Bizarre, ou c’n’est pas l’Pérou

Bizarre, ou c’n’est pas l’Pérou, bizarrerie en un acte, ornée de combats, danses, jeux, marches et tout ce que l’on voudra, de Bonel, Villiers et Jore fils [Jean-Claude Bédéno Dejaure], 15 vendémiaire an 11 [7 octobre 1802].

Théâtre de la Gaîté.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, se vend au Théâtre de la Gaîté, an 11 (1802) :

Bizarre, ou c’n’est pas l’Pérou, bizarrerie en un acte, Ornée de Combats, Danses, Jeux, Marches et tout ce que l’on voudra. Par MM. Bonel, P. Villiers et Jore fils. Représentée sur le théâtre de la Gaîté, le 17 vendémiaire an 11.

La date de la première donnée par la brochure ne correspond pas à ce que dit le Courrier des spectacles, qui annonce cette première le 15 vendémiaire, en précisant qu’il s’agit d’une « imitation burlesque de Pizarre », le mélodrame de Guilbert de Pixerécourt..

Courrier des spectacles du 16 vendémiaire an 11 [8 octobre 1802], p. 3 :

[Les parodies n’ont généralement pas très bonne presse, et celle-ci fait un peu exception. Le Courrier des spectacles lui trouve bien des qualités. Elle caricature bien les « défauts de ce drame », paroles et rôles, en y mêlant de « jolis couplets ». Mais celui qui est reproduit n’est pas franchement agressif envers l’actrice qu’il concerne. Tout est parodié, y compris « les gestes et le ton » d’un des acteurs. Les acteurs ont été nommés.]

Théâtre de la Gaîté.

Bizarre, ou C'nest pas l’Pérou.

Cette parodie de Pizarre a obtenu hier beaucoup de succès ; elle en auroit eu encore d’avantage, si la pièce de la Porte St-Martin eût été connue d’un plus grand nombre de spectateurs. Les défauts de ce drame y sont relevés d’une manière piquante, les paroles parodiées avec justesse, les rôles reproduits plaisamment sous un aspect burlesque. Le tout est entremêlé de jolis couplets, parmi lesquels nous avons retenu le suivant ; il est relatif aux débuts de Mlle Duchesnois :

Air : Comme j'aime mon Hipolite.

Elle est, quoique dans son printems,
L’espoir heureux de Melpomène ;
Elle a, par des succès constans,
Marqué ses débuts sur la Scène.
Phèdre respire sous ses traits ;
Quels brûlans transports elle excite !
Personne n’aimera jamais
Comme elle aime
son Hipolite.

L’allusion a été vivement sentie.

Quant à la pièce, c’est la même marche que dans Pizarre ; au lieu d’Espagnols ce sont des Perruquiers, au lieu des Péruviens des Chapeliers ; Pizarre devient ici Bizarre, Davila l'Embarras, Las-Casas l’Emphase, Alonzo Zozo, Cora Cara, le vieux Cacique le père Cassis, etc. Tout est parodié, jusqu’aux marches, évolutions et ballets. Le cit. Marty, dans le rôle de l’Embarras, a parfaitement imité les gestes et le ton de l’acteur chargé du rôle de Davila au théâtre de la Porte St-Martin. Cette pièce attirera du monde et fera rire ceux qui auront vu Pizarre.

Les auteurs sont les cit. Bonel, Jore et Villiers.

Journal des arts, de littérature et de commerce, numéro 233 du 25 vendémiaire an 11 [17 octobre 1802], p. 139 :

[Autre article, autre éloge. Une parodie globale, puisqu’elle est aussi « une critique de l'auteur, de la salle, des décorations, des acteurs, et sur-tout du directeur du Théâtre de la Porte St-Martin ». « Couplets piquans », « applications peu charitables », mais drôles : là encore, invitation à aller voir et revoir la productiond es trois auteurs, qui sont nommés.]

BIZARRE, ou C’n’est pas l’Pérou.

Ce vaudeville, que l'on joué au Théâtre de la Gaieté; est non seulement une parodie du fameux mélodrame de Pizarre, mais encore une critique de l'auteur, de la salle, des décorations, des acteurs, et sur-tout du directeur du Théâtre de la Porte St-Martin. Quelle mine riche à exploiter pour la malignité d'un parodiste ! Ceux de Bizarre n'ont eu que l'embarras du choix, et tous leurs traits, à bout portant, ont beaucoup amusé. Ils ont travesti les Incas en chapeliers, et les Espagnols en perruquiers : ce travestissement a donné lieu à des couplets piquans que l'on a fait répéter, à des applications peu charitables entre confrères, mais qui ont fait rire la foule, attirée par le titre, et qui reviendra voir cette folie que l'on doit aux cit. Bonel, Villiers et Jaure.

J. D......y.

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