Elzamir Bénascar et Bénascar Elzamir

Elzamir Bénascar et Bénascar Elzamir, mélodrame féerie en trois actes, d'Alexandre Bernos et A. Montferrier, créé sur le Théâtre de l'Ambigu-Comique, 5 janvier 1814.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris chez Barba, 1814 :

Elzamir Bénascar et Bénascar Elzamir, mélodrame féerie en trois actes, par MM. Alexandre Bernos et M***. Musique de MM. Quaisain et Lanusse ; Ballet de M. Millot. Représenté, pour la première fois, sur le Théâtre de l'Ambigu-comique, le 5 janvier 1814.

Le nom de l'auteur anonyme, Montferrier, a été ajouté à la plume.

Journal de Paris, n° 6 du 6 janvier 1814, p. 3-4 :

[Après des généralités sur le mélodrame dont les ressources sont immenses, entre modèles proposés par les théâtres étrangers et imagination féconde des auteurs, entre histoire de tous les temps, mythologies et même la féerie dont l'Orient fourn it tant de possibilités), le critique résume une action qui repose sur une double transformation, les deux frères Elzamir et Bénascar échangeant leur aspect, mais pas leur caractère – l'un est bon, l'autre méchant) tout comme leurs confidents. De telles métamorphoses sont bien sûr propices à bien des rebondissements comme on les aime dans les mélodrames. Le méchant tente de séduire la femme de son frère, sans y parvenir, il tnete même de le pousser à se tuer, mais tout finit par s'arranger, sauf pour ce méchant qui « reçoit le prix de ses forfaits ». La représentation a bien commencé, le premier acte ayant produit beaucoup d'effet par son décor comme par son ballet. Mais le public s'est vite lassé des perpétuelles transformations qui constituent l'action, mais « les marques d'improbation » n'ont pas empêché qu'on nomme les auteurs : Bernos, les deux musiciens dont l'ouverture a beaucoup plu, et l'auteur du divertissement. Il ne sera pourtant pas facile de « corriger le défaut » d'un tel ouvrage, parce qu'il tient au sujet même, et s'il reste à l'affiche il le devra aux décors, aux costumes et au jeu de « quelques acteurs ».]

THÉATRE DE L'AMBIGU-COMIQUE.

Première représent. d'Elzamir-Bénascar et Bénascar-Elzamir,
mélodrame-féerie en trois acles.

Que le domaine du mélodrame est vaste ! Sans parler des ressources que lui offrent les théâtres étrangers, ni de la mine cent fois plus fertile que trouvent dans leur imagination les auteurs qui lui ont consacré leur plume, le mélodrame exploite tour-à-tour l'histoire de tous les temps et de tous les pays, et les fables consacrées par les diverses mythologies. S'il se trouvé trop resserré dans ces limites déjà si étendues, il peut, à son gré, s'élancer dans les champs de la féerie, et alors son empire ne connaît plus de bornes,

L'Orient a toujours été le séjour favori des génies, des dives et autres intelligences supérieures. C'est dans cette contrée magique que l'auteur du nouveau mélodrame a choisi Nadir et Giaour, dont la lutte produit les divers événemens merveilleux qu'ont [sic] a présentés hier aux spectateurs de l'Ambigu.

Elzamir et Bénascar sont frères, et tous deux califes de Bagdad : le premier est vertueux, aimé d'une princesse charmante, nommée Alphiris, et protégé par le bon génie Nadir, roi des Péris, que l'on ne connait que sous le nom de Narsès. premier icoglan du calife ; le second, méchant, et haï d'Alphiris qu'il aime, se vend au farouche Giaour, prince des Dives, qui lui accorde la faculté de prendre la figure de son frère en lui donnant la sienne. Kaleb et Babalouck, les confidens des deux princes, subissent entre eux la même métamorphose ; dès que Benascar devient Elzamir (du moins extérieurement), le vieux Babalouck prend les traits de Kaleb, et en profite auprès de Zelica, esclave d'Alphiris. Ces diverses transformations font le sujet et le comique de ces nouveaux Ménechmes.

Sous la figure d'Elzamir, Bénascar le rend odieux à la princesse, mais Nadir lui découvre la ruse, et elle consent à fuir avec son amant. Que m'importe sa figure, dit-elle, si son cœur est toujours le même ? Au moment même où ils vont partir, ils sont arrêtés et conduits en prison. Nadir brise ses chaines et celles de Kaleb, ouvre les cachots, rend immobile et muet Babalouck qui veut appeler les gardes. Benascar, sachant que son bonheur est assuré, s'il parvient à engager Elzamir à se donner la mort, prend la ressemblance du visir Horam, dévoué à Elzamir, et annonce à ce prince qu'Alphiris s'est tuée ; il lui présente le poignard qu'elle s'est plongée dans le cœur. Elzamir s'en empare et va se percer le sein..... Une voix l'arrête, c'est celle de la princesse. La nouvelle fourberie de Bénascar est reconnue, et ce méchant, que son génie abandonne, reçoit le prix de ses forfaits.

Le premier acte, qui offre un décors d'un bel effet et un ballet très-agréable avait reçu un accueil qui paraissait du meilleur augure pour les deux autres ; mais la chance a tourné. Le public, qui n'avait pas tout-à-fait tort, ne s'est pas prêté à l'illusion des doubles transformations ; les marques d'improbation n'ont cependant pas été assez fortes pour empêcher l'auteur d'être demandé et nommé ; c'est M. Bernos. La musique est de MM. Lanusse et Quaisain ; l'ouverture, qui est d'un caractère original, a été fort applaudie. M. Millot a composé le divertissement.

Il sera difficile à M. Bernos de corriger le défaut qui a nui au succès de son ouvrage, puisqu'il tient essentiellement au fond du sujet ; mais le soin avec lequel il est monté, l'élégance des costumes et le jeu de quelques acteurs, suffiront sans doute pour lui procurer encore un certain nombre de représentations.

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