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Auguste et Théodore, ou les Deux pages

Auguste et Théodore, ou les Deux pages, Comédie nouvelle en deux actes, en prose, mêlée de chants, de Dezède et Manteuffel, musique de Dezède, représentée au Théâtre François le 6 Mars 1789.

Théâtre François.

La base César ajoute un troisième auteur, Louis-François Faur.

Dans la liste de Brenner :

# 6159 :[Faur, Louis-François] Auguste et Théodore ou les deux pages, com., 2 a., prose, mêlée de chant. Musique de Dezède et Manteufel. Repr. Th. Fr., 6 mars 1789. Paris, l'auteur et chez Knapen fils, 1789, in-8. Ms Arsenal 9491. Imitée de der Edelknabe, de J. J. Engel.

Almanach des Muses 1790.

Pièce dont le sujet est une anecdote très-connue, & qui a été déjà traité dans une Comédie allemande, imitée depuis sur de nos petits Théâtres. Un Page du feu Roi de Prusse se laisse surprendre par le sommeil. Ce Prince apperçoit un papier qu'il tenoit dans ses mains, & curieux de le parcourir, apprend que ce jeune homme emploie tout son argent à secourir sa mère. Le Page, dans ce moment, rêve qu'il reçoit cent ducats pour elle ; le Roi glisse réellement dans sa poche un rouleau de cent ducats. Par un hasard peu vraisemblable, un des camarades du jeune-homme a égaré justement pareil rouleau un instant après : confusion du Page qui le trouve dans sa poche, & que le Roi justifie.

Des scènes touchantes. Dialogue très-agréable & très-naturel. Personnages accessoires d'un maître d'hôtellerie & de sa femme qui jettent de la gaieté sur ce petit ouvrage, qui a eu beaucoup de succès.

Quelques jolis airs de M. Dezède.

Le feu roi de Prusse, c'est Frédéric II,1712-1786, roi de 1740 à 1786. Il a été le premier à porter le titre de roi de Prusse

Sur la page de titre de la brochure, à Toulouse, chez Broulhiet, 1789 :

Auguste et Théodore, ou les deux pages, comédie en deux actes, en prose et mêlée de chant. Par MM. Dezède & B. D. M. Représentée pour la première fois à Paris, par les Comédiens Français, ordinaires du Roi, le 6 Mars 1789 ; & à Versailles devant Leurs Majestés, le 12 du même mois.

Mercure de France, n° 12 du 21 mars 1789, p. 150-153 :

[Compte rendu un peu déroutant, puisqu’au lieu d’analyser l’intrigue de la pièce, le critique reproduit la source de la pièce allemande qui a inspiré la pièce française. Il détaille ensuite les transformations apportées à la pièce allemande, des transformations importantes, destinées à enrichir une anecdote « trop nue pour la Scène » : ajout d’un acte préliminaire où intervient la mère et la sœur du personnage principal dans une auberge dont les patrons se révèlent d’une grande générosité, ajout d’un deuxième page, remplacement de la lettre du page par un rêve de même contenu, et en plus du don des ducats, l’évocation de la perte de la même somme par le jeune page étourdi. La pièce est jugée gaie, intéressante et pleine de grâce, mais il faudrait en supprimer « quelques longueurs ». La revue des acteurs est pleine d’éloges des différents interprètes : tous excellents, et le critique se félicite des progrès d'Émilie Contat, dont il se félicite d’avoir encouragé la carrière. Le dernier paragraphe permet enfin de payer tribut à la personne du roi (« un Prince dont le nom est associé par la gloire à celui de Frédéric le Grand », ne serait-ce pas Louis XVI ?).]

Le Vendredi 6 Mars on a représenté pour la première fois Auguste et Théodore, ou les deux Pages, Comédie en deux Actes & en prose mêlée de chants.

Le fonds de ce petit Ouvrage est tiré d'une Comédie Allemande, dont M. Engel est l'Auteur, qui a pour titre : Le Page, & dont il a paru, presque au même moment, deux traductions Françoises en 1781. M, Engel avoit lui-même tiré son Drame d'une Anecdote qui se trouve à la fin d'une Vie privée de Frédéric Il, Roi de Prusse , nous allons la transcrire.

» Frédéric sonna un jour, & personne ne vint. Il ouvrit sa porte, & trouva son Page endormi dans un fauteuil. Il alloit le réveiller, lorsqu'il apperçut un bout de billet qui sortoit de sa poche. Il fut curieux de ravoir ce que c'étoit, le prit, & le lut, C'étoit une lettre de la mère du jeune homme, qui le remercioit de ce qu'il lui envoyoit une partie de ses gages pour la soulager dans sa misère. Elle finissoit par lui dire que Dieu récompenseroit sa bonne conduite. Le Roi, après avoir lu, rentra doucement dans sa chambre , prit un rouleau de ducats, & le glissa avec la lettre dans la poche du Page. Rentré dans sa chambre, il sonna si fort, que le jeune homme se ré veilla. — Tu as bien dormi, lui dit le Roi. — Le Page voulut s'excuser. Dans son embarras, il mit la main dans sa poche, & sentit le rouleau. Il le tira, pâlit, regarda le Roi en pleurant, sans pouvoir dire un mot. — Qu'as-tu ? dit le Roi. — Ah ! Sire, dit le jeune homme en se précipitant à ses genoux, on veut me perdre. Je ne sais ce que c'est que cet argent que je trouve dans ma poche. Mon ami, répliqua Frédéric, Dieu nous envoie quelquefois le bien en dormant. Envoye cela à ta mère, salue-la de ma part, & assure-la que j'aurai soin d'elle & de toi. «

L'Imitateur de M. Engel a trouvé cette Anecdote trop nue pour la scène. Il a jugé à propos, dans un premier Acte tout entier de son invention, d'amener la mère & la sœur du Page à Berlin, chez d'honnêtes Aubergistes, qui les reçoivent avec une délicatesse respectueuse, & qui, apprenant que l'une est la femme & l'autre la fille d'un Officier Général qui a fait leur fortune, se rendent cautions pour elles dans une affaire aussi injuste que malheureuse. Il a fait contraster avec le rôle donné, celui d'un autre Page, jeune étourdi, plein d'esprit, de vivacité, de candeur , & faisant des sottises d'une manière si aimable , qu'il ne cesse pas d'intéresser & de plaire. Il a changé la lettre de la mère du Page en un rève que celui ci fait en parlant. Enfin il a opposé au don de cent ducats, fait par Frédéric, la perte de cent autres ducats faite par le Page étourdi, & cette situation amène des soupçons , des explications. Le triomphe du bon fils est le dénouement.

Cet Ouvrage a de la gaîté , de l'intérêt & de la grace. Il y a quelques longueurs, peut-être, mais il est facile de les élaguer. C'est une de ces bluettes où l'esprit & la sensibilité suppléent l'art, & dont on s'amuse sans conſéquence.

Les rôles des Aubergistes sont très bien rendus par Mademoiselle Contat, & par M. Dazincourt. Nous ne pouvons que nous féliciter des encouragemens que nous avons donnés à Mademoiselle Emilie Contat ; ses progrès les justifient. Nous avons si souvent rencontré des Sujets qui n'ont pas répondu à nos bonnes intentions, que nous remercions cette Actrice de ne nous avoir point fait mentir. Madame Petit & elle sont très intéressantes dans les deux Pages. Dire que Madame Bellecourt joue un petit rôle de Gouvernante, c'est dire que ce rôle est bien joué. M. Fleury, dont le talent est bien rarement déplacé, & qui acquiert de jour en jour, a joué le rôle de Frédéric avec un ton de noblesse, d'originalité & de décence comique qui mérite une mention particulière.

Parmi les couplets, on en a distingué un qui fait allusion à un Prince dont le nom est associé par la gloire à celui de Frédéric le Grand : on l'a fait répéter; il a été applaudi avec transport.

Grimm, Correspondance littéraire, philosophique et critique, Troisième et dernière Partie, tome cinquième (Paris, 1813), p. 68-70 :

[Grimm cite Hirza, ou les Illinois, une pièce de Billardon de Sauvigny de 1767 . Et le Théâtre de société attribué au même pourrait être les Après-soupés de la société, petit théâtre lyrique et moral, de Billardon de Sauvigny (1783).

Le Page est une pièce de Johann Jakob Engel traduite de l'allemand (1781).]

Le vendredi 6 mars, les Comédiens français ont donné la première représentation d'Auguste et Théodore, ou les deux Pages, drame en deux actes, imité du Page, comédie allemande de M. Engel, par M. de Sauvigny, l'auteur des Illinois, du Théâtre de Société, etc. Il paraît que la pièce avait été arrangée d'abord pour le Théâtre italien. M. Dezède en avait composé la musique, et c'est lui-même qui l'a présentée ensuite à la Comédie française. Pour que sa composition ne fût pas entièrement perdue, on a voulu en conserver au moins deux ou trois morceaux dont le chant est assez agréable, mais qui n'ajoutent rien à l'intérêt de la scène.

Cette pièce, malgré quelques longueurs et beaucoup de détails insignifians, a paru faire un extrême plaisir. La scène du second acte, entre le page et le roi, est vraiment neuve et touchante ; mais rien n'a plus contribué au succès de ce petit ouvrage que la manière dont il a été joué : il y avait long-temps qu'on n'avait vu de comédie représentée avec autant de chaleur, d'ensemble et de vérité1. Le sieur Fleury, chargé du rôle de Frédéric, à l'observation la plus exacte du costume a su joindre le talent de saisir si parfaitement les gestes et la physionomie du héros, qu'il a fait illusion même aux spectateurs qui avaient eu le plus souvent le bonheur d'approcher l'auguste modèle. On assure que cet acteur avait reçu plusieurs leçons d'un gentilhomme de la suite du prince Henri ; quoi qu'il en soit, il a paru que l'art ne pouvait guère être porté plus loin dans ce genre d'imitation ; et le mérite d'offrir une copie si naturelle et si frappante d'un roi qui fut l'admiration de son siècle, comme il le sera sans doute des siècles à venir, ce seul mérite aurait décidé le succès de la représentation. M. le comte d'Oëls a été, sans en être prévenu, le témoin de l'hommage que la Nation rendait à son frère ; on avait engagé le maréchal de Beauvau à conduire l'illustre voyageur dans une loge où le public pouvait jouir de la satisfaction de lui adresser les applaudissemens dont on faisait retentir la salle ; ils ont redoublé lorsqu'à la fin de la pièce on a chanté au jeune page le couplet que voici :

Vous allez voir un guerrier
Qui sut toujours être invincible,
Qui joignant le myrte au laurier
Sut être modeste et sensible ;
Vous allez, donc voir ce héros
Qui vous reçoit sous ses drapeaux.
Si la gloire vous parait belle,
Si vous voulez par des faits brillans
Unir les vertus aux talens,
Prenez ce héros pour modèle.

1 Les rôles des deux pages ont été rendus avec beaucoup d'intelligence par madame Petit-Vanhove et par mademoiselle Contat cadette.

Dans la base César : l’œuvre est de Dezède, Faur et Manteuffeld ; la musique est de Dezède.

71 représentations du 6 mars 1789 au 5 octobre 1798 (mais la représentation à Versailles n'est pas indiquée).

Dans la base Lagrange de la Comédie Française, la pièce a pour auteur Manteufel (Ernest, baron de Manteufel). Elle a été créée le 6 mars 1789 à la Comédie Française, où elle a été jouée 176 fois de 1789 à 1833. Nicolas Dezède figure dans l'équipe artistique pour cette création, comme compositeur.

 

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