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Le Déserteur de la Montagne du Hamm

Le Déserteur de la Montagne du Hamm, anecdote historique en 1 acte mêlée de musique, par Jean-Élie Bédéno Dejaure, musique de Rodolphe Kreutzer, 6 février 1793.

Théâtre des Italiens (Opéra-Comique)

Titre :

Déserteur de la Montagne du Hamm (le)

Genre

anecdote historique mêlée de musique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

6 février 1793

Théâtre :

Théâtre de l'opéra comique national, ci-devant comédie italienne

Auteur(s) des paroles :

Jean-Élie Bédéno Dejaure

Compositeur(s) :

Rodolphe Kreutzer

Réimpression de l'ancien Moniteur, Volume 14, n° 358 du 23 décembre 1792, p. 807 :

Extrait d'une lettre du général Beurnonville au ministre de la guerre, datée du quartier-général à Cherf, le 16 décembre.

«J'ai à vous annoncer, citoyen ministre, de nouveaux prodiges de la part du corps d'entre Sarre et Moselle ; et quoique l'ennemi se fût renforcé en canons et en hommes, il n'en a pas été moins mis en déroute, tant nos troupes ont été hardies et ardentes. Je ne vous fais pas de plus longs détails sur les dispositions que j'avais prises pour être maître de toutes les hauteurs qui se trouvent à l'extrémité du confluent, et arriver sur Consarbruck. Je me bornerai à vous dire que j'avais fait filer une brigade, plus cinq cents tirailleurs et mille chevaux dans la nuit par mes pontons; que nos généraux, à l'aide du mouvement que je devais faire prononcer par l'armée, en ont tiré tout le parti imaginable.

« Dans l'ensemble d’une disposition divisée en quatre parties, le général Pully et sa colonne ont emporté la palme. Le général Delaage me mande que, désirant arriver le premier avec sa colonne de grenadiers, il n'y était arrivé que pour embrasser le général victorieux Pully sur la principale montagne de Hamm, tenant un prisonnier d'une main, et de l'autre la hache dont il venait de le désarmer.

« Bref, nos quatre colonnes,dans la neige jusqu'aux reins, ont gravi ces hauteurs affreuses, hérissées de canons et couvertes d'hommes retranchés, au pas de charge, et toujours aux beaux cris de vive la nation, vive la république ! Cinquante-huit prisonniers ont été faits, quatorze déserteurs nous sont arrivés. L'ennemi a été opiniâtre dans sa vigoureuse défense, et sa perte a été en raison. Les prisonniers et les déserteurs l'estiment de quatre à cinq cents ; la nôtre est de cinq tués et vingt blessés, dont cinq officiers. Le jeune officier du génie, le citoyen Virvaux, a eu son cheval tué sous lui; et le citoyen Roussel, du 9e bataillon de la Meurthe, faisant fonctions d'adjoint aux adjudants-généraux, a reçu deux balles dans son habit, en faisant un prisonnier. Le citoyen Bonnard, aide-de camp du général Delaage, s'est distingué par une conduite rare et une célérité sans exemple dans l'ensemble de l'exécution, en portant et faisant exécuter tous ses ordres dans cette action terrible par le choc, cruelle par le temps. Le général Delaage me mande qu'il n'a qu'à se louer de tout le monde, sans exception.

« P. S. Cette dernière expédition fait d'autant plus d'honneur au général Pully, qu'au moment où il allait donner le signal du pas de charge, un soldat français, déserteur de la montagne de Hamm, qu'il allait escalader, arriva, et se jeta à son cou, en lui demandant la liberté, et, pour grâce, de ne point attaquer cette montagne, hérissée de canons et défendue par trois mille hommes ; le général Pully n'en avait que douze cents ; il donna la liberté au soldat français, et lui dit : « Suis-moi si tu veux la mériter. » Le général donna le signal, monta, suivi du soldat français, qui jouit du prix de sa liberté ; il a demandé à servir sur-le-champ, et je l'ai fait engager. »

« Nota. J'estime, dans ces actions, la perte de l'ennemi à huit ou neuf cents tués ou blessés, environ cent prisonniers et autant de déserteurs, que j'ai fait enrôler. »

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 4 (avril 1793), p.331-332 :

[Le critique insiste sur la vérité de ce que raconte la pièce. Il en montre le caractère moral et patriotique, y compris chez le déserteur, qui fait passer son intérêt après ceux de la Patrie. Le combat final l’a impressionné.]

Le déserteur de la montagne de Hamn, anecdote historique en un acte, mêlée de musique, paroles de Faure, musique de Kreutzer, donnée au même théatre [le Théâtre de l'opéra comique national, ci-devant comédie italienne].

Cette piece a réussi. On sait que le fait est arrivé dans l'armée du général Bournonville.

Belamour, soldat volontaire, a manqué son service, pour avoir voulu empêcher un de ses camarades, qui étoit un peu ivre, de maltraiter une femme. Belamour est trop généreux pour dénoncer son camarade. Cependant on l'accuse de lâcheté : Belamour ne peut supporter cet affront ; il déserte : mais au moment où les François veulent escalader la montagne, Belamour, qui s'y étoit caché, paroît, & avertit son général d'un piege tendu par l'ennemi, & dans lequel il alloit se précipiter. Belamour avoue qu'il a déserté, les remords l'oppressent : son camarade raconte tout haut le service que Belamour lui a rendu, & ce dernier a sa grace. Tel est le fond léger de cette petite piece, dans laquelle on a beaucoup goûté l'épisode d'un aubergiste allemand, nommé Trinkman, qui, placé au pied de la montagne, & visité tour à tour par les François & les Allemands, a deux enseignes pour plaire à ces différens hôtes ; l'une porte : La liberté, malgré les envieux, nous tendra tous heureux ; l'autre : A la botte du général Bender. Le combat qui a eu lieu à la fin, est très bien exécuté.

Arthur Pougin, « Un grand théâtre à Paris pendant la Révolution, l'Opéra-Comique de 1788 à 1801 » (12e article), Le Ménestrel : journal de musique, 53e année, numéro 8 du 23 janvier 1887 :

« A ce moment, l'Opéra-Comique préparait un petit acte de circonstance, le Déserteur de la montagne de Hamm, « fait historique, » paroles de Dejaure, musique de Kreutzer, qui fut présenté au public le 6 février; mais il mit aussitôt à l'étude un ouvrage du même genre inspiré par le crime de Paris, Le Pelletier de Saint-Fargeau, « trait historique » en deux actes, paroles de d'Antilly, musique de Blasius, chef d'orchestre du théâtre, et celui-ci fut joué le 23 février, un mois après cet événement. [...]

Le lendemain 1er avril, il corse son spectacle, comme nous dirions aujourd'hui, en introduisant dans une de ses pièces, le Déserteur de la montagne de Hamm, les chevaux de Franconi. Le but cherché par ce moyen était évidemment de corser aussi la recette, et l'on peut dire qu'il fut pleinement atteint, car celle-ci s'éleva à un chiffre fabuleux pour l'époque : 6,142 livres 16 sols. Le Journal de Paris constatait en ces termes l'effet produit par ce mélange de chevaux, de musique et de prose patriotique : — « Le citoyen Franconi a exécuté sur ce théâtre un combat simulé de cavalerie dans le Déserteur de la montagne de Hamm. L'ensemble de ce combat et les détails d'une action entre deux cavaliers écartés du gros de l'armée ont été rendus avec la perfection qu'on devait attendre de l'habileté connue de ce fameux écuyer. Le public a fort applaudi à ce spectacle neuf, qui, si il est adopté sur les théâtres plus vastes, doit augmenter l'illusion théâtrale et éloigner de la scène les machines ridicules et les petits moyens qu'on y employait autrefois. » Six représentations du Déserteur furent données dans ces conditions, et, quoique les cinq dernières fussent moins brillantes que la première au point de vue de la recette, elles ne laissèrent pas pourtant que d'être satisfaisantes ; elles amenaient du reste, tout naturellement, un supplément de frais considérable, que cet extrait du compte du mois d'avril nous fait connaître avec précision : — « Payé au citoyen Franconi pour sa présence et celle de sa cavalerie dans les 6 représentations de la pièce du Déserteur de la montagne de Hamm, la lre fois à 630 livres et les 5 autres à 530 livres chacune, suivant l'arrêté et quittance du 15 avril 1793, cy : 3,280 livres. »

Dans la base César : les paroles sont de Jean-Claude Bédéno Dejaure, dit le fils, la musique de Rodolphe Kreutzer. Mais César ignore l'existence de Jean-Élie Bédéno et attribue toutes ses oeuvres à son fils Jean-Claude. Première représentation le 6 février 1793. 11 représentations jusqu’au 5 mai 1793.

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