Le Prince de Catane

Le Prince de Catane, opéra-comique en un actes, paroles de M. Castel, musique de M. Nicolo, 4 mars 1813.

Théâtre de l'Opéra-Comique.

Titre

Prince de Catane (le)

Genre

opéra-comique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

4 mars 1813

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra-Comique

Auteur(s) des paroles :

Castel

Compositeur(s) :

Nicolo

Almanach des Muses 1814.

Imitation d'un conte de Voltaire : L’Éducation d'un Prince. Poëme froid ; musique pleine de charme ; demi-succès.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, Chez Fages, 1813 :

Le Prince de Catane, opéra en trois actes ; Paroles de M. Castel, Musique de M. Nicolo Isouard, de Malthe. Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre Impérial de l'Opéra-Comique, par les Comédiens ordinaires de S. M. l'Empereur et Roi, le 4 Mars 1813.

Le Prince de Catane était précédé d'une réputation flatteuse, puisque le 12 novembre 1812, le Journal de Paris, p. 2, disait que Nicolo était « occupé en ce moment d'un prince de Catane qui a déjà la réputation d'un chef-d'œuvre ; puisse l'événement justifier un présage aussi flatteur ».

Journal de l'Empire du 7 mars 1813, p. 1-4 :

[Le compte rendu que Geoffroy consacre au Prince de Catane est d'une ampleur remarquable (plus de deux mille mots), et d'une richesse peu commune. Il reflète très bien toutes les marottes de Geoffroy, et mériterait une longue étude. Comme la pièce s'inspire d'un conte de Voltaire, Geoffroy effectue un travail de comparaison précis entre le conte et l'opéra comique, comparaison qui met au jour les multiples préjugés globalement anti-voltairiens du brave critique. On y sent en particulier une hostilité aux conceptions religieuses de Voltaire, et c'est aussi l'occasion de mesurer l'écart entre conte philosophique et opéra comique, par exemple autour de la question de l'unité de temps dont le conte n'a que faire et qui limite la liberté du librettiste. Le critique tient à souligner que la comparaison entre des œuvres de genres différents tient moins compte de l'importance du genre que de la « perfection de la manière » : « une bonne fable de La Fontaine vaut mieux qu'une tragédie médiocre ». Geoffroy profite de l'occasion qui lui est offerte pour faire une mise au point concernant sa « façon de penser sur Voltaire », qu'on l'accuse bien souvent de haïr, et d'affirmer son amour de « tous ses ouvrages légers », préférés à ses tragédies, ou à la Henriade. Retour à la pièce, que Geoffroy a un peu oubliée, pour tenter de définir ce qu'est un opéra comique, ce qu'est le Prince de Catane, injustement pris pour un mélodrame par certains. Geoffroy insiste sur la légèreté inhérente au genre de l'opéra comique, où on ne fait pas une musique bruyante, et où on ne fait pas de chœurs, comme en font les Italiens. Il n'aime pas beaucoup la musique italienne, et dénigre l'usage des chœurs dans les opéras. Après avoir défini l'opéra comique, il s'attache à dire ce que doit être un bon opéra comique, et l'œuvre de Nicolo trouve plutôt grâce à ses yeux, bien que le bruit n'en soit pas absent. Pour les paroles, elles sont également plutôt justes, mais Geoffroy ne peut pas résister à la formulation de quelques reproches, en particulier sur l'invraisemblance de certaines situations : il s'étonne que les chanteurs continuent imperturbablement leur morceau alors que les pirates montent à l'assaut. Il ne reste plus qu'à parler des interprètes, l'un excellent, l'autre employée un peu à contre-emploi – mais elle est la dernière arrivée à ce théâtre, et n'a pas le choix de ses rôles. Deux rôles secondaires sont bien tenus. Pièce « bien exécutée », le public de la première a beaucoup apprécié la pièce, et elle devrait « rembourser aux acteurs les frais assez considérables qu'ils ont faits pour piquer sa curiosité et flatter ses sens ».

Les opéras comiques inspirés des contes de Voltaire :

  • Isabelle et Gertrude ou les Sylphes supposés, comédie en un acte de Favart, mise en musique par Adolphe Benoît Blaise, créée en 1765 au Théâtre de l'Hôtel de Bourgogne (l'Éducation d'une fille) ;

  • la Fée Urgèle, ou Ce qui plaît aux dames, comédie en quatre actes, en vers, de Favart, musique de Duni, créée à Fontainebleau devant leurs Majestés en 1765 (Ce qui plaît aux dames) ;

  • la Belle Arsène, comédie-féerie en trois actes mêlée d'ariettes, de Favart, musique de Pierre-Alexandre Monsigny, créée à Fontainebleau devant leurs Majestés en 1773 (la Bégueule).

Le Prince de Catane, est donc, selon Geoffroy, le quatrième conte de Voltaire adapté en opéra comique (l'Éducation d'un prince).]

OPERA-COMIQUE IMPERIAL

Première représentation du Prince de Catane, opéra comique en trois actes.

Les Contes de Voltaire ont fourni trois opéras comiques d'un mérite distingué, tels qu'Isabelle et Gertrude, la Fée Urgèle, la Belle Arsène ; arrangés, ajustés par les mains habiles de Favart, ils ont eu beaucoup de succès : tous les trois sont encore au théâtre. Le Prince de Catane a la même origine ; puisse-t-il avoir le même bonheur que ses ainés ! Cet ouvrage est le coup d'essai d'un jeune auteur, M. Castel ; et Favart, quand il mit sur la scène les trois contes de Voltaire, étoit un poëte tout-à-fait mûr et consommé dans son art.

Le prince de Catane s'appelle Alamon : c'est un jeune homme indolent, livré aux plaisirs, gouverné par de vils flatteurs. Pendant qu'il s'endort dans la mollesse, un pirate surprend la ville de Catane, marche au palais, se rend maitre de tout en un clin-d'œil : le prince n'évite la mort qu'en se cachant sous l'habit d'un garçon jardinier. Il avoit une maitresse nommée Amide dont il étoit foiblement épris:  le corsaire Abdala en devient éperdument amoureux.

La sage et prudente Amide n'irrite point le vainqueur par une résistance indiscrète ; elle capitule, et demande un jour pour se déterminer ; et pendant tout ce jour-là, elle veut régner et donner la loi. Le pirate, aveuglé par l'amour, oublie de quelle conséquence est un jour, en amour comme en guerre. Amide l'enivre d'espérance, lui donne une fête voluptueuse, et, pendant la fête prépare une révolution. Un vieux général. Dédaigné par Alamon, secondé de quelques sujets restés fidèles à leur prince, surprend à son tour le pirate au sein de la mollesse, et Alamon rend à Abdala la leçon qu'il en a reçue.

Voilà tout le fond de la pièce. L'auteur a fait au conte de Voltaire des changemens bien légers ; ii a mis la ville de Catane à la place de celle de Bénévent, ce qui est fort indiffèrent. Il s'est bien gardé de parler du vieux confesseur que Voltaire accote aux deux fripons qui corrompoient le prince. Ce vieux confesseur est un personnage important pour Voltaire : je suis étonné qu'il ne dise pas que c'étoit un jésuite ; il se détecte à charger de ridicules ce vieux Tartufe ; mais plaisir de l'auteur du conte étoit du fruit défendu à l'auteur de l'opéra comique : il n'a pu peindre qu'un bas et vil esclave, et non pas un dévot, un directeur de conscience, et même pour le faire entrer dans son conte, Voltaire a consulté son naturel plus que la nature. Un jeune prince, livré aux plaisirs, peut avoir un confesseur ; mais il ne lui donne point d'occupation, et ne lui accorde aucune confiance. Auprès d'un prince qui a une maîtresse, le confesseur a toujours tort ; au contraire, dans le conte de Voltaire, le confesseur fait exiler la maîtresse. Dans l'opéra comique, le prince n'exile pas sa maîtresse ; il la traite fort poliment ; il fait même beaucoup pour elle, car il écoute ses sermons, qui sont un peu diffus ; mais il refuse de se convertir. Le prédicateur veut le quitter comme un pécheur endurci, et il ne fait ps assez d'efforts pour le retenir. Il en est de même du vieux militaire Edmond : le prince ne l'exile point, il est trop honnête pour ce!a ; mais il voit avec indifférence ce barbon fâcheux s'éloigner de la cour. Voltaire dit dans le conte,

Edmond fut exilé ; le maître n'en sut rien 

trait sanglant contre la coupable indolence du prince, qui même ignoroit les crimes pour lesquels il prêtoit son nom.

Le prince de Catane est garçon jardinier à l'Opéra-Comique ; dans le conte, il est muletier dans les écuries du. pirate. Amide, à 1'Opéra-Comique, se contente d'un jour pour faire ses réflexions : c'est la.maudite règle des vingt-quatre heures qui ne lui permet pas d'exiger plus de temps ; mais l'auteur du conte se met plus au large. Amide, pour se préparer, demande trois jours et deux grâces ; l'une est la permission de faire donner cent coups d'étrivières au vieux confesseur ; l'antre, d'avoir pour le service particulier de sa litière deux mulets et le jeune muletier, ci-devant prince ; ce qui lui donne lieu de s'entendre avec son amant : mais toutes ces bouffonneries malignes étoient interdites à l'auteur de l'opéra comique.

En général Voltaire a un grand avantage dans un conte, où il badine à sa fantaisie, répandant partout librement le sarcasme, le persiflage et la satire pouvant décrire et peindre une foule d'objets que la délicatesse du théâtre ne supporte pas. Par exempte un jeune prince foible et sot, gouverné par de bas coquins, est un personnage avili, froid et ingrat sur la scène : Voltaire fait de cet imbécille une description piquante. Les contes de Voltaire sont courts et
amusans ; les pièces de théâtre, souvent longues et ennuyeuses. Les contes de Voltaire valent mieux que ses comédies, et même que ses tragédies : ceci n'est point exagéré. En littérature, pour assigner une supériorité, ou n'a point d'égard à l'importance du genre, mais à la perfection de la manière. La tragédie est un genre bien supérieur à la fable ; et cependant une bonne fable de La Fontaine vaut mieux qu'une tragédie médiocre, parce que cette fable suppose un génie bien plus distingué, un talent bien plus rare que celui qui se rencontre dans la fabrique d'une tragédie médiocre.

Je ne suis pas fâché, puisque l'occasion s'en présente de faire une confidence aux nombreux et terribles ennemis que je me suis attiré par ma façon de penser sur Voltaire : j'aime autant et plus qu'eux tous ses ouvrages légers et badins ; il est là dans son talent. Je fais peu de cas de ses tragédies quoiqu'elles valent mieux que presque tout ce qu'on a fait après lui dans ce genre : l'esprit de parti qu'on appeloit alors l'esprit philosophique, me les rend insipides. Son pathétique est faux : la Henriade même fatigue : :la nature ne lui avoit point donné du génie pour les poëmes sérieux et réguliers. La licence et le libertinagc étoient des ingrédiens essentiels de son talent. Sa prose est simple. naturelle, élégante, vide de choses ; son
Charles XII a le charme d'un roman ; cette histoire amuse autant que la Henriade ennuie. Ses contes; ses petits romans, ses pamphlets so
nt charmans, ses lettres délicieuses : il fut le plus bel-esprit de son siècle ; mais il n'eut de génie pour aucun genre que pour celui où l'imagination est affranchie de toute espèce de frein. C'est à propos d'un conte que j'ai voulu révéler ces vérités, et m'expliquer en passant sur l'homme du dix-huitième siècle.

Revenons bien vite à notre opéra comique. Les malveillans lui refusent ce nom, parce que l'ouvrage n'est pas comique : ils lui donnent le nom injurieux de mélodrame, sans trop savoir ce que ce nom signifie Le mélodrame est, comme autrefois la magie le crime de ceux qui n'en ont point. Toute pièce en musique est un mélodrame. Je ne sais pourquoi ce nom de mélodrame est devenu une grosse sottise. On appelle ainsi le Prince de Catane, parce qu'il y a des décorations, des danses, du spectacle, du fracas, des chœurs : l'auteur, ne pouvant adapter à la scène le comique du conte, a eu recours à l'éclat, à la magnificence et au bruit : à la place du gracieux et du gai, il a mis du grand de l'héroïque : s'il a occupé les spectateurs, il n'a pas manqué son but.

J'avoue que je n'aime point ce genre ; il me paroît contraire à l'esprit et au caractère de ce théâtre. Je conçois l'opéra comique comme une petite comédie libre, où la grâce et l'enjouement dominent ; il y faut des caractères, des situations, des scènes, beaucoup d'expression, peu de bruit, un d!alogue piquant, une musique vive et naturelle, un chant ingénieux et varié, une harmonie douce : je ne voudrois ni tambours, ni timballes, ni pompeux charivaris, autrement dits grands chœurs, qui se ressemblent tous, et qui étoient en Italie l'ouvrage des écoliers, pour les former à toutes les régies de l'hoarmonie.

Un musicien français se vantait devant Sacchini de la beauté des chœurs de nos opéras. Des choeurs ! dit l'auteur d'Œdipe à Colonne ; nous laissons cela à nos écoliers. Je compare ces coeurs aux thèmes sur les règles de la syntaxe, que l''on donnoit autrefois aux étudians : ces thèmes ne signifioient rien ; mais ils servaient à rompre les écoliers à tous les principes du latin. Les chœurs sont des thèmes sur les règles de l'harmonie ; il ne faut excepter que ceux qui, dans la situation où le compositeur les a placés, produisent un effet singulier et neuf : sauf cette exception tous les chœurs sont les mêmes, parce qu'ils font tous le même bruit, et qu'ils sont tous également vagues et insignifians

Il est bien aisé de dire ce que doit être un opéra comique ; mais il est très difficile d'en faire un bon : voilà pourquoi on dénature le genre ; on veut lutter contre le grand opéra : on emploie le spectacle et les machines ; on charge les planches d'acteurs crians et braillans ; on étourdit, on ébranle ceux qu'on désespère pouvoir charmer et toucher. Le plus grand mal que cet abus produise, c'est de blaser les spectateurs et d'émousser le goût ; il s'y trouve aussi un inconvénient pour les acteurs, qui font beaucoup de dépense en décorations, en costume : rien n'est si économique qu'une bonne comédie lyrique  ;on n'y ait dépense que d'esprit, de talent et de bonne musique Celle de M. Nicolo est, en plusieurs endroits, l'ouvrage d'un compositeur habile et très exercé : il y a des chœurs bien travaillés de beaux morceaux d'ensemble, d'agréables duos, quelques airs d'une bonne facture, entr'autres celui que Paul chante si bien, J'ai tout perdu etc., et dont l'expression est juste et vraie . mais le défaut général, c'est le bruit : les tambours y jouent un trop grand rôle. Avec plus de simplicité et de naturel, on auroit obtenu plus d'effet : en totalité, c'est cependant une composition très soignée par le musicien, et qui mérite d'être distinguée dans la foule de ces notnbreux ouvrages.

L'auteur des paroles a conduit sagement son drame : son dialogue est assez juste, ses situations sont traitées avec art : c'est dommage qu'elles ne soient pas plus neuves. La scène où Alamon se découvre et brave le pirate, est frappante ; mais déjà fort connue. Il est étonnant que le pirate ne fasse pas d'abord justice du prince qu'il a déjà surpris sous le déguisement de garçon jardinier, cherchant à lui débaucher sa maîtresse : c'est la mêmefaute que celle de Mahomet qui. trouvant la nuit un amant chez sa belle, ne se sert point du poignard, et se contente d'un décret d'arrestation. Le parterre n'a point approuvé que le maitre jardinier exhortât son prince à chanter pour se consoler, et lui donnât l'exemple en chantant lui-même un petit pont-neuf. La musique est souvent déplacée au théâtre. Il est contre toute convenance que lorsqu'on annonce l'invasion des pirates, le prince, le vieux guerrier Emond, et tout le monde, restent à chanter sur la scène au lieu de courir à l'ennemi, et préfère au salut de la ville l'obligation d'achever le morceau d'ensemble. Ce ridicule très fréquent me fait souvent maudire la musique qui arrête l'action théâtrale et blesse toutes les convenances.

Paul s'est fait beaucoup d'honneur dans le rôle du prince ; il joue et chante avec beaucoup d'ame. Mad. Boulanger représente Amide ; cette actrice a de l'aisance, du naturel et de la grâce ; elle chante et joue avec beaucoup de goût et de sensibilité ; ce n'est pas son genre ; mais avec son talent on n'est déplacé nulle part, depuis Colombine jusqu'aux princesses. Mad. Boulanger est, à ce théâtre, une des dernières venues . Elle n'a le droit de rien refuser ; ce seroit de sa part une mauvaise politique de ne pas accepter tous les rôles qui se présentent. Un temps vient où l'on peut choisir. Elle s'est prêtée à l'intérêt de la pièce, du théâtre et des auteurs ; elle a fait plaisir aux spectateurs ; et en ne faisant que son devoir, elle a obligé tout le monde ; les bonnes actions ne sont pas toujours si heureuses. Chenard a la dureté et la brusquerie convenables à un pirate ; les airs qu'il chante ont eu peu d'effet. Lesage remplit d'une manière très plaisante et très comique son personnage d'intendant des plaisirs du prince. La pièce est bien exécutée ; et, si l'on en juge par l'accueil qu'elle a reçue à la première représentation, le public se fera un devoir de rembourser aux acteurs les frais assez considérables qu'ils ont faits pour piquer sa curiosité et flatter ses sens.

Mercure de France, tome cinquante-quatrième (janvier à mars 1813), n° DCX (samedi 27 Mars 1813), p. 604 :

[Dans un article évoquant l’actualité du théâtre Feydeau, le rédacteur évoque le départ d'Elleviou, un des acteurs essentiels de ce théâtre, et souligne le besoin de renouvellement de l'Opéra-Comique :]

Depuis le départ d'Elleviou on a représenté deux ouvrages : le Séjour militaire et le Prince de Catane. Nous avons rendu compte du premier ouvrage. Le second, annoncé avec fracas, ne me paraît pas destiné à une longue existence, malgré ses trois actes, les ballets, les décorations et le nom du compositeur. M. Nicolo travaille beaucoup trop ; sa musique du Prince de Catane, offre encore des défauts qu'on a déjà eu occasion de lui reprocher ; avec quelques chants gracieux, on y trouve des accompagnemens trop bruyans et de fréquentes réminiscences.

Il me resterait à faire connaître l'intrigue du Prince de Catane, mais Voltaire s'est chargé de ce soin : l'opéra nouveau n'est autre que le conte charmant de l'Education d'un Prince, dialogué et étendu en trois actes ; je crois donc pouvoir me dispenser de parler du poëme, qui est de M. Castel.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 18e année, 1813, tome II, p. 207-208 :

[L’opéra est inspiré d’un conte de Voltaire, et le compte rendu résume son intrigue en quelques lignes, avant de souligner combien elle est peu originale. Ce qui a sauvé l’opéra, c’est la musique, dont deux morceaux (deux seulement !) « méritent d’être entendus », et ce sont les décorations. Bilan assez mince, même si deux des acteurs sont cités favorablement.]

Le Prince de Catane, opéra comique en trois actes, joué le 4 mars.

Un conte de Voltaire, l’Education d'un Prince, a fourni le sujet du nouvel opéra. Alamon, prince de Catane, dirigé par des conseillers ignorans, s'endort dans la mollesse. Emon, son vieux Mentor, Amine, sa jeune maîtresse, lui font entendre vainement la voix de l'honneur ; Alamon est insensible à leurs remontrances, un moraliste plus pressant se présente, c'est Abdalla, chef de pirates, qui vient de s'emparer de Catane. Alamon, réduit à fuir, se cache dans ses propres jardins. Là, il est témoin des fêtes qu'Abdalla, soudainement épris d'Amine, lui fait donner. Il est reconnu et jeté dans les fers. Cependant l'adroite maîtresse ménage des intelligences secrètes avec Emon, elle feint de céder aux vœux du pirate, et, tandis qu'il s'endort à son tour au milieu des danses et des plaisirs, Alamon et ses guerriers fondent sur lui et le renvoyent à ses vaisseaux.

Cette analyse annonce peu d'originalité dans le poème ; heureusement il y en a beaucoup plus dans la musique, peut-être même plus encore dans les décorations : ces deux sauveurs ont décidé le succès de l'ouvrage. Le final du premier acte et la romance du prince de Catane méritent d'être entendus.

Paul s'est distingué dans le rôle du prince, par sa noblesse et sa sensibilité. Chenard a fort bien joué le pirate.

Les auteurs demandés et nommés, sont M. Castel, pour les paroles ; et, pour la musique, M. Nicolo.

À l'occasion du compte rendu d'un autre opéra, les Deux Jaloux, une petite pique contre le Prince de Catane, qui n'a pas plu au rédacteur de l'Esprit des journaux français et étrangers, année 1813, tome V, mai 1813, p. 274 :

Il semble qu'une divinité secourable se fasse un devoir de consoler les sociétaires de Feydeau d'avoir joué le Prince de Catane, et nous d'avoir vu. Depuis la triste apparition de ce malheureux prince, voici trois nouveautés qui ont su se faire applaudir sans l'assistance du tailleur, du décorateur et du fournisseur de lampions.

 

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