Farce

Les mots du théâtre au XVIIIe siècle.

FARCE.

Chamfort et Laporte, Dictionnaire dramatique, tome I, p. 471-473 :

FARCE. Espéce de Comique grossier, où toutes les régles de la bienséance & de la vraisemblance sont également violées. Le Comique, dont on fait le plus grand usage dans ces sortes de Piéces, est celui qui naît des équivoques, des méprises, de mots ou du choc de pensées contradictoires ; & les Scènes n'offrent, pour 1'ordinaire, que des grimaces bisarres, des portraits indécens & des événemens ridicules. On en a vu cependant qui offroient un Comique très-agréable. Une des plus célèbres est celle de l’Avocat Patelin, que Brueys, sans rien changer au fond du sujet, sut accommoder à notre Théâtre, où elle réussit encore. La Nature, dans sa bassesse & dans sa dégradation, est principalement ce que l'on cherche dans les Farces. Les vieillards y sont d'une crédulité stupide, & tombent dans les embûches les plus évidentes. Un Valet, un Balourd, tient le fil de l'intrigue, & fait réussir ses projets par des moyens grossiers, & qui choquent la vraisemblance.

L'erreur, la surprise, ou l'image libre des choses qui devroient être voilées, sont ici un principe du rire comme dans la Comédie ; mais ce qui est plus particulier à ce genre, si c'en est un, ce sont les contre-vérités, un sang froid déplacé, un geste qui contraste avec une action ou une expression, une reconnoissance imprévue qui démasque un fourbe , &c.

Malgré tous ces défauts attachés au genre, une Farce excellente n'est pas l’ouvrage d'un homme ordinaire. II y faut beaucoup d'action & de mouvement, une gaieté originale, des caractères ressemblans, quoique défigurés & grotesques, semblables à ces portraits de Callot, oû les principaux traits de la figure humaine sont conservés.

Pourceaugnac, plusieurs Scènes des Fourberies de Scapin, du Bourgeois-Gentilhomme, du Mariage Forcé, du Médecin malgré lui, du Malade Imaginaire, sont des modèles en ce genre.

On donnoit autrefois le nom de Farce à la petite Piéce qui se jouoit après la grande. Elle n'offroit que des bouffonneries, des jodelets, que des Auteurs complaisons assaisonnoient de quelqu'action exprimée le plus souvent en petits Vers. Ricobonì même, dans ses Observations sur la Comédie, ne donne pas d'autre nom aux petites Piéces de Moliere, & même aux Précieuses Ridicules, où l'intrigue, les caractères & l'action forment un ensemble parfait.

Références :

Pièces :

Brueys (David Augustin de, 1641-1723), l’Avocat Patelin (1706), une des farces les plus célèbres, dont l’adaptation par Brueys montre « un Comique très-agréable ».

Molière a fait de certaines scènes de ses pièces des modèles de farce : les Fourberies de Scapin, le Bourgeois gentilhomme, le Mariage forcé, le Médecin malgré lui, le Malade imaginaire.

Critique littéraire :

Riccoboni (1676-1753), Observations sur la Comédie, considère comme des farces les petites pièces de Molière, y compris les Précieuses ridicules.

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