Pierrot, ou le Diamant perdu

Pierrot, ou le Diamant perdu, comédie-vaudeville, par MM. Désaugiers et Gentil, 11 mars 1813.

Théâtre du Vaudeville..

Titre

Pierrot, ou le Diamant perdu

Genre

comédie-vaudeville

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

11 mars 1813

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

MM. Désaugiers et Gentil

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1813 :

Pierrot, ou le Diamant perdu, comédie-vaudeville en deux actes, par MM. Désaugiers et Gentil. Représenté pour la première fois le 11 mars 1813 sur le Théâtre du Vaudeville.

Mercure de France, journal littéraire et politique, tome cinquante-cinquième, n° DCXI, samedi 3 avril 1813, p. 35 :

Théâtre du Vaudeville. – Ce théâtre n’est pas moins heureux que celui de Feydeau ; les deux derniers ouvrages que l’on y a représentés, ont complètement réussi ; Pierrot, ou le Diamant Perdu, est un vrai bijou pour la gaîté, et les couplets sont tournés de main de maître ; aussi l’auteur, M. Desaugiers, avait-il été deviné avant qu’on ne le nommât après la pièce.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 18e année, tome II, p. 212 :

[La pièce s’inspire d’un conte mettant en scène un sorcier qui en devinant ce qu’on lui cache assure sa réputation. Sujet bien mince, surtout pour une pièce en deux actes. Il fallait avoir « beaucoup d'esprit et de gaieté », ce qui est le cas des auteurs de cette pièce : détails piquants, jolis couplets, surtout dans le deuxième acte, « d'une folie charmante ». Le personnage principal est très bien interprété, « avec la gaieté la plus franche ».]

Pierrot, ou le Diamant perdu, comédie vaudeville en deux actes, joué le 11 mars.

Le sujet de cette pièce est un vieux conte qui figure dans maints recueils de facéties, et entre autres dans celles de Roger-Bontemps. Un paysan, nommé Grillon, se fait passer pour sorcier. Soit par adresse, soit par hasard, il a soutenu sa réputation dans plusieurs épreuves. Le seigneur de l'endroit, moins crédule que les villageois, fait venir le devin. — Cent écus ou cent coups de bâton, lui dit-il, il faut que tu devines ce qui est caché entre ces deux plats. — Pauvre Grillon, s'écrie le sorcier tremblant, pauvre Grillon, te voilà pris ! — Tu as deviné, c'est un grillon qui est sous l'assiette. Le Paysan, comme tant d'autres, est sorcier sans s'en douter.

Les auteurs de la pièce ont substitué un oiseau à un grillon, et le rustique devin se nomme Pierrot.

Pour essayer de tirer deux actes d'un fonds aussi léger, il falloit beaucoup d'esprit et de gaieté.

La pièce, est semée de détails piquans. et de jolis couplets ; et, si le premier acte laisse quelque chose à désirer, on en est amplement dédommagé par le second, qui est d'une folie charmante. Des quiproquo plaisans conduisent le prétendu sorcier, presque malgré lui, à la découverte d'un diamant perdu que des fripons de valets veulent s'approprier.

Hyppolite a rempli le rôle de Pierrot avec la gaieté la plus franche ; il a joué surtout une scène de table avec une vérité appétissante. On a ri de bon cœur.

Les auteurs sont MM. Désaugiers et Gentil.

L’Esprit des journaux français et étrangers, année 1813, tome IV (avril 1813), p. 295-298 :

[« Des couplets agréables, un dialogue spirituel, de la gaîté franche, quelques scènes piquantes, en voilà plus qu'il n'en faut pour réussir au Vaudeville. » C’est bien assez pour ce théâtre ! Inspirée d’un petit conte, le sujet exige un changement de lieu, et impose qu’il y ait deux actes : c’est manifestement beaucoup aux yeux du critique. Il s’agit de l’histoire d’un villageois (dont le critique pense qu’il parle trop bien !) dont la fille ne peut se marier que si elle retrouve un diamant perdu, qui lui permettra d’avoir une dot, et qui se fait passer pour sorcier afin d’aider sa fille ; après bien des quiproquos, il retrouve en effet le diamant que des valets indélicats avaient subtilisé : il va pouvoir marier sa fille. La pièce a été applaudie, et les interprètes l’ont bien jouée.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Pierrot, ou le Diamant perdu.

Des couplets agréables, un dialogue spirituel, de la gaîté franche, quelques scènes piquantes, en voilà plus qu'il n'en faut pour réussir au Vaudeville. Ce n'est pas là qu'on traite les auteurs de Turc-à-Maure, qu'on exige qu'un ouvrage soit absolument sans défaut, qu'on refuse tout s'il manque quelque chose, et que le succès, loin d'adoucir la critique, ne la rend que plus amère.

Un petit conte a fourni à MM. Désaugiers et Gentil l'idée de leur pièce. Il est fâcheux que la nécessité de changer le lieu de la scène les ait obligés à faire deux actes de cette bagatelle, et à délayer ainsi leur sujet.

Un villageois fort gai et fort gourmand, qui se nomme Pierrot, et qui s'exprime peut-être avec un peu trop d'élégance pour un tisserand, entend dire dans son village que la dame du château a perdu, la veille, un diamant précieux. On doit donner une récompense considérable à celui qui rapportera ce bijou. La fille de Pierrot est jolie, mais son jeune amant est fort pauvre ; ils voudraient bien gagner cette récompense et applanir ainsi le seul obstacle qui s'oppose à leur mariage. Le diamant a été trouvé par deux valets, dont l'un se nomme Champagne et l'autre Lafleur, noms qu'il est essentiel de retenir. Ces deux fripons ne ressemblent pas tout-à-fait à cet honnête homme qui, ayant trouvé un portefeuille bien garni, va se cacher au fond d'une campagne, afin de ne point entendre parler des réclamations, et pouvoir, en sûreté de conscience, garder le bien d'autrui ; mais ils espèrent d'abord que le diamant ne sera pas réclamé, et ne peuvent se décider à le rendre lorsqu'ils apprennent qu'il appartient à leur maîtresse. Ce mot rendre leur paraît fort dur, et l'un d'eux assure même qu'il voudrait connaître le coquin qui l'a inventé. Une vieille gouvernante de la comtesse cherche le diamant comme les autres, et regrette qu'il n'y ait point de devin dans les environs. Ce regret suggère à Pierrot l'idée de se faire passer pour sorcier. Naturellement insouciant, il s'étourdit sur les périls de l'entreprise, et se présente à la comtesse comme un sorcier en état de donner des nouvelles du diamant. Si, après avoir bien mangé, il lui arrive quelque malheur, il trouvera au moins, dit-il, des ressources en lui-même. Mais avant de procéder à la grande opération, il demande un bon dîner et d'excellent vin. Le plus crédule des deux valets commence à s'allarmer ; son camarade le rassure et se moque de ses craintes ; tous deux sont chargés de servir à table le prétendu devin, qui a pris au château un nom presqu'aussi pompeux que celui du fameux Parafaragaramus. Pierrot mange avec une sensualité qui ferait envie au plus intrépide convive du Rocher de Cancale. Deux bouteilles de vin sont placées devant lui, l'une de Bordeaux et l'autre de Champagne. C'est Lafleur qui le sert d'abord. Pendant qu'il va et vient pour le service, Pierrot chante un couplet qui se termine à-peu-près ainsi :

De la cave de monseigneur,
Ce bon vin est la fleur.

Le valet n'entend que le dernier mot, et ne doute pas que le sorcier n'ait prononcé son nom avec intention ; ce qui le confirme dans ses craintes, c'est qu'en buvant la bouteille de vin de Champagne, Pierrot demande quel âge a ce Champagne ? — Trente-trois ou trente-quatre ans. — Il a assez vécu, dit Pierrot en avalant le dernier verre. Ce nom de Champagne amène une foule de quiproquos que le valet interprête toujours de la manière la plus sinistre. Cependant Pierrot médite une fuite, de peur de recevoir du comte le châtiment dû à sa supercherie. Au moment où il essaie de sortir du salon, les deux valets se jettent à ses pieds, lui remettent le diamant et le supplient de ne pas les découvrir. Pierrot triomphant rend le diamant au comte, qui n'est point encore persuadé que ce prétendu devin soit un sorcier, et veut tenter une dernière épreuve. Il ordonne à Pierrot de deviner quel est l'oiseau qu'on vient de cacher sous un vase. Le devin prévoit qu'il sera pris au piége, et s'écrie douloureusement : Ah ! pauvre Pierrot, tu es perdu ! L'oiseau était précisément un pierrot. On crie au miracle sur la scène. Le parterre n'était pas tout-à-fait aussi émerveillé. Cependant, pour la justification des auteurs, je dois dire que le tait est historique, et qu'ils n'ont fait que substituer un pierrot à un grillon. Tout se découvre : le comte pardonne en faveur du diamant retrouvé, la comtesse dote et marie la fille de Pierrot. La pièce a été vivement et justement applaudie. Elle est très-bien jouée par Hippolyte, Mmmes. du Chaume, Hervey et Mlle. Betzy. Il y a aussi un acteur nommé Fontenay, dont le jeu est ferme et naturel, et qui annonce du talent.

Ajouter un commentaire

Anti-spam