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Buonaparte ou l'Abus de l'abdication

Buonaparte ou l'Abus de l'abdication, pièce historico-héroïco-romantico bouffonne en cinq actes et en prose, ornée de danses, de chants, de combats, d'incendies, d'évolutions militaires, de Martainville.

Pièce non représentée, publiée sans nom d'auteur.

La pièce a connu plusieurs éditions en 1815 :

Buonaparte ou l'Abus de l'abdication, pièce historico-héroïco-romantico bouffonne en cinq actes et en prose, ornée de danses, de chants, de combats, d'incendies, d'évolutions militaires, etc. etc. Etc. Quatrième édition, revue et augmentée.

Il n'y a que les morts qui ne reviennent pas.

Acte v, scène 8.

La liste des personnages de la page 2 est très longue : la famille Buonaparte, y compris la mère de Napoléon et le cardinal Fesch, et des dignitaires de l'Empire en tout genre – d'un ministre au premier moutardier de l'empire e n passant par des membres de l'Institut impérial.

L'auteur, que la brochure ne nomme pas, donne ensuite des indications sur le lieu des différents actes, « au 1er acte, à l'île d'Elbe ; au 2e, à Lyon; au 3e à Paris  ; au 4e, en Belgique ; au-5e, à Paris, avant de préciser :

Cette pièce n'est guère susceptible d'être représentée en société, vu le grand nombre d'acteurs et de machines.

Avant le texte de la pièce il fait figurer un avis au lecteur d'une grande violence contre Buonaparte sur le compte de qui il ne craint pas d'accumuler les ragots, tout en mettant en cause son confrère Étienne, à qui il reproche son ralliement à l'empire pendant les Cent-Jours :

AVIS AU LECTEUR.

Après la mort de Cartouche , les Comédiens français ordinaires du Roi représentèrent sur leur théâtre une comédie de Legrand, intitulée Cartouche ou les Voleurs, que tout Paris fut voir, et à laquelle il se divertit: On n'était, dans ce temps-là, ni moins poli, ni moins humain que nous ne le sommes aujourd'hui; Cartouche ne laissait pas une mémoire trop odieuse ; il n'avait ni incendié les villes, ni désolé les campagnes ; il ne s'était approprié le bien que d'un petit nombre d'individus, et il passait généralement pour professer l'horreur du meurtre. Personne cependant ne cria au scandale. Heureux temps ! Nous offrons, nous, au public, un ouvrage qui n'est destiné qu'à être lu, et dont l'émission ne sera pas éclatante comme une représentation théâtrale. Notre héros est couvert de toutes les ignominies, souillé de tous les forfaits ; le monde, au scandale duquel il respire encore, se soulève tout entier contre lui ; et nous craignons pourtant qu'on ne nous fasse un crime du ridicule dont nous cherchons à le couvrir, suivant le précepte d'Horace, ridiculum acri....

D'où vient la différence de la chance de Legrand à la nôtre ? Voilà une belle question de morale ! et si la morale n'était pas passée de mode, nous en ferions une longue et grave dissertation que tout le monde voudrait peut-être lire. Autre temps, autre style. Nous allons tâcher d'expliquer la chose le plus succinctement qu'il nous sera possible.

Cartouche ne laissait après lui que quelques misérables recherches par la justice, et bien plus inquiets de leur sort que touchés du sien, lesquels se seraient conséquemment bien gardés de troubler la joie commune excitée par Legrand à l'occasion de leur chef. La queue du Buonaparte est autre chose ; on y compte des gens riches et puissans qu'il avait promis de rendre plus riches et plus puissans encore ; des fourbes qui savent éluder les lois, et qui, sous le règne de Buonaparte, étaient dans leur véritable élément ; nombre d'imbécilles et de petits brouillons : les premiers égarés par les fourbes, les autres mis en action par les riches. Tous ces gens-là regrettent ce qu'ils appellent le grand homme, l'homme qui a fait de grandes choses ; ils parlent, ils remuent, ils s'agitent, ils s'appuient et s'épaulent mutuellement. Ils ne vont pas manquer ici de crier à l'infamie, au mépris des convenances ; de nous signaler comme des impies pour qui le malheur, res sacra, n'a rien de sacré. Nous qui connaissons la cause de ces clameurs, nous sommes bien décidés à nous boucher les oreilles, et à ne nous en point embarrasser; mais il ne nous serait pas indifférent, qu'elles indisposassent quelqu'un d'honnête contre nous. Nous prions donc sérieusement nos lecteurs de se tenir en garde contre les déclamations des susdits faiseurs de sensibilité, et de les vouloir bien renvoyer à l'Histoire de Cartouche.

Nota. La rapidité avec laquelle la première édition a été enlevée, ne nous a pas permis de faire de grands changemens à la seconde ; nous avons ajouté cependant la scène de l'Institut impérial, afin de ne pas faire perdre à l'orateur de la députation, le très-fameux M. Etienne, l'occasion de paraître sur ce théâtre. D'ailleurs M. Etienne ayant appelé (avec toute la France, à ce qu'il dit) un libérateur, il était juste qu'il devînt un des personnages marquans de cette pièce. M. Etienne est heureux ; il a obtenu la croix d'honneur pour prix de sa belle conduite  ; et, ce qui vaut encore mieux, une action de vingt mille francs sur le journal des Débats !

La citation d'Horace, empruntée à la satire 10, 14-15 (« Ridiculum acri / Fortius ac melius magnas plerumque secat res », qu'on traduit par « Souvent le ridicule attaque plus sûrement et plus fortement que la vivacité », ou , en termes plus ,modernes, « une plaisanterie tranche les grandes questions plus fortement et mieux qu'une remarque agressive ». Elle sert de justification aux attaques un peu trop vives dont un satirique peut user.

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