Bébée et Jargon

Bébée et Jargon, rapsodie en un acte, en prose, mêlée de couplets, imitée de l'Opéra Médée, de Villiers et Capelle, 7 germinal [27 mars 1797].

Théâtre Montansier.

Si la première a bien eu lieu le 7 germinal an 5, ce qui est plus que vraisemblance à la lecture de la critique parue le 8 germinal dans le Courrier des spectacles, c'est le 27 mars qu'elle a eu lieu, et non le 28 comme le dit la brochure. 

L’opéra parodié est la Médée de Hoffmann, musique de Cherubini.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, au Théâtre de Mademoiselle Montansier, sans date :

Bébée et Jargon, rapsodie en un acte, en prose, mêlée de couplets, imitée de l'Opéra-Médée, Représente à Paris, sur le Théâtre de Mademoiselle Montansier, au Palais Royal, le 7 Germinal (28 mars 1797 style français ;) par MM. Villiers et Capelle.

Courrier des spectacles, n° 81 du 8 Germinal, an 5 [28 Mars 1797], p. 2-3 :

[Une parodie, c’est signe de succès pour l’opéra parodié. Mais la parodie du Théâtre Montansier n’est « qu’un demi-succès ». Le résumé de l’intrigue montre comment les auteurs ont transformé la terrible légende de Médée en une histoire dérisoire, à la fois respectueuse de la légende, et fort loin d’elle (finalement, Médée disparaît en emmenant ses enfants, mais on ne sait pas trop vers quoi). Le public a bien ri, mais le critique a trouvé le temps long, et la pièce un peu fade. Un spectateur a tenté de siffler, mais les autres l’ont désapprouvé (siffler n'est pas toujours sans risque...).

La deuxième parodie, c'est la Sorcière de Sewrin, donnée le 7 germinal an 5 [27 mars 1797], au Théâtre de la Cité (et donc le même jour que Bébée et Jargon).

Théâtre Montansier.

A peine l’opéra de Médée est-il à la 5.e représentation, qu’en voilà deux parodies jouées. Rien ne prouve mieux la sensation que ce bel ouvrage a faite dans le public, que l’empressement qu’on met à le parodier. La pièce qui fut donnée hier à ce dessein au théâtre Montansier, sous le titre de Bebée et Jargon, n’a eu qu’un demi succès.

Jargon , mari de Bebée, abandonne son épouse pour se marier à la fille de M. Crayon. En vain Bebée veut faire changer de dessein à son infidèle ; il l’exécute à ses yeux. L'épouse trahie voulant se venger de sa rivale, lui envoie un vêtement qui renferme entre l’étoffe et la doublure grand nombre d’épingles, dont les piqûres doivent faire son supplice. Non contente de cette vengeance, elle fait une poignée de verges pour battre les enfans de Jargon. Cet époux irrité vient pour punir Bebée ; mais elle s’enfonce sous terre à ses yeux, entraînant avec elle ses deux enfans.

Cette petite pièce, qui a souvent fait rire, a paru trop longue, et n’avoir pas ce sel soutenu qui caractérise la bonne parodie. Après la représentation, quelqu’un a voulu siffler, mais il a été généralement désapprouvé.                                  L. P.

Courrier des spectacles, n° 90 du 17 germinal an 5 [6 avril 1797], p. 3 :

[Ce triomphe de Madame Scio était bien sûr une manifestation totalement improvisée...]

M.me Scio se trouvant, il y a quelques jours, au théâtre Montansier, lorsqu’on y donnoit la parodie de Médée, a été remarquée et vivement applaudie par le public ; on a fait recommencer en son honneur, le couplet suivant qui se trouve dans cette parodie :

Air : De la croisée.

Chacun le répète en tous lieux,
Et je le dis aussi: ma femme,
Par ses accords mélodieux,
Trouve le chemin de notre ame ;
En elle tout est enchanteur,
Ma femme possède à merveille
L’art de déchirer notre cœur,
    Mais jamais notre oreille. (Bis)

Au moment où M.me Scio remerciait le public de cette application, aussi juste que flatteuse, une couronne de fleurs est descendue des secondes loges, et s’est placée doucement sur la tête de cette admirable cantatrice. Des applaudissemensunanimes, et plus vifs encore que les premiers, lui ont prouvé que le public sanctionnoit avec transport ce nouvel hommage aussi galant qu’inattendu.

L’auteur de la parodie a profité des conseils qui lui ont été donnés. Il a retranché des longueurs, et a ajouté à son dénouement un spectacle fort original ; au lieu d’une pluie de feu, qui tombe dans l’opéra de Médée, il a fait tomber des flocons de neige , et ce tableau égaye tout le monde, même les personnes qui n’y découvrent pas d’épigramme.

(Extrait du Dejeûner).          

Dans la base César, la pièce a 17 représentations, du 27 mars au 22 septembre 1797, toutes au Théâtre de Montansier.

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