Cange, ou le Commissionnaire de Lazare

Cange, ou le Commissionnaire de Lazare, fait historique en un acte, en prose mêlé de chant, de Bellement, musique de Hyacinthe Jadin, 1er frimaire an 3 [21 novembre 1794].

Théâtre des Amis de la Patrie.

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez les Marchands de nouveautés, 1795 :

Cange, ou le Commissionnaire de Lazare, fait historique en un acte, en prose mêlé de chant, du citoyen André-Pépin Bellement, musique du citoyen Hyacinthe Jadin, représenté pour la première fois sur le Théâtre des amis de la Parie, à Paris, le premier frimaire an 3 de la République française.

Journal des théâtres, du 3 frimaire an 3, p. 14-16 :

[L'article est largement consacré à résumer l'intrigue de la pièce en adoptant un ton très favorable avant de donner une opinion elle aussi positive : la pièce est très morale. Liste des interprètes, qui ont « fort bien rempli » leur rôle, puis de sauteurs, paroles et musique.]

THÉATRE DES AMIS DE LA PATRIE,
Rue de Louvois.

EXTRAIT.

Première représentation de Cange, ou le Commissionnaire de Lazarre, fait historique, en un acte, en prose , mêlée de musique, donnée à ce théâtre, le premier frimaire de l'an troisième de la République.

Cange a passé la nuit, couché sur les crochets, à la porte de la maison d'arrêt de Lazarre, lieu où se passe la scène. Il est revenu tard des commissions qu'il a faites, la veille, et il n'a pu se faire ouvrir cette maison, où il a un logement avec ses; trois petits enfans, pendant que son épouse était allée donner des soins à son frère de retonr des frontières, où il a été mortellemeut blessé. Au lever du jour, Cange va faire de nouvelles commissions en attendant que l'on soit éveillé dans la prison, et qu'il puisse y rentrer, pour embrasser ses enfans. Pendant ce temps-là, Durocher, propriétaire de la maison qui est en face de la prison où loge la famille du citoyen Durand, détenu, depuis six mois, à Lazarre, comme suspect, vient trouver la citoyenne Durand, et lui signifier que si elle ne lui paye pas, dans la journée, soixante-douze livres, quelques sous, qui lui sont dus, par cette famille infortunée, pour deux termes de son loyer, il fera vendre le mauvais lit qui reste pour tout meuble dans ce logement. La fille aînée de Durand, effrayée de cette barbare menace, appelle un marchand do vieux habits qui passe, et lui vend une croix d'or, seul effet qui lui appartienne et dont elle dispose ainsi, pour que sa mère, elle et trois jeunes frère qu'elle a, ne se voient pas forcés à quitter ce logement, sans pouvoir en trouver un antre, jusqu'à ce que son père donne quittance, en ne lui dissimulant pas qu'il la soupçonne de s'être procuré cette somme par des moyens bien moins honnêtes que celui qu'elle a employés, en effet, pour l'avoir ; mais elle méprise cette injure, et de ce qui lui reste de ce qu'elle a reçu, elle va chercher quelques provisions, pour sa malheureuse famille. Cependant, Durocher a chargé un huissier, et des records, de saisir dans le jour, et il ne leur a pas retiré cet ordre, qu'ils viennent mettre à exécution, au moment où la fille, qui a la quittance, est absente. Elle reparaît, la leur montre et arrête leur cruelle expédition. Mais Cange est rentré dans la prison, et Durand l'a chargé d'aller voir, de sa part, son épouse et ses enfans. Il y a été, et les a trouvés dans la plus déplorable situation. Il-a donné cinquante francs à l'épouse, et est retourné porter à l'époux les cinquante qui lui restaient. Durand obtient, enfin, sa liberté ,et en revenant dans sa famille, il rencontre Cange, qu'il remercie du plaisir qu'il lui a procuré en lui en donnant des nouvelles, et en lui apportant cinquante livres, de la part de son épouse. A ce mot, celle ci détrompe Durand, et lui apprend que Cange lui a donné une pareille somme, de sa part. On questionne Cange sur ce mystère, qu'il s'obstine à ne vouloir point découvrir, et que, par là même, il découvre assez. On le comble d'éloges et d'expressions de reconnaissance, auxquels il se dérobe, en annonçant qu'il vient de savoir que sou frère est mort de ses blessures , et qu'il va chercher les quatre enfans qu'il laisse , en bas âge, pour les adopter, et par un travail redoublé, les élever, avec les trois siens, et les soustraire à la misère, à laquelle la perte de leur père les réduirait sans cela.

Cette pièce a été très applaudie, et mérite de l'être par les sentimens de vertu et bienfaisance qu'elle exprime et présente en action. Les rôles de Cange, de Durand, de Durocher, du .marchand de vieux habits, et de l'huissier, en out été fort bien remplis, par les citoyens Ducaire, Dugrand, Gruiez-Dubois, Durdet-Dosinville et Hugot ; ainsi que ceux de la citoyenne Durand et de sa fille, par les Citoyennes Castel et Sérigny.

Plusieurs des morceaux de musique de cet ouvrage ont paru bien faits. On a demandé les auteurs, qui sont pour les paroles, le citoyens Belmon, artiste du théâtre de la rue Feydean, et pour la musique du citoyen Hiacynthe Jadin, qui à paru seul, le citoyen Bellemont étant absent,

B.          

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