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L'Adroite ingénue, ou la Porte secrète

L'Adroite ingénue, ou la Porte secrète, comédie en 3 actes en vers, imitée de Calderon, de Dumaniant et Désaugiers, 16 fructidor an 13 [3 septembre 1805].

Théâtre de la Porte-Saint-Martin.

Courrier des spectacles, n° 3124, du 17 fructidor an 13 [4 septembre 1805], p. 2 :

Théâtre de la Porte St-Martin.

L'Adroite Ingénue, ou la Porte secrette, comédie en trois actes et en vers, a obtenu hier à ce théâtre un succès brillant. Les auteurs MM. Dumaniant et Desaugiers ont été appelés après la représentation, et ont paru sur le théâtre au milieu des applaudissemens.

Courrier des spectacles, n° 3125, du 18 fructidor an 13 [5 septembre 1805], p. 2-3 :

[La pièce nouvelle représente une innovation importante pour le Théâtre de la Porte Saint-Martin, cantonné habituellement à la représentation de pièces ancienne. En jouant une comédie alliant scènes nouvelles, détails très agréables, intrigue bien conduite et dénouement heureux, les acteurs comiques, bien utilisés, ont pu montrer leur talent : chaque acte montre les qualités qu'on attend d'une comédie. L'intrigue, longuement résumée, est compliquée à souhait, et recourt à tous les poncifs du genre, pour s'achever par la fin heureuse qu'on attend de ce genre de pièce : la jeune ingénue arrive à ses fins, elle épouse celui qu'il aime au lieu de celui qu'on lui destinait, et sa tante finit par se résigner à épouser l'ami de celui que sa pupille a choisi. Pour arriver ce résultat, il faut beaucoup de ruses et de déguisements, et les jeunes gens en usent habilement. L'article s'achève sur la présentation très positive des interprètes, y compris les seconds rôles.]

Théâtre de la Porte St-Martin.

L'Adroite Ingénue, ou la Porte secrette.

Jusqu’ici ce théâtre n’avoit composé son répertoire comique que de pièces anciennes et connues ; quoique représentées avec ensemble, elles n’avoient plus cette fraicheur, ce mérite de la nouveauté si cher aux Français, et surtout aux Parisiens. Les acteurs eux mêmes répartis dans les mélodrames, attendaient de nouvelles pièces pour déployer de nouveaux talens ; l'Adroite Ingénue a satisfait tous les vœux. Le public a concédé libéralement ses suffrages à des scènes nouvelles, à des détails très-agréables, à une intrigue sagement conduite et terminée par un heureux dénouement. Les acteurs comiques s’y sont trouvés placés d’une manière convenable, et chacun d’eux y a déployé beaucoup d’intelligence.

Le premier acte de cette comédie brille par le mérite et la clarté de l’exposition, le second par le charme des détails, et le troisième par la rapidité de l’intrigue et l’effet comique des situations.

Mad. de Verneuil, veuve retirée à la campagne chez M. Dupré, se dispose à donner sa pupille Laure à un certain Léonard, espèce de campagnard imbécille qui arrive tout à point pour épouser. On s’attend bien qu’il en est de Laure comme de toutes les jeunes personnes que l’on veut marier ; son cœur est déjà donné à un autre plus spirituel et mieux tourné que le rustre ; ce mortel heureux est Frédéric. Pour arriver à son but, il se ménage adroitement l’amitié de la veuve, tante et maraine de Laure. Mad. de Verneuil qui n’a point renoncé à l’espoir d’un second hymen, s’estime heureuse d’être recherchée par un jeune homme. Les rapports d’André, valet de Frédéric, garçon simple, curieux et bavard, la conduite du jeune homme, celle de Laure, tout semble confirmer son espoir, et elle finit par écrire elle-même à Frédéric pour encourager sa timidité. Elle fait mieux ; elle prend sa rivale pour confidente ; c’est Laure qui est chargée de la correspondance de sa tante. Mais la nièce rusée, en faisant semblant d’écrire ce qu’on lui dicte, écrit pour son propre compte ; la lettre est remise à Frédéric, qui apprend avec désespoir que le moment approche où Laure lui sera enlevée pour passer dans les bras de Léonard. Dès ce moment, il se concerte avec Durand son ami, amant dédaigné de Mad. Verneuil, et forme le projet d’enlever sa maîtresse. André qui a tout entendu, en fait part à Mad. de Verneuil ; elle commence par enfermer Frédéric dans son appartement, et fait ensuite placer à la porte du parc quatre hommes bien armés. Mais Durand s’introduit dans la maison par une porte secrette, arrive jusqu’à Frédéric, lui jette un manteau sur les épaules, et l’envoie au lieu du rendez-vous ; lui-même prend une robe-de-chambre, s’étend dans un fauteuil, et se couvre la figure de son mouchoir, comme un homme accablé de douleur.

Mad. de Verneuil rentrée dans l’appartement, croit voir Frédéric ; elle entend sortir de sa bouche une déclaration qui la comble de joie ; enfin elle voit son amant à ses pieds, et son triomphe est complet lorsqu’on amène Laure et son ravisseur. Dans son erreur, elle croit reconnoitre Durand ; mais il jette le chapeau et le manteau qui le couvrent et lui montre Frédéric, époux de Laure. De l’autre côté Durand ne se cache plus, et réclame sa main, qu'elle lui permet d’espérer. Cette pièce est jouée avec beaucoup d’ensemble par MM. Adnet, Fusil, Philippe , et par Mesd. Lecoutre et Bourdais ; Talon est très-plaisant dans le rôle de Léonard , et Bourdais a créé d’une manière très originale ce lui d’André.

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