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Pervonte, ou le Don des souhaits

Pervonte, ou le Don des souhaits, mélodrame-féerie en trois actes, à grand spectacle, d'Alexandre Bernos, musique de Lanusse, ballets de Hus le jeune, 25 vendémiaire an 14 [17 octobre 1805].

Théâtre de la Gaîté.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, 1805 :

Pervonte, ou le Don des souhaits, mélodrame féerie en trois actes, à grand spectacle. Paroles de M. A. B. Musique de M. J. Lanusse ; ballets de M. Hus, le jeune ; Mise en scène de Ribié ; Représenté, pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre de la Gaîté, le 25 Vendémiaire an 14 (17 octobre 1805).

Courrier des spectacles, n° 3190 du 26 vendémiaire an 14 [18 octobre 1805], p. 3 :

Pervonte , ou le Don des souhaits, a obtenu hier, au Théâtre de la Gaité, un succès très-brillant, qu’il doit, en grande partie, à la pompe du spectacle, à la richesse et à la variété des décorations. Sous ce rapport, ce mélodrame ne le cède à aucun de ce genre que l'on ait représenté jusqu’à ce jour.

Courrier des spectacles, n° 3191 du 27 vendémiaire an 14 [19 octobre 1805], p. 2-3 :

[La pièce a été précédée d'une campagne de promotion portant sur la richesse des décorations, la fraîcheur des costumes. l’élégance des ballets : pour tout ce qui est « matériel », le directeur du théâtre a tenu parole. On a là un des meilleurs mélodrames du Boulevard, si on ne tient pas compte des paroles. Le sujet repose sur le conte de Pervonte qui fournit les immenses possibilités de la féerie. Il s'agit d'un prince au cœur d'un conflit entre deux fées : l'une lui veut du mal, l'autre l'a doté du « don des souhaits ». Des souhaits du personnage découle une foule de rebondissements qui, comme on est dans un mélodrame, conduisent au mariage des héros. Pourtant ce mélodrame a son originalité : « ni combat à mort, ni marches d’armées, ni assaut de ville, ni incendies, ni coups de canon ». Mais les changements à vue des décors, le luxe des costumes et des décors ont enthousiasmé par le public. Non pas que la pièce soit sans défauts, plan, détails, dialogue, style. Elle doit pourtant attirer un vaste public. Les auteurs sont nommés.]

Théâtre de la Gaité.

Pervonte, ou le Don des souhaits.

On avoit annoncé cette pièce comme un nouveau chef-d’œuvre pour la richesse des décorations, la fraîcheur des costumes. l’élégance des ballets, et tout ce qui constitue la partie matérielle du spectacle.

M. Ribié a tenu tout ce qu’il avoit promis ; et si l’auteur des paroles eût été aussi heureux que lui, Pervonte.seroit un des plus magnifîques mèlodrames dont la Melpomène des Boulevards nous ait enrichis.

Le sujet de cette piece est tiré du conte de Pervonte ; il est tout en prestiges et en effets de féerie. Ce genre est très-commode pour les auteurs ; ils peuvent laisser jouer leur imagination à leur gré ; car .quelque soit l'embarras où ils se trouvent, ils ont toujours une fée, un génie, ou quelque divinité prêts à les tirer d’affaire.

Pervonte est le fils d’un prince d'Illyrie ; mais une méchante fée nommée Malvina l’enlève du palais de son père, et le transporte auprès de Salerne, sous la chaumière d’un paysan. Le petit prince, réduit à cultiver la terre, se console de sa disgrâce, en prodigant ses soins aux vieux et pauvres parens que le soit vient de lui donner. Mais au milieu de sa pauvreté il avoit conservé toute la fierté de son rang. Un jour qu’il passoit sous les balcons-du palais de Salerne, une jeune princesse se permit de lui adresser quelques epigrammes Pervonte y fut sensible, et pour s'en venger, il fit le vœu sur-le-champ que la Princesse devînt mère de deux enfans. Pour bien comprendre tout le mérite de cette vengeance, il faut savoir qu’une fée Florestine, ennemie de Malvina avoit donné au Prince d’Illyrie le don des souhaits, c'est-à dire, pour parler correctement, qu’elle s’étoit engagée à remplir tous ceux qu’il formeroit. Voilà donc la Princesse devenue mère et vierge tout-à-la-fois ; au tems percrit, elle accoucha de deux petits princes de Salerne qui s'élevèrent à merveille.

Le Roi avoit inutilement fait des recherches pour découvrir le gendre clandestin qui lui avoit procuré l'honneur d’être grand-pere ; ce mystère n’avoit jamais- pu s’expliquer. Un jour que Pervonte passoit de nouveau près du Palais, le-deux petites Altessses coururent après lui en le nommant Papa ; il eut beau s’en défendre, ils s’obstinèrent à lui conserver les titres de paternité, Qu’on juge de la colore du Prince quand il vit que sa fille avoit pour epoux un simple paysan. Il fit aussi-tôt prendre le père, la mère et les enfans, et les mil sur une barque à la merci des flots. Pervonte n'oublia pas alors sa bonne fée Florestine ; il forma, un souhait et la barque se trouva aussi-tôt changée en char magnifique qui s'élève dans les air» comme les ballons de M. Garnerin, et transporte toute la famille dans une îsle éloignée des états du Prince de Saverne [sic].

Rien n’est moins embarrassant que de se trouver seul dans une ile, quand il suffit de souhaiter pour voir 1es plus grands prodiges s'accomplir ; Pervonte fit donc de son île un séjour enchanteur ; mais il avoit à cœur de venger l’honneur de la princesse et de la justifier dans l’opinion de son père.

Il résolut donc de quitter incognito son île fortunée et de se rendre à Salerne. Il étout déjà rendu dans cette ville, lorsque la fée Malvina, fidèle à sa rancune, lui prépare un fort vilain tour. Elle enlève les deux enfans de la Princesse, les amène en un clin d’œil à Salerne, et les livre au Prince. Florestine s’apperçoit heureusement de ses mauvaises intentions  ; elle la suit à Salerne, avertit Pervonte, et pénètre avec lui jusqu'au fond du Palais. Pervonce fit alors bien voir qu'il ne faut pas juger les gens sur l’apparence ; il plaida la cause de la Princesse avec chaleur et éloquence, parla comme un Cicéron, et pour achever de convaincre le Prince, se transforma sur-le-champ en grand seigneur richement décoré, et se fit reconnoitre pour le Prince .d’Illyrie. La fée Malvina prit la fuite de dépit, et le prince de Salerne, devenu plus accommodant, tint à grand honneur d'avoir pour gendre un aussi grand personnage.

Tel est le sujet du nouveau mélodrame. Il n'y avoit ici ni combat à mort, ni marches d’armées, ni assaut de ville, ni incendies, ni coups de canon, mais il y a des changemens à vue qui s'exécutent avec une rapidité merveilleuse. Il y des ballets pleins de fraîcheur et de grâces où MM. Albert et Renzi, et Mlles. Michon et Adrienne font admirer leur souplesse et leur légèreté. Mais l'éclat des costumes et la pompe des décorations séduisent l'œil et transportent d'enthousîasme ceux qui aiment autant les plaisirs des sens que ceux de l’esprit ; la musique est agréable et expressive ; et si le sujet n’est pas toujours bien intéressant, s'il manque à la piece quelque chose du coté du plan, des détails, du dialogue et du style. la majesté du spectacle rachette ces défauts, et Pervonne doit nécessairement amener au Théâtre de la Gaîté un très-grand nombre de curieux et d'amateurs.

Les paroles sont de M. A. Bernos ; le musique de M Lanusse, et les ballets de M. Hus le jeune.

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