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Alonse et Cora [Alonzo et Cora]

Alonse et Cora, tragédie en trois actes, de M. Dumaniant, 28 janvier 1793.

Théâtre de la république, rue de Richelieu.

On trouve aussi comme titre Alonzo et Cora.

Titre :

Alonse et Cora

Genre

tragédie

Nombre d'actes :

3

Vers / prose ?

en vers

Musique :

non

Date de création :

28 janvier 1793

Théâtre :

Théâtre de la République, rue de Richelieu

Auteur(s) des paroles :

Dumaniant

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez le Citoyen Cailleau, a, 2 :

Alonse et Cora, tragédie en trois actes, Par A. J. Dumaniant, Représentée, pour la première fois, sur le Théâtre de la République, rue de Richelieu, à Paris, le 28 janvier 1793.

Le texte de la pièce est précédé d'une préface :

[Elle est consacrée à raconter l'histoire, assez romanesque, de la pièce, des circonstances de son écriture à ses premières représentations.]

PRÉFACE.

Cette Tragédie était dans mon porte-feuille depuis treize ans. Une circonstance assez singulière me la fit entreprendre. Je commençais à jouer la Comédie dans une petite Troupe où chaque Acteur, par clause de son engagement, avait une représentation à son bénéfice : ces représentations se tiraient au sort : j'eus le dernier numéro. Dans la Ville où nous étions on n'aimait que la Tragédie. Quoique nous y fussions passablement mauvais, on avait la complaisance de nous y applaudir. Mes Camarades s'emparèrent, comme de raison, des Pièces les plus modernes. Il ne me restait rien à donner pour réveiller la curiosité de nos Amateurs ; & comme j'avais besoin pour payer mon Hôte, de faire une recette passable, je pris le parti de faire une Tragédie pour le jour de ma représentation. Je sentais bien mon insuffisance pour ce genre de composition ; mais le cas était pressant. Il fallait ou faire une Tragédie, ou laisser ma petite garde-robe en gage : je ne balançai plus ; j'avais à peine deux mois pour que la pièce fût apprise & jouée. Nous n'étions riches ni en décorations, ni en costumes ; nous n'avions que trois Tragédiens qui fissent plaisir. C'est d'aprés le Machiniste & les Acteurs que je pouvais employer avec succès , que je fis mon plan. Tout me réussit au-delà de mes souhaits : ma Piece fut aux nues ; mais ce qui me réjouit davantage, c'est que ma recette fut la meilleure de toutes : je gagnai quatre cents livres tous frais faits, & je partis de la Ville couvert de gloire , & avec quelques louis dans ma poche.

Il y a six ans que j'eus la fantaisie de lire cette Pièce aux Comédiens de la Nation pour savoir ce qu'ils en penseraient ; ils la reçurent à l'unanimité ; mais comme depuis ce tems ils oubliaient de la représenter, je l'ai portée à mes anciens Camarades du Théâtre de la République. Je la leur ai annoncée comme un Ouvrage sans conséquence ; ils l'ont reçue de même : pour qu'elle ne leur fit pas perdre un tems qu'ils peuvent employer d'une manière plus utile ; je l'ai distribuée entre des acteurs qui n'étaient ni trop occupés, ni trop chargés d'études : ils ont mis à faire valoir cette faible production autant d'honnêteté envers l'Auteur que de zèle pour son succès. La jeune Actrice qui s'est chargée du rôle de Cora, l'a joué avec cette sensibilité qui ne s'apprend pas. Je souhaite que cet essai engage les Auteurs qui ont une célébrité justement acquise à l'employer dans des ouvrages où elle puisse mieux développer les dons précieux qu'elle a reçus de la Nature (*) ; je ne finirai point cette courte Préface sans remercier mes bons amis Valois & Monville ; ils ont tiré tout le parti possible de leurs rôles.

Cette Tragédie n'a pas eu un brillant succès ; elle ne le méritait pas. Elle a été vue avec une sorte de plaisir. Le Public y a souvent applaudi à des sentimens d'humanité qui étaient dans son cœur : ce langage sera toujours entendu en France, & c'est à ceux qui ont plus de talent que moi à le parler sans cesse au Théâtre. C'est alors que les jeux scéniques deviendront utiles, & que nos plaisirs tourneront à l'avantage de nos mœurs.

(*) Mademoiselle Simon, qui à peine à 16 à 17 ans, a joué depuis dans la belle Tragédie de Fénelon du Citoyen Chenier, le rôle d'Amelie, qu'elle a rendu avec tout le sentiment & les moyens d'une Actrice consommée.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 4 (avril 1793), p. 332-334 :

[Pièce apparemment peu réussie : si l’ouvrage « est sage & écrit avec goût », il « n'est pas d'un très-grand effet théatral ». Cela n’a pas empêché que l’auteur soit nommé, et qu’il ait paru... Le sujet de la pièce nous entraîne en Amérique du Sud au temps de la conquête espagnole, et c’est l’occasion de montrer le choc des civilisations, avant la conclusion attendue du mariage entre les deux héros.]

THÉATRE DE LA RÉPUBLIQUE, RUE DE RICHELIEU.

Alonzo & Cora, tragédie nouvelle en trois actes, représentée pour la premiere fois le 28 janvier 1793. En voici le sujet.

On ne sait que trop combien les Espagnols, conquérans du Mexique, y ont fait détester leur victoire ;

Eux qui n'avoient du ciel imité que la foudre.

Cette citation nous vient naturellement à l'esprit, car Alonzo & Cora rappellent un peu Alzire. Pizarre, chef des Espagnols, & le plus cruel de tous, a un fils, jeune & amoureux ; c'est dire assez qu'il est plus doux. Il aime Cora, fille de l'lnca régnant ; & si les Espagnols ont tué sa mere & ses freres, Alonzo a sauvé la vie à son pere. Mais Cora est consacrée au soleil, & cet obstacle est le plus fort. Le sensible & vertueux Alonzo cherche à attendrir ses compagnons & à fléchir son pere, comme Alvarès à adoucir son fils. Pizarre est inflexible : il est tué. Les Espagnols furieux veulent immoler Cora & son pere : Alonzo, quoique désespéré, parle aux soldats le langage de l'humanité, & les désarme : sa voix se fait aussi entendre aux cœurs des Mexicains ; plus de rigueur d'un côté, de l'autre plus de défiance ; l'Inca donne sa fille à Alonzo, lui adresse un discours touchant ; nous n'avons pu retenir que ce vers & demi qui termine la piece :

                                   Pour conquérir les cœurs,
La vertu peut bien plus que le fer des vainqueurs.

L'ouvrage est sage & écrit avec goût. si le succès n'en a pas été un succès d'enthousiasme, c'est que la piece n'est pas d'un très-grand effet théatral. Elle ne peut au surplus qu'ajouter à la réputation du sr. Dumaniant, auteur de Guerre ouverte & autres comédies, qu'on a demandé, & qui a paru.

César : le titre donné dans la base, Alonse et Cora. Deux représentations, les 28 et 30 janvier 1793.

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