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Stances

Les mots du théâtre au XVIIIe siècle.

Stances.

Chamfort et Laporte, Dictionnaire dramatique, tome III, p. 182-183 :

STANCES. Rotrou avoit mis les Stances à la mode. Corneille, qui les employa, les condamne lui-même dans ses Réflexions sur la Tragédie. Elles ont quelque rapport à ces Odes que chantoient les Chœurs, entre les Scènes, sur le Théâtre Grec. Les Romains les imiterent. Il me semble que c'étoit l'enfance de l'art. Il étoit bien plus aisé d'insérer ces inutiles déclamations entre neuf ou dix Scènes qui composoient une Tragédie, que de trouver dans son sujet même de quoi animer toujours le Théâtre, & de soutenir une longue intrigue toujours intéressante. Lorsque notre Théâtre commença à sortir de la barbarie, & de l'asservissement aux usages anciens, pire encore que la barbarie, on substitua à ces Odes, des Chœurs qu'on voir dans Garnier, dans Jodele & dans Baïf, des Stances que les Personnages récitoient. Cette mode a duré cent années ; le dernier exemple que nous ayons des Stances, est dans la Thébaïde. Racine se corrigea bientôt de ce défaut; il sentit que cette mesure, différente de la mesure employée dans la Piéce, n'étoit pas naturelle ; que les Personnages ne devoient pas changer le langage convenu ; qu'ils devenoient Poëtes mal à-propos. On a banni les Stances du Théâtre. On a pensé que les Personnages qui parlent en vers d'une mesure déterminée, ne devoient jamais changer cette mesure; parce que s'ils s'expliquoient en Prose, ils devroient toujours continuer à parler en Prose. Or, les vers de six pieds étant substitués à la Prose, le Personnage ne doit pas s'écarter du langage convenu. Les Stances donnent trop l'idée que c'est le Poëte qui parle.

Références :

Corneille a employé les stances (le Cid, Polyeucte), avant de les condamner dans ses Réflexions sur la Tragédie.

Racine, la Thébaïde, acte 5, scène 1 : il est le dernier à avoir mis des stances dans une pièce. Il s’est ensuite corrigé de ce défaut.

Rotrou (Jean de, 1609-1650) est celui qui a mis les stances à la mode. Elles remplaçaient les chœurs employés par Garnier, Jodelle ou Baïf.

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