Les Dragons et les Bénédictines

Les Dragons et les Bénédictines, et les Dragons en cantonnement, comédies en un acte, en prose, dePigault-Lebrun, 18 et 25 Pluviôse an 2 [6 et 13 février 1794].

Cité-Variétés

Titre :

Les Dragons et les Bénédictines,

les Dragons en cantonnement

Genre

comédies

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose

Musique :

non

Date de création :

18 et 25 Pluviôse an 2 [6 et 13 février 1794]

Théâtre :

Cité-Variétés

Auteur(s) des paroles :

Pigault-Lebrun

Almanach des Muses 1795.

Pièces très-agréables, qui ont toutes deux réussi.

Dans les Dragons en cantonnement, excellente scène de jalousie, très-bien jouée par les c. St.-Clair et Germain.

Sur la page de titre des brochures, Paris, chez Barba :

Les Dragons et les Bénédictines, comédie en un acte et en prose, Du Citoyen Pigault-le-Brun Représentée, pour la première fois, sur le théâtre de la Cité, le dix-huit pluviôse.

Les Dragons en cantonnement, ou la suite des Bénédictines, comédie en un acte et en prose, par le citoyen Piagault-Lebrun. Représentée, pour la première fois, sur le théâtre de la Cité, le 25 pluviose, l'an second de la République.

Réimpression de l'ancien Moniteur, tome 19, Gazette nationale, ou le Moniteur universel, n° 121 (1er Pluviose an 2, lundi 20 janvier 1794, vieux style) p. 252 :

Théâtre de la Cité. – Variétés.

Les Dragons en cantonnement sont la suite des Dragons et des Bénédictines, pièce charmante que l'on joue depuis quelque temps au même théâtre. On retrouve avec plaisir dans cette seconde pièce le personnage de la première. Le jeune officier qui a épousé la sœur Sainte-Claire est tout prêt de lui faire infidélité pour une aimable hôtesse chez laquelle il demeure; mais sa femme, par ses bons procédés et ses grâces touchantes, sait le ramener et le fixer pour toujours.

Cette action très simple suffit à l'auteur pour développer des caractères attachants ou comiques, la bravoure et la galanterie du jeune officier, la bonté, l'esprit et la finesse de la sœur Sainte-Claire, l'enlèvement d'une sœur converse, devenue l'épouse d'un sergent-fourrier, et qui cite à tout propos des passages de l'Ancien et Nouveau-Testament, le bon-sens et la loyauté d'un vieux soldat rempli de zèle pour son service et d'amour pour sa patrie. Partout l'auteur (le citoyen Pigault-Lebrun) a su mêler aux tableaux enjoués d'excellentes leçons de morale et de patriotisme. Ces deux pièces sont fort bien jouées, et ont obtenu un succès mérité.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1795, volume 3 (mai juin 1795), p. 249-253 :

[Une des nombreuses pièces qui mettent en scène la fin des couvents (il y est question du décret qui les supprime et permet aux sœurs qui le désirent de retrouver la vie laïque). Les nonnes ont beaucoup servi au théâtre pendant cette période de la révolution ! L’irruption de militaires chez les naïves bénédictines (à une exception près) est source d’un comique apprécié. Le compte rendu s’ouvre par un abondant résumé de l’intrigue, plutôt compliquée et peu cohérente. La pièce a plu au critique : il y voit « une des mieux faites du répertoire des variétés du palais » et il en énumère les qualités : « détails heureux », « style agréable », « dialogue bien coupé », « gaieté » : elle montre « une grand entente de la scene ». Le principal point négatif, c’est qu’elle n’est pas très neuve : une scène rappelle la scène des paysannes dans le Festin de Pierre, et les pièces avec mannequin abondent, on en donne quatre exemples, sans préjuger des autres. En plus, ces mannequins sont une belle invraisemblance : que font-ils dans le jardin d’un couvent ?

THÉÂTRE DU PALAIS-VARIÉTÉS.

Let Dragons & les Bénédictines, comédie en un acte & en prose, par Lebrun,

Qu'on juge du chagrin des bénédictines de Furnes ; les François viennent de s'emparer de cette ville ; ils en ont chassé monseigneur l’évéque, qu'ils vont remplacer par un autre, & le directeur de ces nones infortunées vient de lever une compagnie. En voilà beaucoup sans doute pour justifier le chagrin qu'éprouvent les sœurs Sainte Agnès & Saint Scholastique [sic] ; en voilà trop sans doute pour justifier aux yeux de ceux qui pensent comme elles, la perversité & li'irréligion du siecle. Ah ! jamais, s'écrient elles, quels que soient les principes que les François veulent établir ici, jamais on ne dira que les épouses du Seigneur se sont permis de quitter les lieux saints.

La sœur Sainte Claire, jeune, sémillante & gaie autant que pourroit l'être une mondaine, n’est point du tout de leur avis, & elle proteste à ses deux compagnes qu'elle abandonnera le couyent à la premiere occasion. Quelle horreur ! quel scandale ! disent les vieilles religieuses. « Bon, bon, reprend Sainte Claire, vieux contes que tout cela ; pardon, mesdames, c'est qu'en vérité ma tête n'est plus à moi; c'est que je suis ravie d'être libre, c'est que mon ame s'ouvre à s espoir d'une existence que je ne connois pas encore, mais que j'embellis de charmes que lui prête mon imagination. »

Le scandale de Scholastique & d'Agnès va toujours croissant ; Claire en rit de bon cœur. « Eh bien ! allons la dénoncer à madame l'abbesse, disent les deux premieres. Soit, répond celle-ci avec enthousiasme ; je vous précede, le bonnet de la liberté sur la tête, & le décret à la main. » Cette étourdie les a à peine quittées, que la sœur converse Gertrude vient les joindre, & leur fournit matiere à une conversation ascétique, en leur apprenant que les François laissent à Furnes, pour contenir les mutins, un régiment de dragons ; elles se désolent.

Cette confidence est à peine achevée, qu'un capitaine & un maréchal des-logis de dragons escaladent un mur & descendent dans le jardin de nos religieuses. Que viennent-ils y faire ? l’amour. Le capitaine n'a pas d'autre projet, Eh bien ! qu'il l'exécute; en attentant que le maréchal-des logis va faire un tour dans le bosquet, voilà Sainte Agnès & Sainte Scholastique. Elles sont d'abord effrayées en les voyant ; mais il leur parle avec douceur, avec un ton grave & mystique, & bientôt elles trouvent qu'il ressemble à un élu & qu'il a un air de béatitude, & bientôt aussi elles en rafollent l'une & l'autre, & cherchent mutuellement à s'éloigner, parce que chacune d'elles veut rester seule avec lui. Elles ne peuvent y réussir, & sortent ensemble en lui donnant chacune à part un rendcz vous.

Sainte Claire survient ; sa surprise est extrême ; le dragon est enchanté de cette aimable religieuse ; elle trouve qu'il est le plus dangereux missionnaire qu’elle pût rencontrer, & bientôt elle le prouve en devenant amoureuse de lui. Le capitaine n'est pas moins sensible ; aussì devient-il pressant & s'explique ; dans une pareille circonstance, les arrangemens sont bientôt pris, & Sainte Claire sort avec la promesse qu’on ira la demander au parloir à madame l'abbesse, en présence de la Communauté.

Pendant cette entrevue, le maréchal-des-logis a rencontré dans le bosquet la sœur Gertrude, à laquelle il a voulu déclarer son amour à la dragonne ; mais elle l'a rembaré d'importance, & elle a été sur le point de lui arracher les yeux, lorsqu'il lui a proposé un emploi de vivandiere dans l’armée. Il est désespéré de la rigueur de cette bégueule, qui l'a osé traiter de philistin, d'amalécite, d'athée, & il assure à son capitaine qu'il lui est impossible de se modérer quand il songe que la réputation du premier maître d'armes du régiment a échoué devant le .fouil-au pot de la communauté.

Sainte-Scholastique & Sainte-Agnès reparaissent : elles se font un mutuel aveu de leur foiblesse pour le capitaine, & elles se promettent le plus grand secret, lorsqu'elles s'appercoivent que l'espiegle Sainte-Claire a tout entendu, & qu'elle a conséquemment appris qu'elles ont caché le capitaine dans un des pavillons du jardin ; elles fuient, mais elle le cherche & l'a bientôt trouvé. Il casse un carreau de vître, sort à travers la croisée , & apprend de son amante que le colonel des dragons, à la tête de son régiment, est entré dans le couvent, pour savoir s'il ne renferme ni armes, ni gens suspects. Que deviendront le capitaine & le maréchal-des-logis qui ne se sont pas rendus à l'appel ? où se cacheront-ils ? où ? dans le corps d'une statue de Saint-Martin à cheval, & du diable auquel il fait l'aumone, qui se trouvent dans le jardin.

Le colonel arrive avec une compagnie de dragons, & toute la communauté le suit. Il a visité par-tout, & n'a rien trouvé ; il ne lui reste que le pavillon du jardin à voir; Sainte-Scholastique & Sainte-Agnès sont dans des transes mortelles ; mais il n'y trouve rien, & elles croient que c'est par miracle, lorsque le capitaine & le maréchal-des-logis éclatent de rire. On se retourne, &l'on voit le premier à la place de Saint-Martin, le second à celle du diable. Le colonel veut savoir comment ils se trouvent là; le capitaine avoue tout, & finit par demander la main de Sainte-Claire & la grace du maréchal-des-logix, qui lui sont accordées, au grand plaisir des amans, & au grand scandale de la communauté.

Cette piece est une des mieux faites du répertoire des variétés du palais. Elle offre beaucoup de détails heureux ; le style en est agréable, le dialogue bien coupé, & elle joint beaucoup de gaieté à une grande entente de la scene. On y remarque toutefois quelques réminiscences. La situation du capitaine, qui veut éloigner les deux vieilles religieuses, ressemble beaucoup à celle de dom Juan, dans le festin de Pierre, qui cherche à renvoyer les deux villageoises qu'il a trompées. L'idée des mannequins qu'on retrouve dans la Tête à perruque, le Tableau parlant, le Mannequin, le Sculpteur, & tant d'autres pieces, & qui n'est peut-être véritablement heureuse & employée à propos que dans l'intrigue épistolaire, est ici très-comique, mais absolument invraisemblable ; à moins qu'on ne suppose que les bénédictines avoient arrangé dans leur jardin ces deux mannequins pour faire jouer la comédie dont il est question.

Les pièces citées sont, à part le Mannequin et l'Intrigue épistolaire, des pièces plus anciennes :

  • la Tête à perruque ou le Bailli, de Charles Collé (1777),
  • le Tableau parlant, de Louis Anseaume, musique de Grétry (1769),
  • le Sculpteur, ou la Femme comme il y en a peu, de madame Beaunoir (1787).

D'après la base César, les deux pièces ont été des succès:

  • Les Dragons et les Bénédictines ont eu 143 représentations du 1er novembre 1793 au 11 novembre 1799 (102 Palais des Variétés Paris, 14 Théâtre de la Cité Paris ,11 Variétés Amusantes, Comiques et Lyriques Paris, 15 Maison Égalité Paris, 1 Théâtre de Montansier Paris)
  • Les Dragons en cantonnement ont eu 116 représentations du 7 janvier 1794 au 16 octobre 1798 (77 Palais des Variétés Paris, 16 Maison Égalité Paris, 12 Théâtre de la Cité Paris, 10 Variétés Amusantes, Comiques et Lyriques Paris, 1 Théâtre de Montansier Paris,)

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