L'Actrice chez elle

L'Actrice chez elle, opéra comique en un acte, de Marsollier, musique de Daleyrac. 5 vendémiaire an 8 [27 septembre 1799].

Théâtre de l'Opéra Comique National, rue Favart

Almanach des Muses 1801

Scènes épisodiques, dans lesquelles l'auteur des paroles avait pour but de faire briller le talent charmant de madame Saint-Aubin. L'actrice, à cet effet, étant chez elle, répétait différens rôles ; et, tout en étudiant, recevait différens personnages. Un jeune homme entr'autres qui avait fait une pièce, et s'y était peint dans le rôle d'un amant timide ; puis arrivait le père de la jeune actrice à qui cet amant demandait la main de sa fille, que le père accordait sans hésiter.

Succès contesté.

Dans le Courrier des spectacles n° 948 du 5 vendémiaire an 8 [27 septembre 1799], la première de la pièce est annoncée comme « Laure, ou l'Actrice chez elle, opéra en 1 acte, avec des scènes épisodiques ».


 

Titre :

Laure, ou l’Actrice chez elle

Genre

opéra

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose, avec couplets en vers

Musique :

oui

Date de création :

5 vendémiaire an 8 (27 septembre 1799)

Théâtre :

Théâtre Favart (Opéra-Comique National)

Auteur(s) des paroles :

M. Marsollier

Compositeur(s) :

M. Daleyrac

Courrier des spectacles n° 949 du 6 vendémiaire an 8 [28 septembre 1799], p. 2 :

[La nouvelle pièce n'a pas réussi, entre rares scènes applaudies et d'autres « écoutées avec défaveur ». La fin a été mal reçue, si bien que les auteurs ont été à peine demandés. Le résumé de l'intrigue la réduit à n'être qu'une pièce « à tiroirs », l'actrice répétant ses rôles et recevant différentes visites, dont celle d'un jeune peintre amoureux d'elle, d'un homme riche aux intentions peu correctes, d'un vieillard qu'elle aide financièrement. Il y a bien sûr une intrigue amoureuse, et elle permet à l'actrice d'accorder, sous l'autorité de son père, sa main au jeune peintre : l'indispensable mariage. Le jugement porté est sans concession : une pièce à tiroirs, sans intrigue ni vraisemblance. Il s'agit de faire valoir le talent multiforme de l'actrice, et il est très grand. La musique n'est pas non plus très bien jugée, malgré une ouverture remarquée. Mais le sujet ne se prêtait guère « à la composition ».]

Théâtre Favart.

Le nouvel opéra en un acte, que l'on a donné hier à ce théâtre, sous le titre de Laure, ou l'Actrice chez elle, n’a point obtenu de succès ; quelques scènes, à la vérité, ont été justement applaudies, mais d’autres ont été écoutées avec défaveur. Le dénouement sur-tout a déplu, et beaucoup de murmures se sont mêlés à quelques voix qui demandoient les auteurs.

Laure, chez elle, se dispose pour différens rôles, et, se figurant en scène, les répète alternativement.

Laure a remarqué au théâtre un jeune peintre qui fixoit continuellement ses regards sur elle. Cet artiste, pour s’introduire, prend le costume et l’accent d’un maître d’anglais qui, de la part d’un de ses écoliers, demande à Laure la permission de venir la voir. Un enrichi se présente à son tour avec des vues moins légitimes : Laure, qu’il prend pour une suivante, s’amuse aux dépens du sot et finit par l’éconduire.

Un vieillard succède ; il est malheureux : Laure, sa créancière, l’oblige en lui accordant pour acquitter ce qu’il doit, plus de facilité qu’il n’en demandoit.

Le jeune peintre revient, propose un rôle, ou plutôt demande avis sur une pièce qu’il a faite : dans cet ouvrage, qu’il intitule l'Amant timide, il se met lui-même en situation ; tout ce que le personnage doit dire c’est lui-même qui le prononce ; il suppose sensible à son égard l’amante qu’il met eu scène, et par les observations de Laure, il s’assure qu’il est aimé. On annonce un vieillard : c’est un laboureur, c’est le père de Laure. Pour ne pas nuire aux épanchemens de cette entrevue, l’artiste s’est retiré dans un cabinet voisin ; il reparoit bientôt, demande au père de Laure la main de celle qu’il aime, et n’essuye point de refus.

On voit que c’est ici une de ces pièces que l’on appelle à tiroirs. Celle-ci n’a qu’une intrigue foible et sans vraisemblance : on pourroit dire à la rigueur qu’elle n’a réellement point d’intrigue. On y a vu quelques détails très-heureux , mais un plus grand nombre insignifians ou inutiles ; en un mot le principal intérêt paroissoit avoir été fondé et reposoit en effet sur le jeu chaque jour plus étonnant de la citoyenne St-Aubin. Il suffiroit, pour juger de la vérité de cette dernière observation, de la voir au moment où elle est censée répéter un rôle d’ingénue. C’est ce caractère rendu dans toute sa perfection.

La musique, peu brillante, n’est pas cependant sans mérite ; elle décèle une plume exercée, mais qui n’a traité que légèrement un sujet qui ne prêtoit pas assez à la composition. L’ouverture a fait généralement plaisir.

Mercure de France, journal politique, littéraire et dramatique, tome neuvième, décadi, 10 Vendémiaire, an 8, p. 83-84 :

THÉÂTRE DE L'OPÉRA-COMIQUE NATIONAL, RUE FAVART.

5 Vendémiaire.

Laure , ou l’actrice chez elle, Opéra, en. un acte, avec des scènes épisodiques.

Cette pièce avait pour but de faire briller, dans un seul cadre, tous les talens et toutes les graces dont la nature a pourvu si abondamment l'inimitable actrice qui fait, depuis plus de dix ans, les délires des amateurs de ce théâtre. Les intentions de l'auteur ont été parfaitement remplies de ce côté ; mais le défaut d'intrigue l'ayant obligé à avoir recours aux scènes épisodiques, plusieurs, véritablement inutiles et faisant longueur, ont donné lieu à quelques murmures. Il est cependant aisé de reconnaître la plume d'un homme de lettres estimable. A travers mille détails charmans, et qui ont échappé sans doute à beaucoup de spectateurs, on en rencontre d'autres un peu minutieux. En général, cet ouvrage pêche sur-tout par un trop grand luxe d'esprit. Hélas ! combien de gens sont affligés du défaut contraire ! Au reste , il y a tout lieu d'espérer qu'au moyen de coupures heureuses, ce petit opéra sera vu avec plaisir aux représentations subséquentes, et que le public s'empressera de rendre justice aux grâces enchanteresses d'une actrice que depuis long-tems il chérit justement, et aux talens connus des auteurs qui ont déjà su mériter plus d'une fois. ses nombreux suffrages.

L'ouverture a fait le plus grand plaisir, ainsi que l'air chanté par la citoyenne Saint-Aubin, et où elle remplit trois rôles différens, dont elle a saisi les diverses nuances avec la dernière perfection.

Quelques scènes de cet opéra offrent de légers rapprochemens avec plusieurs de la Débutante, opéra, de feu Chevrier, représenté, depuis peu, sous un autre nom d'auteur, sur le théâtre des Jeunes Artistes.

7 Vendémiaire;

La seconde représentation de cet opéra a obtenu autant de succès que la première avait éprouvé de défaveur. L'auteur a fait des coupures heureuses dans son dialogue, et a entièrement supprimé deux scènes, absolument inutiles à l'action. Ce sont celles où paraissent la marchande de modes, et l'infortuné débiteur de Laure. La marche de cette pièce en devient plus rapide, et il n'y a pas de doute qu'elle n'ajoute encore à la réputation méritée de ses auteurs, connus depuis long-tems par des succès. Ils ont été demandés à grands cris et nommés. Ce sont les citoyens Marsollier et d'Aleyrac.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, 5e année, 1799, tome III, p. 546

Théâtre Favart.

Laure, ou l’Actrice chez elle.

Laure répète, dans son appartement, différens rôles dont elle est chargée. Elle a remarqué, au théâtre, un jeune peintre qui la fixoit toujours avec la plus grande attention. Cet artiste se faisant passer pour un maître d'anglois, dont il a adopté l'accent, trouve le moyen de s'introduire chez Laure en s'annonçant venir de la part d'un de ses écoliers. Un nouveau riche, qui se présente avec des vues moins légitimes, prend Laure pour une suivante ; elle s'égaye pendant quelque temps à ses dépens, et finit par l'éconduire. Un Vieillard malheureux, débiteur de Laure, vient ensuite ; elle lui accorde, pour faire son paiement, toutes les facilités possibles, et plus qu'il n'en avoit espéré. Le jeune peintre revient demander des avis sur une pièce qu'il a faite, intitulée l’Amant timide, et dans laquelle il a peint sa propre situation ; les observations de Laure lui découvrent bientôt qu'il en est aimé. On annonce alors un vieux cultivateur, c'est le père de Laure ; le peintre, pour ne pas les gêner dans cette entrevue, se retire dans un cabinet voisin ; bientôt il reparaît, et demande au vieillard la main de sa fille qui lui est accordée.

La première représentation de cet opéra en un acte, qui eut lieu le 5 vendémiaire, n'avoit pas obtenu dé succès, et le peu de voix qui demandoient les auteurs, ont été étouffées par de nombreux murmures ; mais plusieurs changemens qu'on y a faits, l'ont fait accueillir plus favorablement aux représentations suivantes. Les auteurs ont été alors demandés et applaudis ; ce sont les CC. Marsollier et Daleyrac. La C.e Saint-Albin y joue continuellement de la manière la plus parfaite, un des rôles les plus difficiles de son répertoire.

La Décade philosophique, littéraire et politique, an 8, premier trimestre, n° 3 du 30 vendémiaire, p. 173 :

L'Actrice chez elle.

On a donné dans la dernière décade, au théâtre de l'Opéra-Comique national, une pièce intitulée l' Actrice chez elle ; deux auteurs aussi spirituels que Marsollier et Dalayrac, aussi distingués dans la carrière, auraient dû renoncer à cette petite fantaisie de rendre et de faire rendre un hommage d'applications à l'aimable actrice de ce théâtre que son talent et son caractère rendent chère au public et à ses amis : ils auraient dû connaître assez les hommes et le monde théâtral pour savoir que rarement ces sortes d'ouvrages réussissent, et qu'ils éveillent presque toujours les sifflets de l'envie et les sarcasmes de la malignité. La pièce d'ailleurs est réellement au-dessous de ce qu'on doit attendre du Poëte et du Compositeur : aussi la première représentation a-t-elle été fort orageuse parce qu'elle réunissait contre elle, à-la-fois, les censeurs de l'ouvrage et les envieux de l'Actrice : à la seconde, les partisans de l'ouvrage avaient le champ. de bataille presque en entier, et la pièce tombée d'abord, a été cette fois aux nues dans le parterre. On ne parlera bientôt plus de cette petite débauche d'esprit et de flatterie, et la Citoyenne Saint-Aubin n'en sera ni plus ni moins chérie comme une actrice pleine de grace et de talent.

Annales dramatiques, ou dictionnaire général des théâtres, tome cinquième (Paris, 1810), p.307-308 :

LAURE, ou L'actrice Chez Elle, opéra en un acte, par M. Marsollier, musique de M. d'Aleyrac, à l'Opéra-comique.

Cette pièce offre plusieurs scènes agréables ; mais le défaut de plan, et la lenteur de l'action, la firent pencher à la première représentation : au moyen d'utiles coupures, elle se releva dès la seconde, et fut vivement applaudie. Alors, les auteurs, qui avaient gardé l'anonyme, furent redemandés, et se nommèrent.

D’après la base César (qui ne donne pas le nom de Daleyrac comme auteur), la pièce a été jouée 9 fois au Théâtre Italien (salle Favart), du 27 septembre au 14 octobre 1799.

Ajouter un commentaire

Anti-spam