Monsieur de Crac en son petit castel, ou les Gascons

Monsieur de Crac en son petit castel, ou les Gascons , comédie en un acte en vers, avec un vaudeville et un divertissement, de Collin d’Harleville, 4 mars 1791.

Théâtre de la Nation.

On trouve aussi comme titre Monsieur de Crac dans son petit castel, ou les Gascons.

La pièce s'achève par un divertissement chanté.

Titre :

Monsieur de Crac en son petit castel, ou les Gascons

Genre

comédie

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

4 mars 1791

Théâtre :

Théâtre de la Nation

Auteur(s) des paroles :

M. Collin d’Harleville

Mercure de France, tome CXXXIX, n° 12 du samedi 19 mars 1791, p. 109-110 :

[Deuxième petite comédie nouvelle au Théâtre de la Nation, après le Mari directeur. Une intrigue assez vite analysée (encore un père qui ne reconnaît pas son fils, perdu de vue depuis son enfance, et qui profite de la situation, jusqu’à un dénouement aussi gai que le reste de la pièce (mais le critique ne révèle pas en quoi il consiste). La pièce mérite des éloges modérés : elle « rappelle la maniere charmante de l'Auteur », elle profite de coupures heureuses (la première représentation n’aurait donc pas été si heureuse...). Et elle est bien jouée, Dugazon contrefaisant admirablement l’accent gascon, un élément essentiel d’un certain comique du temps.]

Au milieu du grand succès que continue d'avoir la Liberté conquise [...], le Théatre de la Nation vient de donner successivement deux petites Comédies ; [...]

l.'autre Piece est intitulée M. de Crac dans son petit Castel, ou les Gascons. Ce M. de Crac est le plus grand hableur de la Gascogne. Son fils, qu'il n'a pas vu depuis son enfance, arrive au pays sans être connu, & s'amuse à renchérir sur tous les mensonges de son pere. Il s'amuse aussi à tourmenter l'Amant de sa sœur, de laquelle il feint d'être amoureux. La maniere dont il se fait connaître amene un dénouement aussi gai que le reste. Dans un cadre aussi borné, cette Piece rappelle la maniere charmante de l'Auteur, M. Collind'Harleville. L'acte avait paru un peu long à la premiere représentation : on y a fait à la seconde des coupures très-heureuses.

La Piece est fort bien jouée, M. Dugazon sur-tout, a saisi l'accent de la Garonne avec la plus grande perfection,

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1791, volume 4 (avril 1791), p. 348-351 :

[Le critique porte un jugement un peu condescendant sur la pièce : « une folie de carnaval », qu’on ne peut considérer comme une comédie. Il a beaucoup de griefs contre la pièce de Collin d’Harleville : image déplorable de la famille, « les longueurs de l'ouvrage & le peu de sel de certaines gasconnades ». Mais le public a ri... La pièce est très bien jouée, et l’auteur y a fait « des corrections très heureuses », améliorant en particulier le dénouement, désormais « mieux amené & plus comique ». Enfin, le critique suggère que l’auteur n’attache pas beaucoup de prix à cette pièce : il prépare une œuvre plus importante (le Vieux Célibataire sera joué un an plus tard.]

Le vendredi 4 mаrs, on a donné la premiere représentation de-M. de Crac dans son petit Castel, piece en un acte, en vers, de M. Collin-d'Harleville.

Il seroit injuste de juger à la rigueur une folie de carnaval dont le but est uniquement de faire rire : aussi nous nous garderons bien de regarder comme une comédie M. de Crac dans son petit Castel. Sous cet aspect, nous serions obligés de relever le peu de respect d'un fils qui s'amuse, tant qu'il peut, aux dépens de son pere, le peu de vertu d'une jeune personne qui cherche à captiver deux amans, l'invraisemblance d'un pere qui ne reconnoît pas son fils, les longueurs de l'ouvrage & le peu de sel de certaines gasconnades ; mais nous avons vu le public rire, nous avons ri nous-mêmes, & nous ne nous souvenons plus que de la gaîté & des traits de bon comique répandus dans cette piece : l'auteur paroît suivre beaucoup la Fontaine dans ses ouvrages, & c'est encore d'une de ses fables qu'il semble avoir tiré le sujet de M. de Crac.

M. de Crac est un houbereau [sic] gascon ; il a pour amis M. de Verdac, parasite & flatteur, & M. de Francheval qui aime sa fille. Son fils, absent depuis long-tems, vient de le délivrer des mains de quelques brigands ; & M. de Crac, qui ne le reconnoît pas, l'emmene dans son château pour augmenter sa pétite cottérie. Ce jeune homme, sous le nom de d'Irlac, s'appercevant que M. son pere ment à tous propos, veut se donner la comédie en enchérissant sur ses gasconnades ; ce qui amene des scenes très-plaisantes. M. de Crac va jusqu'à lui dire qu'il a un fils, favori du Russe, que le roi de Prusse lui a écrit à ce sujet des lettres qu'on ne verra jamais. D'Irlac riposte, en lui faisant une fable sur ce fils, qu'il dit être un autre lui-même ; enfin c'est à qui mentira le plus effrontément. Cependant Francheval est jaloux du jeune étranger, & sa fureur augmente en ce que M. de Crac, qui s'imagine que d'Irlac est un grand prince qui veut garder l'incognito, se décide à lui donner sa fille. Duel entre Francheval & d'Irlac ; & M. de Crac, qui lui prête

                                              L'épée
Avec laquelle, un jour,
César tua Pompée,

apprend bientôt que ce jeune homme est son fils, & donne sa fille à Francheval. La terre de M. de Crac, est un bien petit Castel, car son suisse, en parlant de sa chasse, lui dit :

Vous risquez de tirer sur la terre d'un autre,
Quand vous ne tirez pas du milieu de la votre.

Ces vers ont été fort applaudis, ainsi que tous les traits d'esprit & de gaîté qu'on rencontre à chaque pas dans cet ouvrage. M. Dugazon joue avec tout le comique qu'on lui connoît, le rôle de M. de Crac ; M. Saint-Fal met beaucoup de talent dans celui du fils ; & les autres rôles sont très-bien rendus par MM. Dazincourt, Dunant, Belmont, et par Mad. Petit. La piece est terminée par des couplets : on a fait répéter celui-ci : c'est M. de Crac qui le chante :

On se fait là bas une fête
De savoir le sort de ceci :
En tout cas, ma réponse est prête,
Je dirai que j'ai réussi.
Mon sort seroit digne d'envie,
Si vous ne disiez pas que non.
Alors une fois dans ma vie,
J'aurois dit vrai, quoique Gascon.

Depuis la premiere représentation, l'auteur a fait, à sa piece, des corrections très-heureuses. son dénouement est mieux amené & plus comique, & la piece attire toujours au spectacle un nombreux spectateur.

M. Collin d'Harleville n'attache pas sans doute beaucoup d'importance à cette production qui en précede une plus importante, plus digne de ses premiers ouvrages, & que nous croyons maintenant à l'étude.

D’après la base César, le titre complet est M. de Crac en se petit castel, ou les Gascons. La pièce a été jouée 26 fois au Théâtre de la Nation (11 fois en 1791, jusqu’au 6 avril ; 11 fois en 1792, du 3 mai au 20 décembre ; 3 fois en 1793, du 31 janvier au 21 mai, 1 fois le 28 mai 1797). Elle a aussi été jouée 3 fois au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles (en octobre et novembre 1792), 7 fois au Théâtre Feydeau (du 9 novembre 1795 au 2 novembre 1796 et du 6 juin au 27 août 1798), 1 fois au Théâtre Français de la rue de Richelieu le 26 novembre 1798.

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