Le Mai d'Amour, ou le Rival complaisant

Le Mai d'Amour, ou le Rival complaisant, vaudeville en un acte, d'Ourry et Chazet, 1er mai 1810.

Théâtre des Variétés-Panorama.

Titre :

Mai d’amour (le), ou le Rival complaisant

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

1er mai 1810

Théâtre :

Théâtre des Variétés-Panorama

Auteur(s) des paroles :

Ourry et Alissan de Chazet

Almanach des Muses 1811.

Mercure de France, tome quarante-deuxième, n° CCCCLX (samedi 12 mai 1810), p. 115 :

[Une pièce dont le fonds est léger, conçue en fonction du dénouement, première partie vide, vaudeville final apprécié : on a fait répéter plusieurs couplets. De l’esprit aussi, et un acteur jouant de façon caricaturale un garde des forêts. Un auteur nommé, un autre mystérieux. Mais le mystère est éventé.]

Théâtre des Variétés. – Le Mai d'amour ou le Rival complaisant a été plus heureux, à ce théâtre, que la Mère Gaudichon. (Voyez l'article Chronique de Paris, dans notre dernier N°.) Les siffleurs, contens de leur victoire sur cette bonne vieille, ont laissé planter le mai sans opposition. Le fonds de cette pièce est léger, et elle paraît n'avoir été faite que pour amener la scène du dénouement qui est réellement très-plaisante : de jolis couplets, des mots spirituels, quelques tableaux villageois, et la caricature amusante de l'acteur qui joue le rôle de garde des forêts, ont fait pardonner le vide de la première partie, et le vaudeville de la fin a couronné le succès ; plusieurs couplets ont été répétés, et entr'autres celui-ci :

Gardons le chêne qui s'élance
Comme un hommage aux vrais talens ;
Réservons l'ormeau pour l'enfance,
Le roseau pour les courtisans ;
Aux portes des femmes jolies
Plantons le myrte et le rosier ;
A la porte des Tuileries
La Gloire a planté le laurier.

L'auteur, demandé avec acclamation, a été nommé, c'est M. Ourry : les furets de coulisses assurent qu'il a pour collègue un de ses amis connu par de nombreux succès.

[Cet ami « connu par de nombreux succès », c'est Alissan de Chazet.]

L'Esprit des journaux français et étrangers, juin 1810. tome VI, p. 285-287 :

[Un succès, malgré un sujet pas neuf du tout, comme souvent, « depuis qu'il est, pour ainsi dire, convenu que l'on a tout épuisé dans tous les genres ». Ce sujet, c’est celui dur éveil de la nature, qui, elle, sait se renouveler. « Une intrigue intéressante, des mots heureux, des couplets frais et spirituels », finalement les auteurs ont su faire du neuf avec du vieux. Le résumé de l’intrigue montre bien que le fonds n’est en effet pas tout neuf (une jeune fille à marier, qui a pour rivale sa propre mère, mais bien sûr tout finit par s’arranger. Un acteur est cité pour signaler la qualité de son interprétation, et un auteur est cité. Pas d’allusion à la présence d’un coauteur.]

Le Mai d'Amour , ou le Rival complaisant.

Tandis que le Houllah se faisait siffler à l'Odéon , le Mai d'Amour élevait victorieusement ses festons et ses guirlandes aux Variétés : ainsi va le monde. Ces sujets ne sont guères plus neufs l'un que l'autre ; mais depuis qu'il est, pour ainsi dire, convenu que l'on a tout épuisé dans tous les genres, il faut bien pardonner aux auteurs de s'en tenir à broder de vieux canevas, surtout lorsqu'ils ont l'art d'en rafraîchir les couleurs. Si d'ailleurs il existe un sujet inépuisable, n'est-ce pas celui du réveil de la nature ? Le moment où la terre se couvre de fleurs, de feuillage et de verdure, où les oiseaux éprouvent le besoin d'aimer et de chanter leurs amours, où l'univers, en un mot, semble reprendre une nouvelle vie, rallumer aussi dans tous les cœurs une nouvelle chaleur, un nouvel enthousiasme, et, depuis qu'il y a des amans et des poëtes, on a constamment célébré des fêtes en l'honneur du printemps, et chanté des vers à sa louange. Jusqu'ici la marche de l'esprit et celle de la nature sont assez uniformes ; mais ce qu'il y a de fâcheux pour l'esprit, c'est qu'il a beau chercher à rajeunir ses productions, elles n'en paraissent pas moins surannées, tandis que la nature, toujours la même, paraît toujours nouvelle ; et les madrigaux de nos poëtes perdent de leurs charmes d'une année à l'autre, tandis que, depuis le commencement du monde, un bouquet de roses n'a rien perdu de sa fraîcheur. Il faut donc tenir compte aux auteurs qui, dans cet état inévitable de décadence, trouvent parfois le moyen de se faire remarquer, ajustent sur un fond rebattu des idées riantes et gracieuses, célèbrent le printemps et chantent les roses sans nous faire bâiller. J'accorderai donc une mention honorable à l'auteur de la pièce, et il l'a méritée à plusieurs égards. Une intrigue intéressante, des mots heureux, des couplets frais et spirituels : tels sont les principaux titres sur lesquels reposent les succès de sa pièce, qui est bien véritablement de circonstance.

La veuve Gertrude a une fille à marier ; mais comme ses attraits, quoiqu'un peu mûrs, ne lui ont pas ôté toute prétention, elle est bien décidée à faire elle-même le bonheur d'un honnête homme avant d'établir la jolie Suzette ; celle-ci ne manque pas de prétendans, et parmi les plus ardens, M. Conserve, vieux garde-chasse, se fait remarquer par sa tournure ridicule et par un œil de moins. Ces moyens de séduction ont fait peu d'effet sur le cœur de Suzette, et elle n'a pas manqué de préférer la jeunesse et les hommages de Rossignolet ; mais Mme. Gertrude s'est arrangée de façon que ni l'un, ni l'autre, prétendant ne peut approcher de Suzette ; ils ne peuvent lui offrir leurs vœux que de loin, et ces mesures rigoureuses désespèrent le pauvre Rossignolet. Le malin Conserve imagine cependant une galanterie qui lui paraît fort ingénieuse ; on va célébrer le premier jour de mai, et le vieux garde-chasse prétend bien tirer parti de cette circonstance pour donner à Suzette une preuve éclatante de son amour. Il fait planter un mai magnifique devant les fenêtres de sa belle, après avoir eu grand soin de lire au préalable à tous les habitans une défense expresse d'arracher aucun arbre. De cette manière, Conserve ne craint pas d'être surpassé par son rival ; mais ce dont il ne s'est pas douté, c'est que Rossignolet grimpe sur l'arbre planté par son rival, et s'y cache pour entretenir Suzette ; c'est ce que l'on appelle se faire tenir l'échelle. On surprend effectivement les deux jeunes amans en tête à tête; mais comme le bailli de l'endroit consent à épouser Mme. Gertrude, Mme. Gertrude veut bien donner Suzette à Rossignolet. Ce dernier rôle a été joué avec assez de grace et d'intelligence ; mais Pothier s'est principalement distingué dans celui de Conserve, et il n'a pas peu contribué au succès de la pièce , dont l'auteur généralement demandé, est M. Ourry.

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