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Cadet-Roussel esturgeon

Cadet-Roussel esturgeon, folie de Carnaval en deux actes, de Delaligne (pseudonyme de Marc-Antoine Désaugiers et Antoine-Vincent Arnault, 22 février 1813.

Théâtre des variétés.

Titre :

Cadet Roussel estrugeon

Genre

folie-parade

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

22 février 1813

Théâtre :

Théâtre des Variétés

Auteur(s) des paroles :

M. Delaligne (Marc-Antoine Désaugiers et Antoine-Vincent Arnault,)

Sur la page de titre de la brochure, à Paris,chez Barba, 1813 :

Cadet Roussel esturgeon, folie-parade en deux actes, par M. D***, Représentée, pour la première fois à Paris, sur le théâtre des Variétés, le 22 février 1813.

D***, c’est M. Delaligne, pseudonyme collectif de Marc-Antoine-Madeleine Désaugiers (1772-1827) et Antoine-Vincent Arnault (1766-1834), d'après le catalogue général de la BNF.

Esprit des journaux français et étrangers, 1813, premier trimestre, tome III (mars 183) p. 294-296 :

[Le critique aime beaucoup la pièce qu’il trouve très gaie, et la raconte avec beaucoup de vivacité, ce qui permet d’en apprécier l’humour (à chacun selon son goût). Juste, tout à la fin, un tout petit reproche : elle est « un peu trop longue ».]

THÉATRE DES VARIÉTÉS.

Cadet Roussel Esturgeon.

Honneur soit rendu à l'auteur de Cadet Roussel Esturgeon ! Je le proclame vainqueur dans la lice burlesque qui vient de s'ouvrir. Il était difficile d'imaginer plus de folies. Quelques personnes prétendaient bien qu'il y avait dans la pièce plus de bruit que de gaîté ; qu'une bonne plaisanterie vaudrait mieux que tout le mouvement des bateleurs, des grimaciers, du paillasse qui fait la parade sur les tréteaux, comme s'il n'avait fait autre chose de sa vie. Mais je ne suis pas de l'avis de ces frondeurs. La pièce est bonne, car elle fait rire : Cadet Roussel a fait naufrage sur les côtes de Normandie ; il est pêché par des fripons qui le déguisent de la manière la plus plaisante, et le montrent à la foire comme un animal extraordinaire. L'étonnement de Brunet, qui se croit encore sur le vaisseau au moment où on le pêche, et son ajustement aquatique charment, avec raison, le parterre. Les bateleurs veulent absolument persuader à Cadet Roussel qu'il est poisson ; il s'en défend de toutes ses forces ; mais que répondre à des argumens comme ceux-ci : « Où vous a-t-on trouvé ? — Dans la mer.—Dans quoi vous a-t-on pris ? — Dans des filets. — Que prend-on dans des filets ? —Des poissons. — Les poissons appartiennent à ceux qui les prennent. — Je suis dans mon tort, dit Cadet à demi-persuadé ». Puis il ajoute douloureusement en se rappellant son ancien état de barbier : Que ne suis-je encore merlan ! Ce mot achève de le perdre. Les bateleurs s'écrient tous à-la-fois : Il a été merlan ; il est poisson !.

Il ne s'agit plus que de faire sa toilette pour le montrer au public ; c'est l'affaire d'un instant. Comme il était habillé en chevalier, le cotte-d'arme figure à merveille les écailles ; on y ajoute une perruque, une barbe verdâtre. On joint à la cotte-d'arme une queue de trois ou quatre pieds ; on place Brunet dans une grande cuve, et le voilà aussi poisson qu'il soit possible de l'être. Le bailli d'Etretat, usant de ses prérogatives, l'examine le premier ; il veut donner un nom au monstre (on peut s'en rapporter à Potier pour donner à cette charge un tour plaisant), rêve long-temps, cite Linnée et Buffon, et décide que les naturalistes ont classé les poissons de cette espèce parmi les borealis cucursitus : ce qui veut dire roi des esturgeons. Cadet Roussel est donc proclamé roi des esturgeons. Quel sort pour un prince de tragédie ! On le fait paraître à la foire ; on le fait tousser et cracher comme un homme ; on lui demande quelle est la femme la plus infidèle ; il cherche dans la foule, apperçoit Manon avec Blanchet; il n'est plus maître de lui, se dégage de ses liens et s'élance de la cuve. Tout le monde prend la fuite en voyant le monstre furieux. Cependant Manon reconnaît son cher Roussel. Manon n'était point coupable ; elle était obsédée par le perfide Blanchet, qui voulait lui persuader que Cadet Roussel était mort, et l'épouser. Roussel s'avance majestueusement, et après avoir toisé le séducteur de la tête aux pieds, il lui dit d'un ton tragique : « Nous nous revoirons ailleurs, c'est français ça, j'espère ».

L'idée de cette pièce est tirée de Lazarille de Tormes; et l'auteur, qui s'est caché sous le nom de M. de la Ligne, demeurant rue du Chat qui Péche, a fait une folie pleine de gaîté, mais un peu trop longue.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 18e année, 1813, tome I, p. 418 :

[La pièce a une source littéraire. Et elle a la folie du Carnaval. Même le nom de l’auteur s’est mis au goût de l’instant]

Cadet-Roussel esturgeon, folie de Carnaval, jouée le 22 février.

Lazarilles de Tormes, trouvé dans la mer par des pêcheurs, tout couvert d'herbes et de mousse, est contraint par ces charlatans à passer pour un monstre aquatique. Parmi les curieux, il rencontre sa femme qui a travaillé aussi à le métamorphoser à peu près comme Diane métamorphosa Actéon. A Lazarille, l'auteur des Variétés a substitué Cadet Roussel, et le Carnaval a fait passer sa folie. On a nommé M. de la Ligne, rue du Chat qui pêche.

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