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Ambroise, ou Voilà ma journée

Ambroise, ou Voilà ma journée, comédie en deux actes, en prose, mêlée d'ariettes, de Jacques Boutet de Monvel, musique de d'Aleyrac, 12 janvier 1793.

Théâtre lyrique national, ci-devant théâtre Italien.

Titre :

Ambroise, ou voilà ma journée

Genre

comédie mêlée d’ariettes

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

en prose

Musique :

ariettes

Date de création :

12 janvier 1793

Théâtre :

Théâtre lyrique national

Auteur(s) des paroles :

Jacques Boutet de Monvel

Compositeur(s) :

d’Aleyrac

Sur la page de titre de la partition, à Paris, chez J. M. Bault :

Ambroise, ou Voilà ma Journée, Comédie en un Acte en Prose, Paroles du C.EN Monvel. Représentée sur le Théâtre de la rue Favart. Mise en Musique Par N. Dalayrac.

Mercure français historique, politique et littéraire, n° 19 du vendredi 29 janvier 1793, p. 189-190 :

[Pour que nous comprenions, le critique prend soin de nous donner toutes les données de l’avant-scène, une bien triste histoire de veuve sans ressources, avant de nous émouvoir encore par le résumé d’une action fort morale. Il n’y manque même pas l’intrigue amoureuse entre la douceur féminine et la rudesse masculine, occasion de quelques scènes « infiniment agréables ». Hormis quelques longueurs et un dénouement gâché par des invraisemblances et de la froideur, la pièce a connu le succès. Dialogue naturel et gai, musique plaisante, les auteurs sont les expérimentés Monvel et Dalayrac. Et les acteurs ont contribué eux aussi à la réussite du spectacle.]

THÉATRE ITALIEN.

AMBROISE, Comédie en musique.

Ambroise (c’est le titre de la piece qu’on a donnée samedi 12, pour la premiere fois, au théâtre Italien,) Ambroise est un jeune homme brusque, un peu brutal même, grondeur et chagrin ; mais il a le cœur bon, compatissant et capable de porter jusqu’à l’excès la reconnaissance. Il a été élevé par madame de Varonne, qui, perdant à la mort de son mari les pensions que ses services avaient obtenues du gouvernement, est demeurée sans ressource. Forcée de renvoyer tous ses domestiques, Ambroise a changé de titre en celui de son bienfaiteur. Il la nourrit du fruit de son travail, et emploie même ses épargnes à lui procurer de faibles jouissances. Elle a contracté une dette usuraire avec un scélérat hypocrite, nommé Simon. Elle n’est pas en état d’y satisfaire ni Ambroise non plus. Ce malheureux veut la faire emprisonner ; il se présente avec ses recors dans sa demeure ; mais il en sont chassés à coup de manche à balai. Ambroise a été malade ; le médecin qui l’a rendu à la vie, a eu l’occasion de voir madame de Varonne et de s’intéresser à elle. Instruit de ses malheurs, il s’informe de ses espérances ; elle n’en a plus. Un frere très-riche qu’elle avait est mort en pays étranger, et elle n’est pas connue de sa veuve. Le médecin veut ranimer son espoir en lui disant qu’elle a plus d’amis qu’elle ne le croit. Cependant un jeune homme, muni d’un ordre supérieur, vient arrêter cette infortunée, en lui disant pourtant de ne pas s’effrayer. On la fait monter en voiture, et elle est conduite à quelque distance de Saint-Germain, où la scene se passe dans une fort belle maison, où elle arrive incertaine de son sort. Elle y est trouvée par Ambroise et ses hôtes qui ont suivi, en courant, la voiture. Le médecin paraît avec une dame, qui comble madame de Varonne de caresses et de bienfaits. Cette dame est précisément la veuve de ce frere riche qu’elle a perdu. Madame de Varonne heureuse, récompense Ambroise de son attachement en lui faisant épouser Suzanne, jeune fille qui travaille dans la même boutique que lui, qui l’aime passionnément malgré ses brusqueries, et dont l’amour naïf, qui la porte jusqu’à des avances marquées, fait un contraste charmant avec l’humeur chagrine et colere d’Ambroise qui sait beaucoup mieux aimer que faire l’amour. Cet accessoire produit plusieurs scenes infiniment agréables, et qui ont déterminé le succès de la piece, à laquelle on reproche des longueurs dans le premier acte, de l’invraisemblance et de la froideur dans le dénouement. Du reste le dialogue est naturel, piquant et gai. Plusieurs morceaux de musique ont été fort applaudis, notamment le premier rondeau de Suzanne qui est d'une tournure originale. La piece est de Monvel ; la musique de Dalairac ; elle ajoute aux nombreux succès de ces deux auteurs. Il sont parfaitement secondés par les acteurs. Sollier rend avec infiniment de vérité le rôle d’Ambroise, et l’inimitable Aubin se surpasse elle-même dans celui de Suzanne.

Journal encyclopédique ou universel, année 1793, tome I, n° IV, dix février, p. 139-140, p. 52-528 :

[L’auteur de ce compte rendu assimile complètement personnages réels et personnages de la pièce. Ce qui lui permet de critiquer le dénouement, non conforme à la vérité... Pourquoi changer ? Néanmoins, la pièce « a fait souvent plaisir », malgré les longueurs qui l’ont parfois ennuyé. Il relève aussi un certain déséquilibre entre les actes : « si son premier acte est un peu trop long, son second ne l'est pas assez, laisse beaucoup de chose à desirer ». La pièce a d’ailleurs été retravaillée, et ramenée à un acte. Bonne musique, sans grands effets, mais bien adaptée au théâtre, et bonne interprétation.]

THÉATRE ITALlEN.

AMBROISE, OU VOILA MA JOURNÉE, comédie en 2 actes.

Le fond d'Ambroise, ou Voilà ma Journée est vrai : tout le monde connoît l'histoire de Mme. de Varonne, veuve d'un officier, qui, ayant perdu tout son bien avec son époux, trouva dans Ambroise, un de ses domestiques, un cœur reconnoissant , généreux & sensible. Cet Ambroise s'étoit fait compagnon chaudronnier, & tous les soirs, il apportoit à sa maîtresse les vingt sols qu'il avoit gagnés, lui disant : Voilà ma journée..… Monvel a traité ce sujet avec tout le talent de détails qu'on lui connoît ; mais. Ambroise est compagnon chez François, chaudronnier, Mme. de Varonne y loge aussi. Ambroise aime Susanne, servante de François, & en est aimée [sic] ; mais il désespere de pouvoir l'épouser, attendu que tout ce qu'il gagne, il le donne à Mme. de Varonne, & qu'il n'a pas assez de bien pour se marier. Ambroise a été longtems malade : son médecin, qui connoît son attachement pour sa maîtresse, & les malheurs de Mme. de Varonne, promet à cette derniere de lui procurer un sort plus heureux. Cependant un créancier veut faire conduire Mme. de Varonne en prison. François, Ambroise & Susanne chassent, à grands coups de bâton, ce créancier & sa cohorte, un jeune homme se présente : il a ordre d'enlever Mme. de Varonne, sans lui dire où il la conduit. On s'imagine qu'il l'entraîne en prison ; mais Mme. de Varonne est bien étonnée de se voir introduire dans un superbe salon. Bientôt Ambroise, François & Susanne, qui ont suivi la voiture, viennent l'y joindre : on s'inquiete des suites de cette aventure, lorsque le médecin paroît avec une Dame très-parée. La Dame inconnue apprend à Mme de Varonne que l'hôtel où elle est, les gens qui la servent, l'équipage qui l'a conduite tout cela est à elle !... ... Etonnement général ! D'où part ce bienfait ?... : De la belle-sœur de Mme. de Varonne, qui veut réparer envers elle l'injustice du sort. Mme. de Varonne assure la moitié de son bien à Ambroise,. & ce dernier épouse Susanne. Cette Dame inconnue, ce château, tout cela a paru tenir au merveilleux, & peut-être. Monvel eût-il mieux fait de suivre tout uniment le dénouement de l'histoire qu'il mettoit en scene. Une favorite du roi lui avoit parlé des malheurs de Mme. de Varonne, des injustices du Gouvernement à son égard, & le roi lui avoit rendu la pension qu'on lui avoit retirée à l'époque de la mort de son époux : cela eût été plus naturel. Quoi qu'il en soit, cet ouvrage, pendant lequel le public a éprouvé quelques monens de langueur & d'impatience, a fait souvent plaisir: on a demandé les auteurs & Monvel & d'Alayrac se sont présentés. La musique de ce dernier est fraîche, chantante, & adaptée à la scene, comme toute celle de cet estimable compositeur.

Cette piece est très-bien jouée par Solier, Chenard, Granger, Elleviou ; par les citoyennes St. Aubin & Crettu.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1793, volume 3 (mars 1793), p. 316-318 :

[Cette pièce dont le critique dit que le sujet a un « caractère romanesque », n’est pas sans défauts : sa conduite manque d’art, elle est trop longue, et le dénouement « n’est nullement préparé ». Mais elle a aussi ses qualités : « des féeries agréables, le bon cœur d'Ambroise, la naïveté de Suzanne, ont fait plaisir », et ma musique est en accord avec le sujet : elle a « de la grace et des idées heureuses ». D’où son succès.]

Ambroise, ou voilà ma journée, comédie en deux actes, en prose, mêlée d'ariettes, paroles de Monvel, musique d'Aleyrac.

François, chaudronnier, à Saint-Germain-en-Laie, travaille beaucoup, gagne peu, & n'en prend pas plus de souci. Sa femme est absente. Elle est à un village voisin, où la retiennent des choses très importantes pour une mere & pour une femme, des caresses à faire à deux petits enfans en nourrice, des visites chez des amies du lieu, & ces visites-là ne sont pas muettes. Mais il résulte de cette absence un petit inconvénient, la femme de François a emporté l'argent, & son mari est resté sans une obole. Il se décide à sortir pour en demander à un débiteur. Ce qui l'y détermine sur-tout, c'est qu'il voudroit bien ne pas laisser manquer du nécessaire une femme intéressante par ses malheurs, riche autrefois, maintenant réduite à l'hospitalité que lui a fait donner, chez François, le bon & fidele Ambroise, serviteur de cette infortunée dans les jours de sa prospérité. Ambroise est une espece de bourru bienfaisant. Mais ce qui lui donne un caractere particulier, c'est qu'il est pauvre lui-même. Il est si attaché à son ancienne maîtresse, qu'il ne s'occupe que d'elle, qu'il cherche tous les moyens délicats de lui adoucir le sentiment de son infortune. Suzanne, jolie servante, qui aime Ambroise, quoique celui-ci ne réponde qu'avec brusquerie aux sentimens qu'elle lui exprime, Suzanne est aussi pleine d'attention pour celle qu'Ambroise lui a tant recommandée. Cependant un maudit créancier de cette femme vient pour se faire payer, quoiqu'Ambroise ait tout fait ; pour l'en empêcher. Ce créancier est un usurier, & qui pis est un hypocrite. François qui, à son retour, trouve cet homme dans sa maison, l'en chasse lui & sa troupe, à l'aide de ses garçons. Mais bientôt après, un jeune homme, porteur d'un ordre qu'il ne dit pas, vient chercher notre infortunée qui se résigne, & qui part malgré les cris de ses amis, & sur-tout les efforts d'Ambroise. Ceux-ci ne perdent pas l'espérance. Ils suivent la voiture, & arrivent enfin au lieu où leur amie a été conduite. C'est une fort belle maison où rien n'annonce qu'ils aient à craindre pour elle. Ils la trouvent étonnée de ce qui lui arrive, & se promettent de ne point la quitter, lorsqu'une femme, accompagnée d'un médecin, qui a délicatement découvert le sort de l'infortunée, vient tirer tout le monde de l'incertitude. Elle est la belle-sœur de cette femme intéressante. Elle lui remet une fortune considérable, dont la moitié est réversible sur une personne à son choix. C'est Ambroise qu'elle choisit, Ambroise qui a été son bienfaiteur, & qui lui-même fait partager son bonheur à Suzanne en l'épousant.

Cette piece n'est pas conduite avec assez d'art. Elle est beaucoup trop longue. Le dénouement qui a déplu, n'est nullement préparé. Le caractere romanesque du sujet, ne produit pas l'intérêt qui devroit en résulter. Mais des féeries agréables, le bon cœur d'Ambroise, la naïveté de Suzanne, ont fait plaisir. La musique est bien d'accord avec le genre. On y a remarqué de la grace & des idées heureuses. Les auteurs ont paru.

D’après la base César, la première a eu lieu le 12 janvier 1793. Elle a connu 25 représentations en 1793, 10 en 1794, 10 en 1795, 8 en 1796, 6 en 1797, 7 en 1798, 5 en 1799.

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