Amour, folie et beaux arts

Amour, folie et beaux arts, comédie-vaudeville en un acte et en prose de Joseph Ernest Sutton de Clonard, 1er mai 1812

Théâtre de la Porte Saint Martin

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1812 :

Amour, folie et beaux arts, comédie-vaudeville en un acte et en prose, Par J. Ernest, Représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre de la Porte Saint Martin le premier mai 1812.

J. Ernest est le pseudonyme sous lequel Joseph Ernest Sutton de Clonard fait jouer ses pièces.

Journal de Paris, n° 124 du 3 mai 1812, p. 4 :

[C’est une petite chose que la pièce de J. Ernest (elle n’a droit qu’à la fin d’un feuilleton dans le Journal de Paris), et le critique peut se permettre de la traiter avec une certaine ironie. Il signale d’emblée qu’elle utilise le procédé usé des travestissements, que l’auteur a su « faire paraître nouveau ». L’intrigue est vite résumée, et un jugement d’abord positif parle de détails piquants, de couplets gracieux, d’airs bien choisis. La pièce est placée sous le signe de l’esprit français, amour, folie et beaux-arts, ce qu’explique bien le couplet final, que le critique reproduit. Reste que la réalisation n’est pas sans défauts, et l’ironie permet de souligner les insuffisances de la pièce, tout en disculpant généreusement (ou ironiquement) l’auteur, qui ne serait pour rien dans l’échec de sa pièce.]

THÉÂTRE DES JEUX GYMNIQUES.

Première représentation de Amour, Folie et Beaux-Arts.

Amour ! folie ! beaux-arts ! Voilà un titre bien pompeux, un cadre bien vaste pour un petit proverbe à deux acteurs. Mais quand l’ouvrage plaît, le public pardonne à l’auteur l’ambition de l’affiche, et il s’estime trop heureux quand on lui tient seulement moitié de ce qu’on lui promet. Pour soutenir une pièce à deux personnages, il faut nécessairement avoir recours aux travestissements. Cette ressource est bien usée, surtout aux Jeux Gymniques ; on n’en doit que plus d’éloges à l’auteur qui sait faire paraître nouveau un moyen qui l’est si peu.

Une jeune veuve, de la gaieté la plus folle, et un aimable étourdi cherchent mutuellement à se connaître avant de se marier. Sous divers costumes ils jouent tour-à-tour, l’un aux dépens de l’autre, une comédie dont leur hymen est le dénouement. On aurait tort de juger la pièce d'après cette sèche analyse ; les détails en sont piquans, les couplets gracieux et les airs bien choisis, et pouvait-on se présenter à des français sous de meilleurs auspices que ceux de l’amour, de la folie et des beaux-arts ?

L’auteur avait bien senti de quel heureux augure ces trois mots étaient pour son ouvrage ; il a même chargé l’actrice d’en faire la confidence au public dans son couplet final, qui ne me paraît pas indigne d’être cité.

Air : Traitant l'Amour sans pitié.

L’Auteur nous dit, l’autre jour,
Sur mon titre au moins j’espère ;
Gai voyageur de Cythère,
Le français chérit l’Amour :
Chez la Folie il s’engage,
Aux Beaux-Arts il rend hommage.
Ils sont, dès le premier âge,
Ses plaisirs et ses appuis.
Or, si le français, je pense,
Doit avoir de l’indulgence,
C’est pour ses meilleurs amis.

Après avoir fait, peut-être un peu généreusement, la part de la louange, je ne dois pas oublier celle de la critique. Le cadre a paru bien grand pour le tableau , mais ce n'est pas la faute de l’auteur..... Les deux auteurs [lire acteurs] n’ont pas donné à leur rôle l’expression convenable ; ce n'est pas encore la faute de l'auteur. La salle était peu garnie, et sans doute ce n’était pas la faute de l'auteur.... Les applaudissement n’en ont produit que plus d’effet ; on sait que le moindre bruit retentit bien mieux dans le vide. M. Ernest, qui a composé cette bluette, doit espérer qu’une autrefois il sera mieux servi.

A.

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