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Au retour

Au Retour, fait historique et patriotique, en un acte, de Radet et Desfontaines. 14 brumaire an 2 [4 novembre 1793.

Théâtre du Vaudeville

Titre :

Au retour

Genre

fait historique et patriotique

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

14 brumaire an 2 [4 novembre 1793]

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Radet et Desfontaines

Almanach des Muses 1794

Lucette et Justin sont près de célébrer leurs fiançailles. Le maire vient proclamer la loi de la première requisition. Justin n'aura vingt-cinq ans que dans trois jours. Un ami offre de partir à sa place. Justin refuse. Tous les garçon s'apprêtent pour le départ, et les jeunes filles leur promettent au retour le prix de leur travaux et de leur civisme.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez le Libraire du Théâtre du Vaudeville :

Au retour, fait historique et patriotique, En un Acte et en Vaudevilles, Des Citoyens Radet et Desfontaines. Représenté à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 4e jour de la seconde Décade du mois Brumaire, l'an deuxième de la République, une et indivisible. Seconde édition.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 11 (novembre 1794), p. 252-256 :

[Pas de comédie sans amour, et la pièce patriotique présentée ne fait pas exception : ce départ des volontaires, aussi républicain que possible, Pas vraiment d’intrigue dans une telle pièce, le suspense provoqué par le refus de la mère Mathurine de donner sa fille à Justin ne durant pas longtemps (jusqu’à l’intervention de son mari : c’est à lui de décider). Dans une telle pièce, ce qui compte ce sont les sentiments républicains des personnages, et tous les proclament dans une série de couplets pleins d’esprit : Mathurin, Justin, le curé et sa femme (pour laquelle le critique invente le mot « curée », ou « curesse »), les jeunes filles , qui regrettent le départ des beaux garçons, mais reviennent vite à de meilleurs sentiments, patriotiques, bien sûr. Car Justin doit suivre l’ordre de réquisition, parce qu’il est trop jeune de trois jours pour y échapper. Et le débat autour de cette réquisition tourne court : c’est la loi, il faut obéir. Bilan de la critique : pièce bien écrite, avec « une foule de jolis couplets animés par le plus pur républicanisme », marche rapide, on regrette seulement une exposition « un peu froide ». Elle a été bien jouée, avec ensemble dès le premier jour (ce n’est, semble-t-il, pas toujours le cas !), et les auteurs ont été nommés sans paraître : ils « étoient absens ».]

Au Retour, piece patriotique en un acte & en prose, mêlée de vaudevilles; par les cit. Radet & Desfontaines.

L'amour, comme chacun sait, est toujours pour quelque chose dans une comédie, & le Petit vaudeville malin, quoiqu'il se moque de tout, est bien loin de vouloir l'exclure. Aussi ne sera-t-on pas surpris, en apprenant que Justin aime Lucette avec cette franchise de cœur qu'on ne trouve plus qu'au village. II vient donc dès le matin pour conter son amoureux tourment à son amante, lorsque la mere Mathurine, qui n'est pas pressée de donner sa fille à Justin, & qui voit avec quelque peine que ces jeunes gens soient si sottement épris l'un de l'autre, gronde Lucette, & veut renvoyer Justin ; mais heureusement cette querelle ne va pas plus loin qu'un jeu de mots ; l'amant s'excuse en disant : Je passois-,.. & la mere ne lui laisse rien à répondre, en ajoutant : Il falloit donc passer.

Mathurin arrive ; qui est bien étonné ? c'est sa femme, lorsqu'elle apprend qu'il a tout arrangé pour les fiançailles de leur fille. Elle en est outrée : mais Mathurin & Justin l’appaisent, en chantant sur I'air de la Croisée, les couplets suivans :

D'un bon & franc républicain,
Le mariage est la loi premiere ;
Du civisme dont il est plein
Il anim' sa famille entiere :
Ces transports-là n'sont pas sentis
Par le triste célibataire ;
Pour savoir aimer s®n pays,
    Faut être époux & pere!

Justin partage cette maniere de voir, & c'est pour elle qu'il ajoute:

Garçon , j'ai toujours d'un soldat
Montré le courage 8c l'audace ;
Et jamais pour servir l'état,
A d'autre j'n'ai cédé ma place ;
En formant ce double lien,
Me v'là dans une double milice ;

Aussi,

Comm' époux & comm' citoyen,
    J's'rai toujours de service.

Le curé du lieu, bon citoyen, qui a voulu servir sa patrie de ces deux manieres, & qui s'est marié sans doute pour cette raison, vient avec sa femme se mêler aux jeux de nos villageois & chanter comme eux des couplets patriotiques, dans lesquels toutefois il forme des vœux pour le retour de la paix. Eh ! quoi, s'écrie le maire, sur l'air de la Soirée orageuse :

Citoyens, vous parlez de paix,
Lorsque la France est outragée !
Lorsque des plus affreux forfaits
Ses enfans ne l'ont pas. vengée !...

Des tyrans creusons le cercueil ;
Brisons leur sceptre despotique :
Point de paix tant que leur orgueil
Méconnoîtra la république.

Vous avez raison, reprend le curé : toutefois n'empêchons pas nos amis de se divertir. Alors les villageois invitent la cit. Curée (1) à danser. Elle ne demande pas mieux ; mais avant de se mettre en train, elle est bien-aise de chanter une petite gaieté. Aussi dit-elle, sur l'air de la Cataquoua :

Mon époux, plus que l'on ne pense,
Mon époux aime la gaieté ;
Et vraiment il est pour la danse
Rempli de bonne volonté.
Pour s'amuser, pour me distraire,
II voudroit bien danser souvent :
        Et cependant,
        Ne sais comment,
De jour en jour, de moment en moment,
Le tems se passe de maniere
Que nous dansons bien rarement.

Nous ne devons pas oublier de dire qu'avant de faire au curé la réponse que nous avons rapportée, le maire avoit proclamé la loi qui met en réquisition tous les jeunes gens depuis dix-huit jusqu'à vingt-cinq ans. Justin est encore dans cette classe, puisqu'il ne doit atteindre sa vingt-cinquieme année que dans trois jours. Un de ses amis, fâché de le voir partir au moment de ses fiançailles, offre de le remplacer. Non, mon ami, répond ce brave républicain, c'est aujourd'hui que la loi parle, c'est aujourd’hui quelle me met en réquisition, c’est aujourd’hui que je dois obéir. Mais, lui répond son ami, tu ne saurois partir, tu n'es pas de taille. Ah ! s'écrie-t-il, sur l'air : On compterait les diamans.

Amis, mets la main sur mon cœur :
Tu sentiras que j'ai la taille ;
Tout comme toi, rempli d'ardeur,
J'grandirai l'jour de la bataille.
Les plus petits comme les plus grands
Savent combattre les despotes;
C'est à leur hain' pour les tyrans
Qu'on doit m'surer les patriotes.

C'en est donc fait, rien ne peut retenir Justin, & il va se mettre en route avec ses braves camarades. Les filles du village sont d'abord un peu fâchées de ce départ ; mais bientôt le sentiment du patriotisme les rappelle à leur devoir, & elles protestent à leurs amans qu'ils obtiendront au retour le prix de leurs exploits & de leur patriotisme.

Cette piece, dont le fonds, comme on voit, est très-simple, est bien écrite & renferme une foule de jolis couplets animés par le plus pur républicanisme. Aussi les a t-on fait répéter pour la plupart ; sa marche est rapide, & l'ensemble ne laisseroit que peu de chose à désirer, si l’exposition étoit un peu moins froide. On redemanda le couplet suivant, que Justin adresse au public, sur l'air : Amusez-vous, jeunes fillettes.

Citoyens , il faut d’l’indulgence
Pour un tableau sans prétention ;
Mais j'connoissons vot' bienveillance,
Vouv ne verrez que l'intentíon.
Vous le savez , votre suffrage
Nous d'vient plus cher de jour en jour :
Pour protéger cc foible ouvrage,
Nous vous attendons au retour.

Les acteurs n'ont pas attendu cette époque pour bien jouer la piece ; car, dès la premiere représentation, ils y ont mis tout l'ensemble , tout le zele qu'on pouvoit en attendre ; & les acteurs y ont mérité les applaudissement que le public leur a donnés. A la fin de la premiere représentation, on demanda l’auteur. Le cit. Lèger vint nommer les cit. Radet & Desfontaines ; & comme on témoigna le désir de les voir paroître, le cit. Léger répondit qu'ils étoient absens.

(Journal des Spectacles ; Annonces & avis divers.)

Annales dramatiques, ou dictionnaire général des théâtres, (1808), volume 1, p. 419 :

AU RETOUR, fait patriotique, en un acte, par MM. Radet et Desfontaines, au Vaudeville, 1794.

Justin est à l'instant d'épouser Lucette. Mais, voilà que tout-à-coup le maire de sa commune proclame la loi de la réquisition ; dès-lors, plus d'amour, plus d'hymen pour Justin. C'est en vain qu'un de ses amis se propose pour partir à sa place ; non moins fidèle à sa patrie qu'à sa maîtresse, Justin le refuse, et part avec les garçons du village, aux acclamations des jeunes filles, qui leur promettent, au retour, la récompense de leurs belliqueux travaux, et de leur ardent patriotisme.

Dans la base César : première au Théâtre du Vaudeville le 4 novembre 1793.

Nombreuses représentations jusqu'au 17 février 1795, principalement au Théâtre du Vaudeville, mais aussi au Théâtre de l'Ambigu-Comique.

Théâtre de l'Ambigu-Comique : 54 représentations (1793 : 12 fois ; 1794 : 39 fois ; 1795 : 3 fois) ;

Théâtre français comique et lyrique Paris : 2 représentations (en 1794) ;

Théâtre du Lycée des Arts : 20 représentations (1793 : 3 fois ; en 1794 :17 fois)

Théâtre de la Montagne : 11 représentations (1793 : 1 fois ; 1794 : 10 fois) ;

Théâtre du Vaudeville : 37 représentations (1793 : 20 fois ; 1794 : 17 fois).

Total : 124 représentations en deux ans et 4 mois et demi (en 1793 : 36 fois ; en 1794 : 85 fois ; en 1795 : 3 fois.

(1) Nous voulons dire la femme du curé. Dans l'ancien régime, on disojt bien la comtesse, la présidente, l’élue ; pourquoi, dans le nouveau, ne diroit-on pas la curée ? Quelques lecteurs délicats ne faisant pas attention que le mot est plus dur, préféreroient peut-être la curesse. Eh bien ! lecteurs bénévoles, point de dispute : curesse ou curée, n'importe, pourvu qu'on dise la chose & qu'on épargne une circonlocution.

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