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Amour et Mauvaise Tête

Amour et Mauvaise Tête, ou la Réputation, comédie en trois actes, mêlée d'ariettes, paroles de M. Alexis, musique de M. Pacini ; 17 mai 1808.

Théâtre de l'Opéra-Comique.

Titre :

Amour et mauvaise tête, ou la Réputation

Genre

comédie mêlée d’ariettes

Nombre d'actes :

3

Vers ou prose ,

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

ariettes

Date de création :

17 mai 1808

Théâtre :

Théâtre de l’Opéra Comique

Auteur(s) des paroles :

Alexis (Arnoult)

Compositeur(s) :

Antonio Pacini

Almanach des Muses 1809.

Ernestine aime beaucoup un jeune étourdi nommé Valincourt ; mais M. de Creneuil ; pere d'Ernestine, est tellement prévenu contre Valincourt, qu'il ne veut pas le voir. Valincourt arrive, sous le nom de Brial, chez M. de Creneuil, qui le trouve charmant. Brial, quelques moments après, se représente à M. de Creneuil, à qui il se fait annoncer sous le nom de Valincourt ; le bon homme reprend tous ses préjugés ; mais il les abjure bientôt, et Valincourt épouse Ernestine.

Peu d'intentions comiques, point d'intérêt, des longueurs. Demi-succès.

Mercure de France, tome 32, 1808, n° CCCLVII (samedi 21 mai 1808), p. 377 :

spectacles.Théâtre Impérial de l'Opéra-Comique. — Première représentation d'Amour et mauvaise Tête, opéra-comique en trois actes.

La plus belle saison de l'année n'est pas la plus lucrative pour les comédiens. La première représentation d'un opéra-comique, en trois actes, n'avait pas même attiré assez de curieux pour garnir la salle de Feydeau.

On s'aperçoit aisément qu'Amour et mauvaise Tête est le coup d'essai d'un très-jeune homme ; mais il n'est pas facile de mettre nos lecteurs dans la confidence de l'ouvrage : à travers les nombreux morceaux de musique dont il est surchargé, on n'a pu que difficilement en concevoir le plan ; tout ce que nous avons pu y reconnaître c'est que Valaincourt, jeune étourdi, et que l'on annonce avoir une mauvaise tète, aime Ernestine, fille de M. de Creneuil : le père est fortement prévenu contre lui, ce qui ne l'empêche pas de lui donner sa fille à la fin du troisième acte. On a trouvé beaucoup trop de ressemblanee entre le caractère de Valaincourt et celui de Ste-Foix dans le joli opéra de M. Duval.

La musique a paru en général manquer de couleur ; le compositeur n'a pas assez soigné l'ouverture, qui, à bien dire, n'est qu'un concerto de clarinette avec accompagnement obligé. On dit que les maîtres d'Italie négligent, presque tous, les ouvertures ; mais le public à Paris est plus exigeant, il veut que l'ouverture d'un opéra soit une esquisse rapide qui indique les principales situations de l'ouvrage. La partition de l'orchestre a fait plaisir ; les accompagnemens sont gracieux, et tout fait espérer que M. Paccini réussira complètement lorsqu'il rencontrera un poëme mieux tracé et mieux conduit que celui d'Amour et mauvaise Tête.

Nous avons déjà, dans ce Journal, reproché à Mlle Michu de négliger son chant. Si cette jeune actrice n'était pas intéressante par ses dispositions, nous ne lui donnerions pas des conseils qui ne sont dictés que par le désir sincère de voir la fille d un acteur qui a fait long-tems les délices de ce théâtre, se rendre digne du nom qu'elle porte ; nous l'invitons à travailler sérieusement son organe qui paraît rude et difficile à assouplir.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts 13e année, 1808, tome III, p. 414 :

[Comme d’habitude, le compte rendu s’ouvre par le résumé de l’intrigue. Le critique rend ensuite son jugement : un bon sujet, mais mal utilisé : «  les situations ne sont qu'indiquées, les scènes sont trop écourtées, et les morceaux de musique trop l'un sur l'autre ». La musique est meilleure que le « poëme », même si elle manque de couleur, par « la faute du poème », où il n’a rien trouvé à exprimer. Le compte rendu s’achève simplement sur le nom des auteurs.

Isabelle et Gertrude, ou les Sylphes supposées est un opéra comique de Favart, créé en 1765, avec la musique de M. Blaise.]

THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE.

Amour et mauvaise tête, opéra comique en trois actes , joué le 16 mai.

Un jeune homme, à qui sa mauvaise tête a donné assez mauvaise réputation, est épris d'une jeune personne dont le père est très-difficile sur le caractère de l'époux qu'il doit lui donner. Pour éviter les effets de la prévention, une cousine qui le protège le présente sous le nom de son autre cousin. Précisément ce cousin arrive; on est obligé de le présenter sous le nom de la mauvaise tête : de cette situation résultent plusieurs scènes comiques, entre autres celle, où pour soutenir la réputation du nom qu'on lui a donné, le cousin fait des extravagances devant celui même qu'il représente, et qui n'ose s'en fâcher. Corrigé, au moins en apparence, par l'Amour, la mauvaise tête devient assez raisonnable pour ne pas se battre avec son Sosie.

Témoin de ses efforts, le père lui donne sa fille. Malheureusement les situations ne sont qu'indiquées, les scènes sont trop écourtées, et les morceaux de musique trop l'un sur l'autre. Avec une jolie idée et de jolis mots, on n'a fait qu'un avorton.

La musique est fraîche, les accompagnemens bien faits ; il y manque peut-être un peu de couleur ; mais c'est la faute du poème : le musicien est bien embarrassé, quand il n'a rien à exprimer. Quelques morceaux, surtout un air chanté par Chenard, ont été distingués.

L'auteur des paroles est M. Alexis, celui de la musique M. Pacini de Naples, a qui on doit la nouvelle musique d'Isabelle et Gertrude.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome VII, juillet 1808, p. 263-266 :

[Le critique reconnaît son erreur : il ne croyait pas que la pièce nouvelle survivrait à la première représentation, mais elle survit, et il lui faut donc en faire le compte rendu. Elle est d’un auteur nouveau, réduit à un prénom, et d’un compositeur déjà connu (occasion pour évoquer, ou dénoncer, le grand nombre de musiciens italiens qui sévissent sur les théâtre français). Déjà remarqué par la musique nouvelle d’Isabelle et Gertrude (mais beaucoup regrettent l’ancienne), il a de nouveau fait un mauvais choix en écrivant la musique d’Amour et mauvaise tête (mais avait-il bien le choix ?). C’est que « l’intrigue [est] presque nulle » et n’avait rien pour « éveiller la verve d'un musicien ». La pièce est bien pourvue de son indispensable but moral : il s’agit de guérir un jeune homme de sa volonté de paraître un mauvais garçon. L’amour réussit ce miracle, et le jeune finit la pièce « converti et marié », selon les lois de l’opéra-comique, qui ignore toute autre fin. C’est ce dénouement convenu qui a mis le public de mauvaise humeur, alors qu’il avait « supporté le vuide des scènes ; la faiblesse de l'intrigue et la nullité du dialogue » et accepté la pauvreté de la partition.]

THÉATRE DE L’OPÉRA-COMIQUE.

Amour et mauvaise tête, ou la Réputation.

Le théâtre de l'Opéra-Comique a donné l'un de ces derniers jours la première représentation d’Amour et mauvaise tête, ou la Réputation : ce titre assez singulier avait excité quelque curiosité ; il y avait du monde; et quoique la pièce ait été assez vivement applaudie, quoique le dénouement seul ait été sifflé, quoique les auteurs demandés aient été nommés, nous étions, de bonne foi, dans la plus intime persuasion que l'ouvrage ne reverrait pas le jour. Nous regardions sa chùte comme complette, et nous croyions bien qu'il en serait de la pièce comme de celle dont parle Rivarol, que l'on donna pour la dernière fois le jour de sa première représentation.

Nous étions dans l'erreur ; la nouvelle comédie mêlée d'ariettes, c'est son titre, a été donnée une seconde fois, et au moment où nous écrivons, elle est annoncée pour la troisième, elle a même été traitée avec une très-grande bienveillance dans quelques-unes de nos feuilles publiques : nous ne pouvons donc raisonnablement la ranger au nombre de celles sur le destin fatal desquelles il nous arrive de garder le silence ; ce silence est excusable quand la chute a été mortelle ; ici il y a résurrection, c'est-à-dire miracle, il faut au moins consigner le fait.

L'auteur de la pièce nouvelle n'est encore connu par aucune production dramatique : il s'est fait annoncer sous le nom d’Alexis : que ce nom soit patronimique, de famille, ou pseudonyme, il n'importe, c'est celui dont on a fait la déclaration au public, ou plutôt à la partie des spectateurs qui le demandaient avec tant d'instance, qu'on voyait bien qu'ils n'avaient aucun besoin de l'apprendre. Le compositeur est M. Pacini:  il y a quelques années, nous aurions dit il Signor ; mais un si grand nombre d'Italiens introduits aujourd'hui dans le cercle de nos professeurs et de nos artistes, sont véritablement naturalisés parmi nous, que toute dénomination étrangère deviendrait désormais ridicule. M. Pacini, connu par des productions musicales agréables, avait fait l'essai de ses forces en composant une nouvelle musique pour Isabelle et Gertrude : il n'eut en cela qu'un tort, le choix de son sujet. On ne trouva pas la musique nouvelle mauvaise, mais beaucoup de personnes regrettèrent l'ancienne : la même chose était arrivée à des compositeurs dont la réputation était faite : M. Pacini n'eut pas lieu de s'en étonner.

Il a encore cette fois fait un mauvais choix, et serait à cet égard digue de quelque reproche d'imprudence, si un compositeur étranger était toujours la maître de ces sortes de choix, et si le désir bien naturel de se faire connaître, lui permettait toujours d'être scrupuleux et difficile.

Le sujet de la pièce nouvelle est d'une extrême faiblesse, l'intrigue presque nulle ; et quelques traits du dialogué exceptés, traits naturels et plaisans, l'ouvrage n'était pas de nature à éveiller la verve d'un musicien. Le but de la pièce est moral ; il consiste à présenter le ridicule et le danger pour un jeune homme bien né de prétendre à la réputation de mauvaise tête, d'afficher le désordre, d'affecter l'étourderie et le caractère des spadassins. Ici la leçon est donnée à un jeune homme entiché de ce défaut, au moyen d'une supposition de nom qui le force à se voir tel qu'il est sous les traits d'un autre, et à reconnaître combien il est instant qu'il se corrige. On conçoit bien qu'une intrigue amoureuse est liée à cette idée, et qu'au dénouement l'étourdi se trouve tout-à-coup converti et marié : c'est cette conversion subite, et ce mariage, sorte de finale obligé, dans les opéra comiques, qui ont fait éclater la mauvaise humeur du public : jusques-là il avait très-patiemment supporté le vuide des scènes ; la faiblesse de l'intrigue et la nullité du dialogue : il avait pardonné au musicien de placer avec peu d'adresse des morceaux en général très-faibles, de les multiplier à l'excès, et de faire à-peu-près disparaître l'auteur pour se montrer seul à la place, ornant un simple canevas de quelques phrases de chant, avec lesquelles sont trop familiarisés ceux qui suivent le théâtre italien.

Nicole Wild et David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris : répertoire 1762-1972, p. 135, attribuent 5 représentations à Amour et mauvaise tête.

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