Le Pont des Arts ou Scène sur Seine

Le Pont des Arts, ou Scène sur Seine, vaudeville en un acte, de Georges Duval et Dumersan, 12 prairial an 13 [1er juin 1805].

Théâtre Montansier.

Almanach des Muses 1806.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Mad. Cavanagh, 1805 :

Le pont des arts, ou Scènes sur Seine, vaudeville en un acte, de MM. G. Duval et T. Dumersan, Représenté pour la première fois sur le Théâtre Montansier.

Courrier des spectacles, n° 3029 du 13 prairial an 13 [2 juin 1805], p. 2 :

[De succès en succès, il faut trouver de nouveaux espaces où faire se dérouler de nouvelles pièces. Le Pont des Arts est un de ces nouveaux territoires, avec ses deux extensions, la berge, un bateau, ce qui ne rompt pas l’unité de lieu d’après le critique, qui est peut-être un peu ironique. Ce lieu permet d’offrir de nouvelles formes de plaisirs, les poissons en particulier, omniprésents sur la scène. Ce qui est moins nouveau, c’est finalement l’intrigue, dans laquelle on retrouve sans surprise une jeune fille qu’on destine à un rentier de 45 ans, mais qui aime un jeune homme, « spirituel, aimable ». On va donc tout faire pour disqualifier le rentier, qu’on trouve en train de compter fleurette à une blanchisseuse, et dans la poche de qui on trouve un billet doux : on le rencontre au Luxembourg, mais il tombe dans l’eau et les bateliers qui le récupèrent le font chanter : il renonce à la jeune fille qui va pouvoir épouser son bien aimé. La pièce a eu « un succès prodigieux ». Les auteurs ont été nommés.]

Théâtre Montansier.

Le Pont des Arts.

Après l'Intrigue sur les toits, il falloit trouver un nouveau théâtre pour une nouvelle conception. Le Vaisseau amiral s’est emparé de la mer ; les fenêtres ont été occupées par MM. Dupaty et Bouilly ; le domaine des airs appartient encore tout entier à MM. Garnerin et, Robertson ; mais les ponts restent, et deux auteurs s’en sont saisis. Ce lieu est d’un choix d’autant plus heureux que l’aspect même de la scène peut fournir la matière d’un excellent calembourg. Scène sur Seine, est un mot admirable qui avoit d’avance prévenu favorablement tous les auditeurs. La perspective du Théâtre est d’ailleurs d’un effet très-varié ; on y voit le Pont des Arts, sur lequel se promènent une longue file d’élégantes, d’enfans, de jeunes hommes qui acquittent fidèlement le péage. Au dessous est la rivière. Dans un bateau, des blanchisseuses disent des injures aux passans ; un peu plus loin, un pauvre pêcheur à la ligne cherche du brochet , et ne peut pas même pêcher un goujon.

L’action se passe tantôt sur le Pont, tantôt sur la berge, et tantôt dans un bateau ; si l’on prétend qu’il n’y a pas unité de lieu, on se trompe, car la riviere, le pont et la berge ne changeant point de place, les règles de l’art sont strictement observées. Il y a aussi beaucoup de variété dans les personnages ; on y voit jusqu’à des petits poissons blancs qui s’échappent de la poche de Brunet, et frétillent sur le théâtre. Enfin Brunet lui-même est transformé en poisson qu’on pêche à 1a ligne. Jugez de quels plaisirs tant d’heureuses inventions doivent devenir la source.

La partie la moins nouvelle de la pièce est l’intrigue. Mad. Pastel a une fille qui, tous les matins, passe le Pont des Arts avec sa mère pour aller dessiner au Muséum. Cette jeune personne est destinée à M. Prudhomme, personnage fort ridicule, qui vit de ses rentes, et s’arrête quelquefois sur le Pont pour faire des ronds dans la rivière. Il a 45 ans, mais on lui pardonne ce léger désavantage, parce qu'il a des fonds à lui, des prés, des champs-pignons sur rue, etc. Mais Mlle. Pastel lui preféreroit volontiers un jeune homme qui ne possède rien de tout cela, mais qui est spirituel, aimable, et sur-tout chérit tendrement Mlle. Pastel. Il s’agit de tromper la surveillance de la mère ; or, tromper une mère n’est pas la mer à boire.

Comme M. Prudhomme conte fleurette à une jolie blanchisseuse , on le surprend au moment où il présente à la petite amoureuse un pot de jacinthes. On y trouve un billet où il paroit brûler du plus ardent amour pour Javotte. Mad.Pastel est furieuse ; M. Prudhomme demande à s’expliquer au Luxembourg, dans l’allée des Soupirs ; mais en passant sur les bords de la rivière, il tombe dedans. Il arrive jusqu’à 1’hameçon du pêcheur qui le prend à la ligne. Les bateliers venus pour admirer la pêche, veulent replonger M. Prudhomme s’il ne renonce à la main de Mlle. Pastel ; car ces bateliers sont l’un, l’amant de Javotte, et l’autre, l’amant de Mlle. Pastel, qui s’est déguisé pour voir sa maîtresse. M. Prudhomme consent à tout ; on le retire mouillé jusqu’aux os. C'est alors qu’il secoue ses poches, et que les poisssons sautent partout.

Ces parades, les calembourgs dont le dialogue est assaisonné, et les propos joyeux répandus dans le cours de l’ouvrage lui ont obtenu un succès prodigieux. Après de nombreux applaudissemens, on a nommé pour auteurs MM. Georges-Duval et Dumersan.

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