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Les Hableurs

Les Hableurs, suite de M. de Crac, comédie en un acte et en vers de Dégligny, 3 frimaire an 8 (24 novembre 1799)

Théâtre lyrique de la rue Feydeau.

Titre :

Hableurs (les), suite de M. de Crac

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en vers

Musique :

non

Date de création :

3 frimaire an VIII (24 novembre 1799)

Théâtre :

Théâtre Lyrique de la rue Feydeau

Auteur(s) des paroles :

Dégligny

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Huet, chez Martinet, chez Hugelet, an VIII :

Les Hableurs, suite de M. de Crac. Comédie en un acte et en vers ; Par le Citoyen Dégligny. Représentée, pour la première fois, sur le Théâtre Feydeau, par les Comédiens-Sociétaires de l’Odéon, Le 3 Frimaire, an 8 de la République française.

Courrier des spectacles, n° 996 du 4 frimaire an 8 [25 novembre 1799], p. 2 :

[Le début de l’article développe une argumentation assez curieuse : cette nouvelle pièce, dont le titre est un peu fluctuant (« suite de M. de Crac » pour la brochure et « l’autre Crac » pour le critique : ce n’est pas tout à fait la même chose), serait bien faible et dénuée d’intérêt si elle était d’un véritable auteur, mais comme elle est d’un acteur du théâtre, on lui trouvera un « style agréable, ingénieux et souvent comique ». L’auteur sera même nommé. L’analyse résume une intrigue classique (comment tromper un père qui refuse de laisser son fils épouser une jeune femme sans fortune) qui s’achève par le mariage attendu, échangé contre l’annulation des dettes du père. Pas de jugement ensuite, sinon pour citer deux acteurs qui ont bien rendu leur rôle.]

Théâtre Feydeau.

Si la pièce jouée hier à ce théâtre, sous le titre des Hableurs, ou l’autre Crac, annonçoit de la prétention de la part de son auteur, la critique pourroit s’éveiller et remarquer que le plan de cette petite comédie est extrêmement foible, et ne présente point d’intérêt ; mais quand on pense que c’est l’ouvrage d’un acteur justement aimé du public, et encore plus de ceux qui ont eu occasion, en causant avec lui, de lui reconnoître de l'instruction et du goût, on se plaît à applaudir au style agréable, ingénieux et souvent comique, qui règne dans la bluette qui a mérité des applaudissemens au cit. Dégligny. Il a été demandé et présenté au public par son camarade le cit. Vigny.

Tirlac aime Elise, jeune orpheline sans fortune, et pour l’épouser, il a besoin d’obtenir le consentement du baron de Crac, son propre père : celui-ci, quoique poursuivi par ses créanciers, qu’il a toujours jusqu’à ce moment sçu payer en monnoie de gascon, n’en est pas moins fier et ne veut pas se mésallier. Tirlac, pour le tromper, fait jouer à un valet le rôle d’un neveu du Pape, qui vient solliciter pour sa fille l’alliance de l’illustre maison de Crac. Le Baron, qui trouve dans cette occasion matière à soutenir la réputation des habitans des bords de la Garonne, est disposé à épouser la fille du neveu du Pape : mais quand il apprend que c’est son fils que l’on voudroit lui donner pour époux, il est moins disposé à conclure, et ne cède que parce que, pressé par ses créanciers, qui viennent assaillir son château, il trouve dans son consentement moyen de les faire payer.

Cette pièce est agréablement rendue parle cit. Picard, jouant le baron de Crac, et le citoyen Vigny, faisant le rôle du neveu du Pape.

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-neuvième année, tome III, frimaire an 8 [novembre 1799], p. 208-209 :

[L’intrigue repose sur le vieux « truc » du valet déguisé, qui trompe le père de son jeune maître. Le critique ne peut que constater que cette pièce, suite d’une pièce très célèbre, Monsieur de Crac, bien écrite, a un plan faible et une originalité limitée. L’auteur est « fait pour écrire la bonne comédie » (mais, apparemment, ce n’est pas le cas pour cette pièce). Les acteurs (dont l’auteur fait partie) ont joué « convenablement », adverbe qui n’est peut-être pas vraiment un compliment.]

Les Hableurs, comédie en un acte & en vers.

Dirlac, fils du baron de Crac, aime une jeune orpheline sans bien & sans naissance, & ne peut en devenir l'époux, parce que le baron veut pour bru une femme noble & opulente. Ce baron de Crac, accablé de dettes & menacé d'être mis en prison, ne sait à quel saint se vouer ; il consulte son fils qui profite de la circonstance pour le rendre dupe d'un stratagême. Le valet de Dirlac, passé maître dans l'art de l'intrigue, revêt des habits de cour, se fait annoncer sous le nom de Mancini, noble italien, & paroît aux yeux de Crac, accompagné de la jeune Elise, qu'il a soin d'appeler sa fille. Crac, séduit par des apparences qui flattent sa vanité, s'efforce de plaire aux deux étrangers, par le récit de ses exploits guerriers, & par l'histoire mensongère de ses ancêtres ; il va même jusqu'à demander pour lui la main d'Elise ; mais le prétendu noble italien ne veut pour gendre qu'un jeune-homme, & le baron se refuse à proposer son fils. Cependant une troupe de créanciers & de recors entre précipitamment, & le pauvre Crac va être arrêté ; Mancini paie alors pour lui, mais à condition qu'Elise épousera Dirlac ; la ruse se découvre ; Crac, d'abord surpris & courroucé, finit bientôt par s'appaiser, & les deux amans sont unis.

Telle est la marche de la pièce. C'est une suite du M. de Crac, de Colin d'Harleville ; elle nous a paru bien écrite, la versification en est pure & facile ; il y a dans le dialogue de bonnes plaisanteries & des intentions comiques ; mais il nous semble que le plan en est foible, que les moyens de l'intrigue sont trop connus au théâtre, & que le rôle du valet déguisé n'offre pas tous les développemens & toute la gaieté que l'auteur eût pu lui donner ; quoi qu'il en soit, c'est l'ouvrage d'un homme fait pour écrire la bonne comédie, & le charme de son style peut dédommager de l'imperfection de son canevas.

On a demandé l'auteur , & il a paru ; c'est le C. Déglini, sociétaire du théâtre de l'Odéon ; les divers rôles de la pièce sont remplis convenablement par lui même, & par le C. Picard, Devigni & Barbier ; ainsi que par les citoyennes Monvel & Clément.

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