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Arlequin

Les mots du théâtre au XVIIIe siècle.

Arlequin.

Chamfort et Laporte, Dictionnaire dramatique, tome I, p. 120-121 :

ARLEQUIN. Personnage qui , dans la Comédie Italienne, fait le rôle de Bouffon pour divertir le Peuple par ses plaisanteries. Nous l'avons introduit sur nos Théâtres, & il y joue un des principaux rôles dans les Piéces Françoises qu'on représente sur le Théâtre Italien.

Quelques-uns prétendent que l’Arlequin est un Personnage qui vient des anciens Mimes Latins, qui avoient, comme lui, la tête rasée, & que l’on appelloit Plani pedes.

Sanniones mimum agebant rasis capitibus, fuligine faciem obdructi, dit Vossìus. Les Bouffons teprésentoient les Mimes, ayant la tête rasée & le visage couvert de suie. Rien ne ressemble plus à Arlequin.

Le mot de Sanniones, Bouffons, paroît encore d'une grande autorité. L'Arlequin & le Scapin, s'appellent encore Zanni dans toute l'Italie, & Zanni semble dériver du mot Sannio. Voyez Zanni, Sannio.

Cicéron dit, de Oratore : Quid enim potest tam rìdiculum quam sannio esse qui, ore, vultu, imitandis motibus, voce, denique corpore ridetur ipso ? Ces traits ajoutes aux précedens, semblent ne rien .laisser à désirer au portrait d'Arlequin.

L'ancien caractère de l' Arlequin étoit seulement d'être balourd & gourmand ; mais les Modernes, & sur-tout les Auteurs François, lui ont donné de l'esprit, & même de la morale, avec beaucoup de simplicité. On peut voir ce que cet heureux mélange produit dans Arlequin Sauvage, dans Timon le Misanthrope.

Quelques-uns prétendent que ce nom doit son origine à un fameux Comédien Italien , qui vint à Paris sous le regne de Henri III, & que comme il fréquentoit familièrement la maison du Président de Harlai, qui lui avoit accordé ses bonnes-graces, ses camarades l'appelloient par dérision ou par envie, Arlequin, le petit de Harlai. Mais ce récit a tout l'air d'une Fable, & ne paroît pas s'accorder avec les mœurs graves & austères du Premier Président de Harlai.

Références :

Pièces :

Louis-François Delisle de La Drevetière, Arlequin sauvage (1722).

Louis-François Delisle de La Drevetière, Timon le misanthrope (1732).

Critique littéraire :

Cicéron, de Oratore, livre 2, § 251.

Gerardus Joannes Vossius, Poeticarum Institutionum Libri Tres, II, 4 (p. 786 du volume I de l’édition de Jan Bloemendal, chez Brill en 2010).

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