Scipion dans les Espagnes

Scipion dans les Espagnes, tragédie en cinq actes et en vers, de Jean-François Barrau, 1793.

Sur la page de titre de la brochure, à Toulosue, chez l'auteur, an 2 :

Scipion dans les Espagnes, tragédie en cinq actes et en vers, par Jean François Barrau, citoyen de Toulouse,

Le texte de la pièce est précédé d'une préface, intéressante sur la façon dont on lit l'histoire romaine, et dont on l'accommode à la mode de la tragédie révolutionnaire :

PRÉFACE,

Carthagène était une puissante Colonie des Carthaginois dans les Espagnes, également redoutable par les avantages de sa position, & par les fortifications qui la rendaient presqu'imprenable. Scipion, depuis surnommé l'Africain, s'empara de cette ville après une marche savante qui trompa les Carthaginois campés à quelque distance, & après une victoire remportée sur Asdrubal qui était à leur tête. Après s'être rendu maître de cette ville par assaut , les soldats Romains lui amenèrent une jeune personne, également remarquable par ses vertus & par sa beauté, dont l'histoire ne nous a pas transmis le nom, & promise en mariage à un jeune Espagnol nommé Allucion. Scipion était alors âgé de 27 ans, vainqueur, tout-puissant, aimable & sollicité par son armée : cependant la vertu, plus puissante que les passions, lui inspira une générosité que tous les Historiens ont comblé d'éloges. Quelques jours après, le peuple de Carthagène & ceux des environs, touchés de sa clémence & de sa vertu, voulurent se l'attacher en lui donnant le titre & l'autorité des Rois. Scipion rejeta leur hommage avec la fierté d'un Romain, en représentant à ces peuples que le plus beau partage des hommes était la Liberté.

J'ai réuni ces deux faits également célèbres pour en fairc une Tragédie qui doit intéresser tous les cœurs Républicains. On verra dans le cours de la Pièce les moyens que j'ai mis en œuvre pour remplir l'objet que je me suis proposé ; puissé-je avoir traité mon sujet comme je l'aî conçu !

Je me suis particulièrement attaché à peindre l'amour de la Liberté dans le caractère de Valérius. Il est purement d'invention, & j'ai voulu le placer comme un intermédiaire entre la faiblesse du peuple de Carthagène, qui consent à se donner un Roi, & la fierté des Romains, qui sous le masque de la Liberté, voulaient assujettir tous les peuples à leur domination, comme ils le firent en effet dans la suite. Si ce caractère est purement d'invention, le Personnage ne l'est pas : Tite-Live, en parlant du Gouverneur de Carthagène, dit expressément que c'était Magon ou Valérius. L'Historien moderne de Scipion l'appelle Magon, sans faire mention de Valérius. J'ai usé du même droit, & je l'appelle Valérius. Il me fournit le moyen de peindre à-la-fois la grandeur d'âme, l'amour de la Patrie, la sollicitude paternelle & d'autres vertus que je n'aurais pas trouvées dans Magon, dont l'histoire est trop connue pour le supposer père de cette fameuse prisonnière, & de lui donner en même-temps cet esprit vertueux & Républicain, sans aucun mélange de rivalité avec la puissance Romaine, qui n'aurait pas manqué d'affaiblir l'intérêt que Valérius peut inspirer.

L'exemplaire proposé par le site archive.org porte sur la page de titre la reproduction de la notice de la pièce dans le catalogue de Soleinne :

2463. Scipion dans les Espagnes, tragédie en cinq actes et en vers, par Jean François Barrau, citoyen de Toulouse. Toulouse, l'auteur, an ii, in-8 de 83 p., y compris les prélim., v m. all., dent. Thouvenin.

Très-rare, omis dans la Fr. litt. Voy. ses autres tragédies dans le Théâtre des Provinces (Toulouse). La plus curieuse et la plus rare est intitulée la Mort de Marat.

Il s'agit de Séphèbe et d'Ulysse.

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