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Les Amans du Pont-aux-Biches ou la Place publique

Les Amans du Pont-aux-Biches ou la Place publique, vaudeville poissard en un acte et en prose, de Jean-Baptiste-Louis Camel, 16 octobre 1806.

Théâtre de la Gaîté.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Quoy, 1806 :

Les Amans du Pont-aux-Biches ou la Place publique, vaudeville poissard en un acte et en prose. Par L. Camel. Représenté pour la première fois à Paris, sur le Théâtre de la Gaieté, le 16 octobre 1806.

Sous la liste des personnages :

Nota. Pour faciliter les troupes de province à jouer cette pièce, les directeurs ou sociétaires, peuvent se servir, au lieu du Pont-Aux-Biches, de la dénomination d'une place quelconque.

Courrier des spectacles, n° 3559 du 18 octobre 1806, p. 2 :

[L'apparition d'une pièce poissarde, genre en déclin, est l'occasion pour le critique de se pencher sur un genre victime de son créateur, Vadé, si prolifique, qui « en a épuisé toutes les beautés ». Et comme les poissardes ne se renouvellent pas, il ne reste que peu à glaner. L'auteur de la pièce du jour a su obtenir « les suffrages du parterre et des secondes loges », le public des connaisseurs. La pièce, dont le fonds est « fort léger », ne vaut que par « un assortiment complet d'expressions de genre » qui font beaucoup rire, et « quelques couplets […] assez bien tournés ». L'intrigue est simple : une confusion de lettres d'amour amène à la brouille dans les couples, qui se réconcilient bien vite, après que les dames ont gentiment rossé leur bien aimé. La pièce est bien jouée, et un des rôles est tenu par l'auteur, M. Camel.]

Théâtre de la Gaîté.

Les Amans du Pont-aux-Biches.

Le genre poissard est , depuis quelque tems, un peu abandonné ; Vadé, en le créant, en a épuisé toutes les beautés. Le langage des halles n’est pas comme celui des salons ; il n’est guères sujet à la mode. Les mœurs y sont aussi plus fixes. Une poissarde s’habille, parle, et vit aujourd’hui comme vivoient les poissardes ses ayeules. Ceux qui peuvent étudier au milieu des légumes, de la marée et des boucheries, étndier les tableaux que leur offrent les habitans de ces lieux, n’ont qu’un petit nombre fixe de traits à saisir ; les scènes se succèdent, mais ne changent point. Vadé à beaucoup amusé autrefois une certaine classe de spectateurs et de lecteurs ; c’est l’Homère, le Corneille du genre. Après lui il seroit difficile de se flatter d’une haute renommée. Cependant il reste encore quelque chose aux glaneurs. L’auteur du vaudeville nouveau, a recueilli avec soin les épis laissés devant lui ; et comme il a eu les suffrages du parterre et des secondes loges, il peut se flatter d’avoir réussi auprès des vrais connoisseurs.

Cette pièce brille sur-tout par un assortiment complet d'expressions de genre, dont le débit a excité de frequens éclats de rire ; quelques couplets sont aussi assez bien tournés ; le fonds de l’ouvrage est d’ailleurs fort léger. La scène se passe sur le Pont-aux-Biches.

Fanfaron, la coqueluche, le Lovelace du quartier, aime Thérèse la bouquetière, et Mignonet le chifonnier ressent une vive passion pour Joséphine l’écaillere. Les deux amans s’adressent à l’écrivain public, qui du fond de son tonneau, promet de leur rédiger une déclaration dans toutes les formes ; mais le bonhomme se trompe en mettant l’adresse sur les poulets : On glisse dans le pannier de Thérèse le billet destiné à Joséphine, et Joséphine reçoit celui de Thérèse. La méprise produit beaucoup de tumulte. Les deux déesses croient leur amant infidèle. On pense bien que ce n’est pas en vaines paroles qu’elles exhalent leur vengeance. Les épaules de Fanfaron et de Mignonet éprouvent la pesanteur de deux bras vigoureux et irrités. Enfin l’Ecrivain sort du cabaret, et sa puissante médiation rend le calme aux flots agités ; il explique l’erreur ; les deux couples se réconcilient, et la noce est remise au lendemain.

Cette pièce est jouée d’une manière agréable ; les acteurs se sont bien acquittés de leur emploi ; l’un des rôles étoit rempli par l’auteur même de ce vaudeville, M Carmel.

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