Amour et loyauté

Amour et loyauté, ou le Mariage militaire, vaudeville en un acte, de Ferrière et Richard [Fabert], 8 août 1812.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Amour et loyauté, ou le mariage militaire

Genre

vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers ou prose ,

en rose avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

8 août 1812

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Ferrière et Richard

Almanach des Muses 1813.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Fages, 1812 :

Amour et loyauté, ou le Mariage militaire, comédie en un acte, mêlée de couplets ; Par MM. de Ferrière et Richard ; Représentée pour la première fois sur le Théâtre du Vaudeville, le 8 août 1812.

Journal de Paris, n° 222, du 9 août 1812, p. 2 :

Encore une chute (le Théâtre du Vaudeville semble multiplier les échecs) : le titre pouvait sembler prometteur, et le critique s'amuse à voir tout ce qu'on peut donner comme titre à une pièce de ce genre (il semble las des titres binaires, associant deux éléments : il verrait bien un titre à six éléments, dont un sous-titre). Parce que, sinon, la pièce ne contient rien de ce qu'il faudrait : dialogue, couplets, enchaînement des scènes, rien n'est satisfaisant. En une phrase, tout est dit  « Des personnages qui ne disent jamais ce qu’ils doivent dire, un style de mauvais ton, des couplets insignifiants, des situations ridicules ou indécentes, enfin une ignorance absolue de l’art dramatique ». Inutile d'en dire plus, et le critique élargit son propos : certains théâtres se moquent de la critique et du public, et laissent à l'affiche des pièces indignes. Et le critique promet de se venger en prenant les théâtres à leur propre jeu.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Première représentation d’Amour et Loyauté, ou le Mariage militaire.

Ce titre chevaleresque promettait une action plus intéressante que celle qui est la base du vaudeville nouveau. La fille d’un général est aimée de deux officiers, dont un a su lui plaire. Voilà de l'amour autant et plus qu’il n’en faut pour justifier le titre. L’officier qui n’est pas aimé cède sa belle à son ami, voilà de la loyauté, beaucoup moins méritoire pourtant que si l’on sacrifiait une tendresse payée de retour. Le père ne ratifie pas la cession et veut pour gendre celui dont sa fille ne veut pas pour mari : voilà de l'esprit de contradiction.

L’officier que le père refuse lui a sauvé la vie dans une bataille et ne le dit pas ; voila de la discrétion. Le général enfin l’apprend par un vieux brigadier, et consent au mariage : voilà de la reconnaissance et le Mariage militaire.

On voit qu’il ne tenait qu’aux auteurs d’allonger beaucoup le titre de leur pièce. Que ne fallait-il pas pour couvrir la nullité d’un pareil sujet ?..., un dialogue élégant et spirituel, des couplets faciles et gracieux, des scènes adroitement filées auraient à peine suffi.

Mais on croirait que les auteurs ont senti que l'étoffe ne valait pas une telle broderie ; et d’après cette idée ils ont poussé l’économie aussi loin qu'elle pouvait aller. Des personnages qui ne disent jamais ce qu’ils doivent dire, un style de mauvais ton, des couplets insignifiants, des situations ridicules ou indécentes, enfin une ignorance absolue de l’art dramatique, telles sont les causes qui ont produit des sifflets mérités, s’il en fut jamais. Depuis quelque temps ce théâtre et quelques autres affectent un courageux mépris pour la critique et pour le public. Des pièces justement baffouées salissent l'affiche pendant un mois. Désormais je les tuerai avec des citations ; elles n'en échapperont pas, si je leur emprunte de pareilles armes.

A.          

Mercure de France, volume 52 (1812), n° DLXXVIII (15 août 1812), p. 322-323 :

[Compte rendu enchaîné de deux vaudevilles du même auteur (avec un coauteur pour la deuxième pièce). Les deux pièces sont assassinées à la suite : aucune ne trouve grâce aux yeux du critique sur quelque point que ce soit. Le critique en profite pour donner, à propos du premier ouvrage, des conseils salutaires au jeune auteur qui en a bien besoin : pour faire du théâtre, il faut de l'imagination et du style, et le pauvre jeune homme n’a fait preuve ni de l’une, ni de l’autre. L’ensemble est traité avec une ironie féroce, en particulier quand est révélé le dénouement de la seconde pièce.]

Théâtre du Vaudeville. — Arlequin Lucifer, vaudeville en un acte.—Amour et Loyauté, vaudeville en un acte.

Chaque peuple à son tour a régné sur la terre.

Chaque jeune auteur à son tour veut régner sur la scène du vaudeville. M. R. de L. s'est imaginé sans doute que, pour lui, les tems sont arrivés. Je ne sais si le règne sera long et brillant, mais les commencemens ne sont pas heureux. C'est au débutant que nous sommes redevables d'Arlequin Lucifer et d'Amour et Loyauté ; lorsque je dis que nous sommes redevables à ce jeune auteur de ces deux nouveautés bien fugitives, je ne prétends pas qu'il ait droit à des remercîmens. Arlequin Lucifer a été assez heureux pour paraître cinq ou six fois devant un parterre très-indulgent ; Amour et Loyauté est mort subitement un peu avant la fin de la première représentation : or, la reconnaissance du public ne saurait être bien grande ; mais un service véritable qu'a rendu M. R. de L., c'est de montrer qu'un bon vaudeville est plus difficile à faire qu'on ne le pense. MM. Barré, Radet, Desfontaines, Bouilly, et quelques autres, lui doivent des actions de graces, puisqu'il fait mieux apprécier encore leurs charmans ouvrages.

Il n'était pas nécessaire d'annoncer qu'Arlequin Eucifer était le coup d'essai d'un jeune débutant ; le parterre ne s'en est que trop aperçu : il a manifesté son opinion d'une manière tellement positive, qu'elle ne laisse pas la moindre ressource à l'amour-propre de l'auteur ; chaque spectateur a largement usé du droit qu'on achète à la porte ; pourquoi faut-il que nous seuls nous ne puissions dire notre avis sans être taxés de partialité ? En voici la raison : le jeune auteur a lancé contre notre journal un petit trait bien émoussé. Mais comment avoir le courage de se fâcher pour une plaisanterie plus qu'innocente ? nous prétendons, au contraire, profitant de la morale d'un mélodrame nouveau qui fait courir tout Paris, rendre le bien pour le mal. L'auteur est encore assez jeune pour écouter nos avis paternels ; nous lui dirons donc : pour réussir au théâtre, il faut de l'imagination et du style ; vous n'avez pas fait preuve d'imagination lorsque vous avez choisi dans le théâtre des boulevards les scènes les plus connues, et que vous y avez placé tant bien que mal des couplets qui ne prouvaient que de la mémoire ; quant au style d'Arlequin Lucifer, si nous avions la malice d'appuyer notre opinion par quelques citations..... Mais non, nos lecteurs nous croiront sur parole, et ils feront bien.

Le jeune auteur a été encore plus malencontreux à son second début : Amour et Loyauté a été sifflé avec un accord bien rare ; pas la moindre opposition dans toute la salle ; mais aussi quelle conception fausse que celle de deux amis rivaux, et qui ne s'en aiment que mieux, qui tour-à-tour emploient leur éloquence à persuader à leur maîtresse que son rival est seul digne d'elle ! Certains amis le sont jusqu'à la bourse ; mais ceux-ci mettent absolument tout en commun ; et lorsqu'enfin la jeune personne a fait connaître son choix, celui qui n'est pas préféré se console en disant que, puisque son ami épouse celle qu'il aimait , c'est comme s'il l'épousait lui-même. A ces mots, l'orage qui grondait de toutes parts, a éclaté avec une violence extrême, et le public n'a pas voulu en entendre davantage.                     B.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 17e année, 1812, tome IV, p. 417 :

[Exécution rapide d’une pièce : « Fatras romanesque et sentimental, beaucoup de couplets insignifians ». Une citation permet de montrer le ridicule (aux yeux du critique) de la pièce. Pas de dénonciation des auteurs, sauf de celui dont on signale une autre pièce, mais le compte rendu de cette autre pièce, encore plus bref, ne donne pas de nom !]

Amour et Loyauté, ou le Mariage militaire, vaudeville en un acte, joué le 8 août.

Fatras romanesque et sentimental, beaucoup de couplets insignifians. Deux militaires amis sont épris de la même femme; celui qui est refusé dit à l'autre: Qu'elle soit ta femme, mon ami, c'est comme si je l'épousois moi-même. Ici les sifflets ont éclaté.

L'un des deux auteurs étoit déjà coupable d'avoir fait Arlequin Lucifer.

Le coupable, c'est Richard Fabert, auteur des deux pièces...

Ajouter un commentaire

Anti-spam