il engage un jeune seigneur persan, qui est honoré de l’estime et de l’amitié de Zamti, à déterminer Zoïada à suivre ses pas : mais ce jeune Persan, auquel il s’adresse, est Lucidor, le père des deux enfans qu’il élève à la cour, et l’époux de Zoïada, qu’on lui a ravie et dont il ignore l’asyle. Il accepte l’emploi dont l’a chargé Ofrescar, dans l’espérance d’embrasser encore son épouse. Ses deux enfans qui l’accompagnent le trahissent presque en s’écriant à la vue de Zoïada ; mais il les arrête, et dans un entretien avec son épouse , il convient avec elle que sous peu il lui donnera le signal de l'évasion.

Ofrescar, satisfait de l’obéissance de Lucidor l’admet à sa table Celui-ci a préparé une herbe dont le suc assoupit. Il en met dans le coupe d’Ofrescar, qui bientôt s’endort. C’est le moment de la fuite. A l’aide des clefs qu’on lui prend on ouvre le château, Zoïada libre s’enfuit, lors qu’elle est arrêtée avec son époux.

L’Empereur survient, interroge Ofrescar sur le succès de ses démarches auprès de Zoïada, et apprend la trahison de son favori. Le Tartare se défend, mais il est vaincu et chargé de fers.

Bientôt délivré par un parti de Tartares, il s’empare de nouveau de Lucidor, de Zoïada et de ses enfans. Les troupes de l’Empereur surviennent, les délivrent, et Ofrescar reçoit le châtiment que mérite sa rébellion.

Les ballets du premier acte sont assurément bien dessinés, bien exécutés ; les marches, les évolutions ont toute la magie du spectacle, mais c’est trop long, beaucoup trop long pour un premier acte, sur-tout lorsque les deux derniers n’ont presque rien. Les décorations sont fraîches, les costumes soignés, à tout cela il falloit joindre une bonne et intéressante pièce, pantomime si l’on veut ; et l’ouverture de ce théâtre se faisoit sous les plus heureux auspices.

L’auteur ayant été demandé, le citoyen Gougy est venu nommer au milieu du bruit le citoyen Camaille-St-Aubin.                                F. J. B. P. G***.

Louis-Henry Lecomte, Histoire des théâtres de Paris: le Théâtre de la Cité, 1792-1807, p. 204-205, nomme Ribié comme coauteur, et ne cite pas Cuvelier et Gougibus, pourtant donnés comme auteurs par le Courrier des spectacles du jour de la création. De même, il reprend l'information du Courrier des spectacles concernant la présence d'un Chinois lors de la première, mais sans dire de qui il peut bien s'agir.

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