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Les Français à Cythère

Les Français à Cythère, comédie en un acte en prose, mêlée de vaudevilles, de Chazet, Dupaty et Creusé de Lesser. 27 ventôse an 6 (17 mars 1798)

Théâtre du Vaudeville

Titre :

Français à Cythère (les)

Genre

comédie mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

27 ventôse an 6 (17 mars 1798)

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Chazet, Dupaty et Creusé de Lesser

Almanach des Muses.

Les Français, dans le cours de leurs conquêtes, arrivent à Cythère ; et là, tout comme ailleurs, ils font la guerre aux maris et aux tuteurs. Cythère aura aussi une nouvelle constitution, et une assemblée législative, dont le Plaisir sera le président, l'Espérance et le Desir les secrétaires, et le Mystère l'archiviste, etc.

Des idées ingénieuses et des tableaux agréables.

Bagatelle qui a réussi.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, au Théâtre du Vaudeville, an VI (1798, v. st.)

Les Français à Cythère, comédie en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles. Représentée pour la première fois, sur le Théâtre du Vaudeville, le 27 Ventôse, an 6, (Samedi 17 Mars 1798, v. st.) Par les CC. Chazet, Creuzé et Emmanuel Dupaty.

Courrier des spectacles, n° 390 du 28 ventôse an 6 (18 mars 1798), p. 4 :

Théâtre du Vaudeville.

Le divertissement donné hier sous le titre des Français à Cythère, suivi de la Constitution des Amours, a eu le succès le plus brillant et le mieux mérité. Le défaut d’espace me force à remettre à demain l'analyse et quelques couplets fort délicats qui ont été très applaudis. On a demandé les auteurs, ce sont les cit. Creuzet, Chazet et Dupaty, auteurs de la Petite Métromanie et d'Arlequin journaliste.

Courrier des spectacles, n° 391 du 29 ventôse an 6 (19 mars 1798), p. 2-3 :

[La pièce a donc connu un vif succès, et le critique doit à ses lecteurs une véritable analyse, promise la veille à ses lecteurs. Il l’ouvre de façon classique par le couplet d’annonce de la pièce. Il donne ensuite le résumé de l’intrigue, qui ressemble beaucoup à une farce : un tuteur qui veut épouser sa pupille, qui lui préfère bien sûr un bel officier français débarqué récemment sur l’île de Cythère, tuteur qu’il s’agit de tromper, ce qui ne sera pas exagérément difficile. On a bien les ingrédients d’une farce plus que d’une pièce historique ou politique : une suivante servant d’interprète entre les deux amants qui ne peuvent se voir, séparés qu’ils sont par un mur, un amant perché sur un arbre que le tuteur fait abattre, le tuteur qui grimpe à l’échelle pour enfermer sa pupille, et se retrouve finalement prisonnier, les maris arrivant pour venir au secours du tuteur, et que la vue d’un pistolet suffit à calmer. Le tuteur accepte de renoncer à sa pupille qui peut épouser son amamnt. La fin de la pièce consiste à introduire un vaudeville qui prend la forme d’une Constitution des Amours apportée par une dame française. Le critique nous en cite un couplet « saillant ». La pièce est jugée riche en couplets « faits avec beaucoup de délicatesse », et il en donne quelques exemples. Sinon, la scène de l’interprète est jugée être une situation neuve (pour une fois, il ne s’agit pas pour la suivante de réconcilier les amants !). Un petit conseil aux auteurs pour conclure : faire « disparoître quelques plaisanteries un peu lestes » : il s’agit de respecter les chastes oreilles des spectatrices, sans doute.]

Théâtre du Vaudeville.

J’ai dit hier que le vaudeville des Français à Cythère avoit eu le plus brillant succès, je vais en donner l’analyse. Voici d'abord le couplet d'annonce qui a été redemandé :

Air : Vaudeville d'Arlequin Afficheur.

    De Cythère à ce pays-ci
    Vraiment l’intervalle est immense ;
    Mais les grâces qui sont ici
    En ont rapproché la distance.
    Si nous y ramenons les ris,
    Réalisant notre chimère,
    Vous serez vous-mêmes à Paris
            Les Français à Cythère.

La scène est à Cerigo, autrefois Cythère, isle cédée à la France par le traité de Campo-Formio. Arganti, vieux tuteur, tient Zélie ; sa pupille dans la plus étroite captivité, ne pouvant la rendre sensible, il la rend malheureuse. L’arrivée d’un détachement de troupes Françaises redouble la vigilance du vieil Argus ; il convoque les maris les plus hupés de Cythère, leur fait part des dangers qu’ils vont courir, leur recommande surveillance et courage, et se rend chez le commandant Français. Cependant Ferville, officier des Hussards, qui a vu Zélie la veille, arrive à la grille du jardin ; elle est fermée ; il ne peut ni voir, ni entretenir sa maîtresse ; Elise, suivante de Zélie, leur sert d’interprète, et allant de l’un à l’autre, elle transmet la déclaration réciproque. Fierville désolé de ne pas voir celle qu’il aime, monte sur un arbre du jardin ; dans ce moment le tuteur revient furieux du tour qu’on lui a joué, en le forçant à se rendre chez le commandant Français qui ne le demandoit pas, il conçoit des soupçons plus forts ; et pour en détourner l’effet, il se décide à faire abattre l’arbre du jardin qui est le plus favorable aux escalades des amans, Fierville reste toujours dessus ; des ouvriers viennent jetter l’arbre à bas ; il s’ébranle, se panche sur le mur ; Fierville se pend à son écharpe et saute de l’autre côté. Le tuteur revient plus en colère que jamais ; il a trouvé l’écbarpe d’un Français, il craint une infidélité de sa pupille, et veut la priver du peu de liberté qui lui reste ; il monte par une échelle à sa fenêtre, dont il cloue les barreaux; pendant ce tems, Fierville caché dans un bosquet voisin, approche doucement, ouvre la porte et fait sortir Zélie et sa suivante. Arganti qui s’attendoit à de grands cris de la part de sa pupille, est étonnée qu’elle se laisse enfermer sans rien dire ; il entre pour la surprendre, Fierville monte rapidement à l’échelle, ferme les barreaux sur le tuteur, les cloue pour plus de sûreté, et se dispose à fuir avec Zélie, lorsque les maris arrivent et veulent délivrer leur confrère. Six contre un, ils veulent signaler leur courage, mais Fierville leur montre un pistolet qui arrête leur bravoure.

Les soldats Français débarquent de tous côtés ; une dame Française, parente de Fierville, arrive pour proposer des loix aux Cythéréens ; Arganti, toujours enfermé, obtient sa liberté, à condition qu’il consentira au mariage de Zélie et de Fierville. Tous les habitans de Cythère acceptent la Constitution des Amours que la dame Française vient de soumettre à leur examen. Voici un des couplets les plus saillans, et qu’on a fait répéter :

Air : Cet arbre arrivé de Provence.

Pour guide on aura la constance,
Et pour conseiller le bonheur,
Pour interprète le silence,
Le sentiment pour précepteur.
Pour la charge de secrétaire,
Ou l’esperance, ou le desir,
Pour archiviste le mystère,
Et pour président le plaisir.

Cet ouvrage est rempli de couplets faits avec beaucoup de délicatesse. C’est la véritable galanterie Française. J’en citerai deux que le public a redemandés :

L’un est chanté par Élise au sujet du débarquement des Français :

Air : Tarare Pompon.

Ils sont mouillés tout près
Au bout de la jettée,
Et quand l’ancre est jettée,
On est sûr des succès.

Arganti lui répond :

Ma bonne amie à Cythère
    Même étant sur la plage
    Près de toucher le bord,
    Souvent on fait naufrage
                Au port.

Dans le moment que Fiervillle est sur l’arbre, Élise dit à Arganti :

Air: Regards vifs et joli maintien.

C’est en vain qu’un audacieux
Bien au-dessus de vous s’élève,
Au plus leste des amoureux
Vous ne laissez repos ni trêve ;
Il veut fuir, resté près de nous
D’un côté, puis de l’autre il penche,
Enfin l’amant auprès de vous,
Craignant, bravant votre courroux,
Est comme l'oiseau (bis) sur la branche.

On a aussi beaucoup applaudi au moment où Élise sert d’interprète aux deux amans. Cette situation m’a semblé neuve ; il est à présumer que les auteurs de ce charmant ouvrage feront disparoltre quelques plaisanteries un peu lestes, et très-souvent répétées dans le rôle de Cornaro , l’un des six maris dont il est parlé dans cet ouvrage.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 3e année, 1798, tome VI, p. 566 :

[La brochure présentée ici est une autre pièce, due à un dénommé Louis-Germain Petitain (1765-1820) et qui n’a pas été représentée. C’est l'œuvre de Louis-G. Petitain, que la base César confond avec la pièce de Chazet, Creusé de Leser et Dupaty, qu’elle ignore.]

THÉATRE.

Les Français à Cythère, comédie héroïque en un acte en prose, mêlée de chants, non représentée. Paris, Honnert , rue du Colombier. . An VI , 1798 , brochée, in-12.

La pièce a été représentée 29 fois, du 17 mars 1798 au 22 janvier 1799, sur le Théâtre du Vaudeville.

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