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Le Bouffe et le tailleur

Le Bouffe et le tailleur, opéra bouffon en un acte, de Villiers et Armand Gouffé, musique de Gaveaux, 2 messidor an 12 [21 juin 1804].

Théâtre Montansier

Almanach des Muses 1805

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Madame Cavanagh :

Le Bouffe et le Tailleur, opéra-bouffon en un acte, Par MM. P. Villiers et Armand Gouffé, Auteurs du Médecin Turc ; Musique de M. Gaveaux ; Représenté pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre Montansier, le 2 Messidor an 12 (21 juin 1804.)

2e édition en 1806 et 3e édition en 1810, dans les deux cas « avec les changemens arrivés pendant les Représentations ».

Encore réédité en 1857, chez N. Tresse, éditeur.

Courrier des spectacles, n° 2675 du 3 messidor an 12 [22 juin 1804], p. 2 :

[[L'article commence par une réflexion intéressante, puisqu'il s'agit de hiérarchie entre les théâtres : la pièce n'a pas été acceptée au Théâtre Feydeau, et a réussi au Théâtre Montansier, ce qui lui a été profitable, son sort ayant été plus incertain à Feydeau : il y a de petits et de grands théâtres, qui ont chacun leur public aux exigences diverses. Elle repose sur une possible anecdote trouvée dans la presse, sur le mariage du domestique d'un musicien avec la fille d'un tailleur (comme l'indique le titre). Le tailleur ne veut qu'un gendre musicien, et le domestique tente de satisfaire son présumé beau-père, malgré son absence de culture musicale. Son maître et sa fiancée lui donne le coup de main nécessaire pour passer pour un bon chanteur qu'il est loin d'être : ils se cachent et chantent pour séduire le tailleur, qui finit par accepter le mariage de sa fille avec un simple domestique, quand le musicien fait un don important à son domestique. Ce dénouement est rapproché de celui d'une autre pièce. Le jugement porté est, sinon, tout à fait positif : elle a été applaudie, et les auteurs nommés. La musique comporte « de jolis morceaux », mais l'ouverture est un peu monotone. Et les acteurs ont été excellents.]

Théâtre Montansier.

Première Représentation du Bouffe et le Tailleur.

Le Théâtre Feydeau n’a pas beaucoup perdu en refusant cette pièce, et les auteurs y ont gagné, car ils ont reçu à Montansier des applaudissemens que probablement le public d’un plus grand théâtre ne leur eût pas accordés. Le Bouffe et le Tailleur sont en effet beaucoup mieux placés à Montansier que par-tout ailleurs. C’est un ouvrage d’un genre tout-à-fait bouffon , et le style en est souvent peu soigné.

Il paroit qu’une anecdote de journal a fourni l’idée de cette petite pièce.

Bénini, domestique de Cavatini, musicien italien, est amoureux de Célestine, fille de M. Barbeau, tailleur. Ce dernier sait que sa fille a une intrigue, mais il ne connoît point l’amant, et il ne veut pas consentir à la marier. Bénini apprend que M. Barbeau est possédé du démon de la mélomanie, et quoiqu'il ne sache pas une note de musique, il veut faire comme tant de gens, et parler de ce qu’il ne sait pas.

M. Cavatini, qui s’intéresse au bonheur de son valet, a résolu d’obtenir le consentement de M. Barbeau. Il fait venir le Tailleur, sous prétexte de commander un habit. Bénini resté seul, voit entrer M. Barbeau, feint de ne pas l’appercevoir, et pour flatter son goût il se met au piano et essaye, tant bien que mal, une roulade. Le Tailleur séduit, prie Bénini de continuer à chanter, et finit par lui proposer de lui donner un habit pour une ariette ; cette proposition est un peu embarrassante pour Bénini ; mais il ne peut se dispenser d’accepter.

Son maître rentre ; il est instruit de la ridicule proposition du Tailleur, et blâme son valet de l’avoir acceptée. Il paroît vouloir le laisser dans l’embarras, mais au retour de M. Barbeau, il se cache et fait cacher également Célestine pour être témoins tous deux de ce qui va se passer. Bénini feint d’être enrhumé ; mais tandis qu’il se défend de chanter, Cavatini caché essaye un prélude ; sa voix enchante le Tailleur qui croyant entendre celle de Bénini, le prie de continuer Ce dernier fait éloigner M. Barbeau, et laisse chanter son maître. Après avoir séduit le mélomane, il lui dit qu’il va imiter les voix de femmes. Célestine cachée chante, il veut aussi chanter seul un duo. Cavatini et l’amante de Bénini s’acquittent de la commission ; les amans finissent par se jetter aux pieds du Tailleur, et lui demandent en musique son consentement pour leur mariage, ce que Barbeau finit par accorder, quand Cavatini propose de donner mille francs à son domestique.

Cette dernière situation paroît imitée de la dernière scène du Concert interrompu.

La pièce a été fort applaudie, et on a de mande les auteurs qui sont messieurs Armand-Gouffé et Villiers.

Il y a de jolis morceaux dans la musique. Le commencement de l’ouverture est brillant, mais le motif n’est pas suivi, et les passages fréquemment répétés jettent une espèce de monotonie sur ce premier morceau, qui au reste offre des détails agréables, quoiqu’un peu légers. Les acteurs ont fort bien joué, sur-tout Gavaudan, qui a rempli avec beaucoup d'intelligence le rôle de Cavatini. Il a fort bien chanté tous ses morceaux.

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