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Les Bêtes savantes

Les Bêtes savantes, folie burlesque en un acte, de Dumersan, Théaulon et Armand Dartois, 10 juin 1813.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Bêtes savantes (les)

Genre

folie burlesque

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

10 juin 1813

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Dumersan, Théaulon et Armand Dartois

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Fages, 1813 :

Les Bêtes savantes, folie burlesque en un acte et en vaudevilles, Par MM. Dumersan, Théaulon et Dartois ; Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 10 juin1813.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 18e année, 1813, tome III, p. 446-447 :

[Le compte rendu présente la pièce comme « un tableau grotesque » (il contraste fortement avec la pièce présentée juste avant, un vaudeville reposant sur la figure de Greuze, et d’une tonalité fort différente. Après le résumé de l’intrigue, la partie critique est brève : une « folie », que les auteurs sont soupçonnés de n’avoir voulu faire « un cadre à couplets », ce qu’ils ont réussi : « il y en a de très-piquans ». Succès public, qui a fait nommer les auteurs.]

Les Bêtes savantes, folie burlesque en un acte et en vaudevilles.

De Greuze aux Bêtes savantes, la transition est forte : mais, après avoir admiré un Albane, on aime à voir un Téniers. Les Bêtes savantes sont un tableau grotesque où les caricatures ne sont pas épargnées. Le théâtre représente une place publique garnie de baraques occupées par un ours, un singe, un chameau, un âne et une troupe de chiens. Les propriétaires de ces animaux ont tous prêté de l'argent à M. Gobin, directeur d'une troupe de marionnettes, et victime d'un incendie. La belle Cabrioline, sa fille, les délices de la place du Muséum, est promise à chacun d'eux ; mais cette estimable personne, qui fait des sauts périlleux, pour eévitar les dangers de la capitale, aime Monsieur Joli-Cœur, directeur en faillite du théâtre de Cahors , qui s'est ruiné avec les chef-d'œuvres de nos grands poètes, et qui espère rétablir ses affaires, grâce aux talens d'un éléphant qu'il a sauvé du naufrage. Les rivaux consentent à prendre pour juge de leurs droits M. Flanard, grand amateur de spectacles de bêtes, qui justifie son goût par le couplet suivant :

Aux mélodrames nouveaux
    La foule se jette ;
J'aime mieux les animaux,.'
    Ça n'est pas si bête.

On se doute bien, que l’éléphant fait pencher la balance de son côté. Toutes les bêtes se ralliant autour de lui pour former une troupe de pantomime, et la pièce finit par une allemande, dans laquelle Mademoiselle Betzy-Cabrioline, et M. Seveste-Joli-Cœur, ont déployé un talent très-agréable.

Cette folie n'a sans doute été regardée par les auteurs que comme un cadre à couplets. Il y en a de très-pîquans. Le public, qui s'étoit fort amusé de cotte bagatelle, a voulu en connoître les auteurs qui sont MM. Du Mersan, Théaulon, et d'Artois.

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome IX, septembre 1813, p. 296-297 :

[Après avoir épuisé la série des hommes célèbres, les théâtres se rabattent sur les animaux, à la suite de l’apparition de l’éléphant de Franconi. Et le Vaudeville place la barre très haut en mettant sur la scène tous les animaux, avant sans doute de les faire paraître chacun à son tour. L’intrigue que les trois auteurs ont imaginé place dans un contexte animalier nouveau de bonnes vieilles recettes (encore un père qui a des ennuis financiers et a besoin de marier sa fille à qui gagnera le plus d’argent avec les bêtes de l’entreprise familial. Le vainqueur est bien sûr celui qu’aime la jeune fille et tout finit par une danse dont le critique se demande ce qu’elle vient faire là. La pièce est surtout remarquable par la débauche d’esprit des couplets et un dialogue piquant. Il y a bien sûr des traits plus drôles que les autres, et le critique trouve qu’il y a « trop de bêtes et trop d’esprit », conseillant une sage économie aux auteurs. Le public vient « assez nombreux », pour les acteurs et pour la bizarrerie du spectacle et des costumes.]

Bêtes Savantes.

Le Dictionnaire Historique a fait long-temps les frais des pièces nouvelles qu'on donne à ce théâtre. On sait même que messieurs les auteurs en usent assez librement avec les grands hommes qu'ils exhument pour les mettre en scène. Chacun d'eux les fait agir, parler et chanter à sa guise, et Dieu sait combien ces morts illustres seraient étonnés la plupart du temps, s'ils entendaient les balivernes qu'on leur fait dire ! Toutefois, comme aucun d'eux n'est encore revenu pour se plaindre, les choses allaient le mieux du monde. Mais à la longue, la mine la plus féconde s'épuise ; déjà les grands hommes manquaient, déjà maint auteur ne savait plus où donner de la tête, lorsqu'heureusement le fameux éléphant de Franconi est venu mettre les bêtes à la mode, et tout porte à croire qu'on va exploiter. Buffon comme on a exploité la Biographie. Le théâtre des variétés a débuté par un Eléphant. Piqué de s'être laissé prévenir, le Vaudeville a voulu faire acte de possession en jettant, d'un seul coup, sur la scène, toutes les Bêtes savantes, et en masse, qu'il reprendra sans doute ensuite une à une ; et trois hommes d'esprit, MM. Théaulon, Dartois et Dumersan ont bien voulu se charger de disposer cette espèce de ménagerie.

La scène se passe sur la place du Louvre, lieu chéri des badauds ; on s'attendrit sur les malheurs, de M. Gobin, directeur d'un spectacle de marionnettes. En dix minutes, l'infortuné a vu réduire sa troupe en cendres : des mouches, qu'il avait accoutumées à se battre à l'espadon, ont été dévorées par une araignée. Il reste une fille à l'entrepreneur malencontreux, et comme cette fille a été élevée dans la pensionnat le plus brillant de Paris, on assure, dans la pièce, qu'elle n'est bonne qu'à danser sur le théâtre de l'Opéra, ou bien à faire des tours de force. Cette plaisanterie ne passe-t-elle pas un peu les bornes permises ? Quoi qu'il en soit, Mlle. Cabrioline fait des pirouettes sous la direction de M. son père : ce beau talent n'empêche pas le pauvre homme de mourir de faim. Ses voisins, qui sont directeurs de spectacles, et possesseurs de bêtes savantes, lui prêtent de l'argent : tous prétendent à la main de Cabrioline ; mais cette belle aime Joli-Cœur, et son père ne veut la donner qu'à celui qui gagnera plus d argent avec ses bétes, et qui pourra payer les dettes que lui Gobin a contractées. La lutte s'engage ; on choisit pour juge Me. Flanard, qui vient flâner fort-à-propos sur la place du Louvre, avec sa famille. Me. Flanard monte sur les tréteaux d'arlequin comme sur un tribunal ; chacun des rivaux vante ses talens et ses bêtes ; mais Joli-Cœur les éclipse tous en laissant paraître un éléphant qui ne peut manquer de l'enrichir. Il obtient la main de Cabrioline, et danse une allemande avec elle sans qu'on sache trop pourquoi.

Les auteurs ont fait une prodigieuse dépense d'esprit et n'ont rien épargné pour hérisser leurs couplets et leur dialogue de traits piquans. Il en résulte que sur un très-grand nombre de plaisanteries, il y en a quelques-unes de bonnes, d'autres qui sont assez médiocres, d'autres, enfin, qui sont d'un goût détestable, et qui manquent, sur-tout, de mesure. En général, il y a trop de bêtes et trop d'esprit dans la pièce : il faut faire vie qui dure et ne pas tout dépenser le même jour. Toutefois, le jeu des acteurs, la bizarrerie du spectacle et des costumes, continuent d'attirer un auditoire assez nombreux aux Bêtes savantes.

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