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La Belle au Bois dormant

La Belle au Bois dormant, com. féerie, vaud. en deux actes, de Bouilly et Dumersan ; 20 février 1811.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Belle au Bois Dormant (la)

Genre

comédie-féerei vaudeville

Nombre d'actes :

2

Vers ou prose ?

en prose avec des couplets en vers

Musique :

vaudeville

Date de création :

20 février 1811

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Bouilly et Dumersan

Almanach des Muses 1812.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Barba, 1811 :

La Belle au Bois dormant, Féerie-Vaudeville, en deux Actes, Par MM. Bouilly et Dumersan ; Représentée pour la première fois, sur le Théâtre du Vaudeville, le 20 Février 1811.

L'Esprit des journaux français et étrangers, 1811, tome III, mars 1811, p. 293-296 :

[Le critique constate (et peut-être regrette) la mode des contes de fée au théâtre, reflet de l’innocence et de la naïveté du public. Après la foule des Cendrillon, la Belle au Bois Dormant, qui n’est pas non plus une nouveauté. Sa nouvelle apparition au théâtre a été un succès. Inutile de donner une analyse d’un sujet si connu. La belle endormie est sortie au bout de cent ans « par un troubadour loyal et sincère », mais il a été précédé par « certain pâtre tout aussi neuf, admirateur aussi franc de la beauté, mais un peu moins discret et respectueux, [qui] se charge de la besogne la plus difficile ». Le critique approuve la délicatesse des auteurs, qui ont su traiter le sujet « avec toute la décence convenable, sans en bannir néanmoins l'esprit et la gaîté ». Tout le satisfait : « un dialogue naturel et piquant, des couplets frais et spirituels, des décorations et des costumes qui le pourraient disputer, en éclat et en magnificence, à tout ce qui a paru jusqu'ici dans le même genre ; des changemens de costume à vue ». « Les acteurs ont joué d'ailleurs avec beaucoup d'ensemble » (ça semble un minimum, mais il semble que ce ne soit nullement la règle du théâtre de ce temps). Les auteurs qui sont nommé devraient voir leur pièce longtemps sur le théâtre.]

La Belle au Bois Dormant. Nous voilà revenus pour tout de bon à la nourriture de l'enfance ; et nos auteurs paraissent bien décidés à ouvrir un cours de contes dans toutes les règles. Dieu merci, nous ne sommes pas encore au bout du recueil, et le succès de la Belle au Bois Dormant, ajouté aux nombreux triomphes de toutes les Cendrillon du monde, nous promet pour long-temps encore des fées, des sortiléges, et tout cet accompagnement de magie, dont l'effet est maintenant plus sûr au théâtre, que des combinaisons moins merveilleuses et plus raisonnables :

Si Peau-d'Ane m'était conté,
J'y prendrais un plaisir extrême.

Nous pouvons tous en dire autant. Le récit même ne suffit plus ; il faut encore le voir en action, et quelques douzaines de représentations peuvent à peine satisfaire notre jeune curiosité. Que l'on dise encore que le public est blâsé sur toutes les jouissances ; qu'il lui faut des émotions fortes, de violentes secousses ; qu'il n'y a plus de simplicité dans les goûts, de fraîcheur dans l'imagination ! Le succès des Contes de Perrault répond à ces injustes reproches ; il prouve combien il règne encore d'innocence et de naïveté du parterre jusqu'au paradis, et pour peu que cela continue, le public, si nos auteurs n'y prennent garde, est tout prêt à retomber en enfance. Ne dirait-on pas même, à voir l'enthousiasme avec lequel il reçoit ces productions merveilleuses, qu'elles ont au moins le charme de la nouveauté. Eh bien, point du tout. Telle est l'excellence des belles choses, qu'on peut les répéter cent fois sans leur rien ôter de leur mérite. Cendrillon s'est montrée sous toutes les formes, avec la parure la plus fraîche et dans le négligé le plus mesquin, et le succès a chaque fois passé son attente. Une de ses sœurs la remplace aujourd'hui ; mais cette Belle au Bois Dormant qu'on vient d'applaudir avec tant d'enthousiasme au Vaudeville, n'en est pas à ses premières armes, et nos tréteaux des Boulevarts ont déjà plus d'une fois, si je m'en souviens bien, servi de théâtre à sa gloire. Cependant le public vient de la recevoir avec la même faveur qu'une nouveauté. Est-ce ingratitude, est-ce reconnaissance ? Il ne m'appartient pas de le décider ; les auteurs ne doivent pas s'en inquiéter davantage, et quelque soit le motif, leur partage a de quoi les satisfaire. Jamais assemblée ne fut plus brillante, ni mieux disposée ; et, pour être juste, il faut convenir aussi que les chevaliers de la Belle au Bois Dormant n'avaient rien négligé pour tirer parti de ces heureuses dispositions. Je ne crois pas qu'il soit fort nécessaire de donner une analyse détaillée d'un pareil ouvrage. Qui ne sait que cette belle dormeuse doit être désenchantée par un troubadour loyal et sincère, et que cette espèce de Phénix ne se présente qu'au bout de cent ans ; encore n'a-t-il pas le mérite de mettre cette aventure à fin à lui tout seul, et certain pâtre tout aussi neuf, admirateur aussi franc de la beauté, mais un peu moins discret et respectueux, se charge de la besogne la plus difficile ! N'y a-t-il pas là, vraiment, de quoi dégoûter à jamais du respect et de la discrétion, si toutefois ces vertus du bon vieux temps ont encore quelques partisans sur la terre ? Quoi qu'il en soit, le pâtre qui désenchante, cède la place au troubadour qui épouse, et de semblables arrangemens ne se rencontrent pas seulement dans les contes ou sur le théâtre. Les auteurs ont traité d'ailleurs leur sujet avec toute la décence convenable, sans en bannir néanmoins l'esprit et la gaîté. L'intrigue est fort simple, malgré intervention du merveilleux ; et quoique le dénouement ne pût manquer d'être prévu, la pièce n'en a pas moins été entendue jusqu'au bout avec le plus vif intérêt. Un dialogue naturel et piquant, des couplets frais et spirituels, des décorations et des costumes qui le pourraient disputer, en éclat et en magnificence, à tout ce qui a paru jusqu'ici dans le même genre ; des changemens de costume à vue, en voilà plus qu'il ne faut pour justifier le succès de la Belle au Bois Dormant, et le rendre durable, du moins jusqu'à l'apparition de Peau d'Ane ou du Petit-Poucet. Les acteurs ont joué d'ailleurs avec beaucoup d'ensemble, et l'on a sur-tout remarqué avec satisfaction l'intelligence et l'à-plomb des fées Aline et Nabote, qui font rouler toute la machine.

Les auteurs qui se sont chargés de réveiller la belle dormeuse après un sommeil de cent ans, sont MM. Dumersan et Bouilly, qui, probablement, goûteront la douce jouissance d'assister à la centième représentation de leur ouvrage.                   A......e.

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