L'Amant timide, ou l'adroite Soubrette

L'Amant timide, ou l'Adroite soubrette, comédie en un acte et en vers,de Châteauneuf, 19 frimaire an 12 [11 décembre 1803].

Théâtre du Marais.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez l'auteur et chez les Marchands de Nouveautés, an 11 – 1803 :

L'Amant timide, ou l'Adroite soubrette, comédie en un acte, en vers, par le citoyen Châteauneuf.

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Quel tourment de se taire en voyant ce qu'on aime !

Racine.

Comme souvent quand un auteur publie une pièce qu'il n'a pas pu faire représenter, il place avant le texte de sa pièce divers documents.

Je n'avais pas vingt ans lorsque je fis cette petite pièce : je n'avais pas vu Paris encore : mon goût n'avait pu se former dans la première ville de province où elle fut représentée. Mes compatrioles, dont j'étais aimé, encouragèrent ma timide jeunesse par une extrême indulgence et par des applaudissemens dont le souvenir sera toujours un charme pour moi. Le premier homme de génie que je consultai sur cet ouvrage de mon enfance, fut le célèbre Raynal : attiré à Marseille plus encore par l'éclat de sa renommée, que par le désir de voir cette ville industrieuse et superbe, je me présentai à lui sans autre recommandation que mon goût pour les lettres et ma profonde estime pour ses talens. Il m'accueillit avec intérêt, entendit la lecture de ma pièce avec une attention bien flatteuse pour un jeune homme. Il était difficile qu'à mon âge je connusse bien la mesure de l'attention du spectateur. Mêlant l'éloge à la critique, il m'engagea à retrancher des tirades trop longues, en me fesant observer qu il ne fallait jamais oublier que le parterre était debout. Docile aux différens avis que j'ai recueillis depuis des citoyens Préville, Delille, Laharpe et Palissot, je me détermine à faire imprimer ma comédie avant d'avoir pu en obtenir la représentation. Pour me consoler des délais qu'on m'oppose, je vais transcrire une réponse du citoyen Saint-Ange au citoyen, Morel, qui lui avait recommandé ma pièce. Je suis trop flatté de l'estime de l'auteur de l'excellente traduction en vers des Méthamorphoses d'Ovide, pour ne pas m'en honorer aux yeux de tous mes amis, pour qui seuls je fais imprimer mon premier ouvrage.

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LETTRE

Du citoyen Saint-ange au citoyen Morel.

J'ai lu, mon cher ami, avec un extrême plaisir, la petite comédie du citoyen Châteauneuf. Si on ne m'eût pas assuré que l'auteur n'avait pas vingt ans, je ne l'aurais jamais voulu croire. Son style est formé, et cet essai annonce du talent pour le dialogue comique. Cette pièce, malgré ses défauts, plaira aux esprits délicats qui aiment les nuances fines et légères. Je ne doute pas qu'elle ne fit grand plaisir sur un des premiers théâtres de Paris. Malheureusement, plusieurs acteurs ne savent guère accueillir les ouvrages de ce genre si estimable ; il leur faut des scènes où la pantomime théâtrale soit le premier mérite. On a accoutumé le public à ce misérable genre. Cela n'était pas difficile : il est plus aisé de trouver des spectateurs qui aient des yeux que de l'esprit et du goût. Au reste, j'ai indiqué tout ce qu'il fallait faire pour réussir, sans pour cela vous flatter du succès. C'est une chose odieuse qu'il faille plus de temps pour faire représenter un ouvrage que pour le composer.

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LES DIRECTEURS

De la Commission exécutive de l'Instruction publique, au citoyen Chateauneuf, l'an 3.

Nous avons lu, Citoyen, la comédie que vous nous avez adressée, avec l'intérêt qu'inspire un essai aussi heureux. Si nous n'avions pas été avertis par la préface que vous n'aviez pas vingt ans, lorsque vous avez fait cet ouvrage, nous aurions cru qu'il était plutôt d'une plume exercée, que d'un très-jeune littérateur. Soyez persuadé, Citoyen, que si le choix des pièces qu'on joue dépendait de nous, nous aurions autant d'empressement à vous applaudir bientôt sur la scène, que nous avons éprouvé de plaisir en yous lisant,

Garat, Ginguené, Noel.          

Après ces honorables encouragemens et des suffrages tels que ceux de MM. de Laharpe, Palissot et de Lille, il ne manquait à cette pièce que d'être jouée au Théâtre français. Je fus appelé à une première répétition, où mon éloignement de Paris ne me permit pas d'assister. Cette comédie fut alors oubliée pour ces ouvrages de circonstance, dont le fonds, aussi bisarre que le style, était en possession de plaire aux spectateurs nouveaux qui fesaient le destin des pièces nouvelles. L'auteur crut devoir se retirer, dès ses premiers pas dans une carrière où on ne pouvait se promettre des succès qu'en sacrifiant au mauvais goût ; il vit les acteurs eux-mêmes, tout en le blâmant, forcés de s'y soumettre. Heureux ceux qui, comme MM. les Comédiens français, n'ont eu, dans le cours de la révolution, d'autre erreur à se reprocher, que d'avoir payé un tribut passager au mauvais goût, pour revenir si promptement aux anciens modèles et à ceux qui les suivent, même de loin, dans la route qu'ils ont tracée !

Pièce imprimée, non représentée d'après l'Almanach des Muses 1804:

De jolies scènes, style agréable et facile.

 

Dans le Dictionnaire universel du Théâtre en France et du théâtre français à l'étranger, Volume 1, de J. Goizet, A. Burtal dit que la pièce a été représentée sur le théâtre du Marais le 11 décembre 1803. Date confirmée par le Courrier des spectacles du 19 frimaire an 12 [11 décembre 1803]. Autre représentation les 23, 27 frimaire [15, 19 décembre]. Mais le programme du théâtre du Marais est mal connu : le Courrier des spectacles annonce souvent qu'il fait relâche, ou il ne donne pas le programme de ce théâtre.

Il existe plusieurs Amant timide dans le théâtre de cette époque : voir par exemple la Bibliographie des ouvrages relatifs à l'amour, aux femmes etc., tome 1, p. 97.

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