La Maison murée

La Maison murée, mélodrame en 3 actes, à grand spectacle, de Duperche, musique de Quaisain, ballets de Richard, 6 mars 1806.

Théâtre de l'Ambigu-Comique.

Courrier des spectacles, n° 3321 du 8 mars 1806, p. 2 :

[La création de la Maison murée s'est mal passée, et le critique pense qu'elle ne pourra survivre qu'au prix e beaucoup de corrections. L'intrigue est un rassemblement de tout ce qu'on trouve dans tous les mélodrames : une rivalité entre deux frères qui provoque une série de vengeances de la part de celui des frères qui s'estime lésée. L'intrigue entraîne le public dans une série de rebondissements dont le critique ne met pas en cause la vraisemblance, ce qu'il aurait pu faire. De rebondissement en rebondissement, de coup de théâtre en coup de théâtre, on suit les aventures d'un couple de jeunes gens, qui connaissent la prison, le complot contre eux, jusqu'à ce que la trahison opportune d'un ennemi les sauve, et jette en prison leur odieux persécuteur. Le bilan de cette première n'est toutefois pas entièrement négatif : si elle s'est mal passée, il ne faut pas condamner complètement la pièce, qui peut trouver dans des coupures et « des corrections utiles et nécessaires » « plus de rapidité, plus d'intérêt » : la pièce peut avoir encore quelques représentations, d'autant que « le ballet du second acte », dû à Richard est « un des plus agréables que l'on voie à ce théâtre » (mais seulement à ce théâtre...).]

Théâtre de l'Ambigu-Comique.

La Maison Murée.

Cette maison est d’une mauvaise construction. Elle n’a pu tenir contre les sifflets, et s’est écroulée comme les murs de Jéricho ; tous les efforts des .acteurs ont été inutiles. Ni les jolis pas de Mlle. Ste.-Marie , ni les sons charmans de sa guitare n’ont pu conjurer l’orage et calmer le tumulte ; il faudra réparer bien des brèches si l’on veut que l’édifice se soutienne. En voici à-peu-près le plan :

Un baron Sicilien nommé Altiéri, nourrissant dans son cœur une vengeance profonde contre un frère qui lui a ravi autrefois la possession de ses biens et de son amante, fait enlever Clémentine, que recherche en mariage le Comte Altiéri, fils de son frère, et par-là attire ce jeune homme dans un château où il passe pour le marquis de Mendoccini, et- pour le père de Clémentine. Son dessein est de s’assurer de la personne de son neveu, et de le faire partir secrettemeut sur un vaisseau pour une des Colonies de la mer du Sud. C’est le soir même que le projet doit être exécuté ; il a fait venir et associé à ses desseins une troupe de Bohémiens dont le chef lui paroît propre à le seconder, mais le complot est découvert par Clémentine et par la Duègne qui garde le château ; elles parviennent à en instruire le jeune Comte qui, de concert avec son valet, s’échappe par une porte secrette dont ce dernier a su se procurer la clef ; mais l’issue qu’ils choisissent conduit précisément à une maison murée de toutes parts, et qui servoit autrefois de place d’armes au château ; ils se trouvent de nouveau prisonniers, se cachent dans un arbre pour se dérober aux poursuites du Baron, parviennent à faire évader Clémentine d’une tour où elle a été renfermée ; mais le Baron accourt et veut les arrêter. Clémentine et la Duègne s’arment de fusils et de pistolets ; le jeune Comte et son valet se disposent à vendre chèrement leur vie, lorsque tout à-coup le chef des Bohémiens se découvre. Il a dû autrefois la vie au valet du Comte, il s’acquitte de sa dette en se rangeant de son parti ; et le Baron abandonné de ses gens, va expier ses crimes au fond d’un cachot.

Quoique ce mélodrame n’ait pas obtenu à la première représentation tout le succès qu’on eu attendoit, il ne s'en suit pas que ce soit un ouvrage condamné sans retour. De sages cou pures dans le dialogue, des corrections utiles et nécessaires dans le style lui donneront plus de rapidité, plus d’intérêt, et lui procureront, .si non un grand succès, du moins quelques représentations de plus. Le ballet du second acte est un des plus agréables que l’on voie à ce théâtre ; il est de la composition de M. Richard.

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