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Castor et Pollux (Candeille, 1791)

Castor et Pollux, tragédie lyrique en cinqactes, paroles de M. Bernard, musique de Rameau et de M. Candeille, ballet de M. Gardel et Laurent, 14 juin 1791.

Académie royale de musique.

Titre :

Castor et Pollux

Genre

tragédie lyrique

Nombre d'actes :

5

Vers / prose ?

en vers

Musique :

oui

Date de création :

14 juin 1791

Théâtre :

Académie royale de Musique

Auteur(s) des paroles :

M. Bernard

Compositeur(s) :

MM. Rameau et Candeille

Voir aussi, pour une reprise de 1806, avec modification du livret, Castor et Pollux (version de M. Winter)L'opéra de Gentil Bernard a été repris souvent au cours de la période 1794-1815 (sans parler de la période suivante.]

Mercure universel, n° 107 du Mercredi 15 Juin 1791, p. 239 :

[Le compte rendu s’interroge sur la légitimité de la réécriture d’une nouvelle musique pour remplacer partiellement celle de Rameau. Le poème étant respecté, le critique dresse la liste de ce qyu a été gardé de Rameau, puis souligne la satisfaction du public, tout en émettant quelques réserves sur l’ouverture « bruyante et mélodieuse ». La distribution comme les ballets ont donné satisfaction. La critique donne des détails sur l'exécution : le regard concupiscent des spectateurs sur les charmes des danseuses, et la bavure d’un soldat mort qui se relève...]

Tout le monde connoît le superbe opéra de Castor et Pollux, dont l'excellent poëme est de Bernard, et la belle musique de Rameau. Il sembleroit d'abord téméraire de porter une main sacrilège sur l'ouvrage immortel de notre Orphée français ; mais si l'on réfléchit qu'il est possible d'en conserver les beautés musicales, l'on saura gré à M. Candeille d'avoir entrepris une tâche aussi pénible que hasardeuse, et dont l'unique but a été de procurer de nouveaux plaisirs au public, en faisant revivre sur la scène, avec les principales couleurs qu'y a répandues Rameau, un poëme qu'on a toujours regardé comme le chef-d'œuvre du genre lyrique.

La première représentation, donnée hier, a obtenu du succès. Le Poëme est conservé intact. Quant à la musique, voici les morceaux que M. Candeille a respectés :

Premier acte. Un air de danse.

Second acte. Le chœur du commencement : Que tout gémisse ; et ensuite le monologue : Tristes appréts, etc, et à la fin du même acte, la marche des athletes, ainsi que les deux gavottes.

Quatrieme acte. Le premier air des ombres.... et le chœur des démons : Brisons tous nos fers, etc.

Le reste est de M. Candeille ; nous ne prononçons pas entre lui et Rameau ; nous disons seulement que l'ouverture nous a paru à la fois bruyante et mélodieuse, qu'en général la composition est large et savante, que les airs de danse sons d'un style agréable, que nous avons sur-tout distingué un air, chanté par M. Lays, commençant ainsi: « Présent des dieux » et un quatuor à la fin du cinquième acte.

Le public, quoiqn'un peu froid, a paru satisfait d'une musique à la mode. Il a demandé l'auteur ; M. Candeille est venu recevoir les témoignages de sa satisfaction. MM. Chéron, Lays, Lainez, mesdames Maillard, Chéron, ont obtenu de justes applaudissemens.

Les ballets sont de la composition de MM: Gardel et Laurent : ils ont paru très-bien dessinés. Nommer MM. Nivelon , Laborie, mesdemoiselles Saulnier, Perignon, Miller, c'est annoncer que la volupté présidoit à la danse, et que les plus rians tableaux étoient exécutés avec souplesse et précision. Pour approcher davantage de la vérité, les danseuses qui représentoient les jeunes Spartiates, ont mis un pantalon couleur de chair..... et nous avons remarqué que les applaudissemens croissoient à mesure que les amateurs découvroient plus d'appas. (1)

(1) Nota. Nous oublions un événement. Après le combat du premier acte, un soldat qui étoit resté sur le champ de bataille ne se ressouvenant plus qu'il étoit mort, se leva brusquement pour aller rejoindre le corps d'armée.

 

Mercure de France, tome CXXXIX, n° 26 du samedi 25 juin 1791, p. 142-149 :

[Article tout à fait passionnant sur une pratique qui peut nous surprendre, la réécriture de la musique des opéras.

Pour rendre compte de la nouvelle version de Castor et Pollux, sur un « poëme » de Gentil-Bernard (qui n’est d’ailleurs pas nommé), il faut d’abord, avant même de nommer l'œuvre dont il va être question, s’interroger longuement sur la place de la musique dans le monde nouveau que la Révolution fait naître, renversant « les préjugés politiques, religieux de toute espece » et invitant chacun « à porter un œil examinateur sur tous les objets qui les entourent, pour les réduire à leur juste valeur ». Vision politique d’un grand intérêt ! La musique est un bastion de résistance des anciens préjugés, du fait qu’elle est de tous les arts celui qui est le moins lié à la nature, « le plus sujet aux caprices de la mode », dont les beautés sont de pure convention. Il n’y a pas de raison de garder un « respect superstitieux […] pour ses productions anciennes, » dont il semble qu’on ne puisse plus les écouter « sans un mortel ennui ». Cette musique « n'a plus le droit de plaire à nos oreilles », elle n’a pas à être vue comme « une arche sacrée à laquelle on ne puisse toucher sans s'exposer à l'indignation publique pour un si téméraire attentat » (de telles expressions, en juin 1791, ne manquent pas d’intérêt). Des généralités, le critique passe à l’ouvrage du jour, ce Castor et Pollux dont il défend modérément le livret, digne toutefois d’être remis sur scène, mais avec une musique nouvelle, dont celle de Candeille a été choisie parmi d’autres, et choisie par l’administration de l’Opéra. Le nouveau compositeur lui-même a été embarrassé par ce qu’il voit comme de l’audace d’oser toucher à une œuvre reconnue. « Les Zélateurs anciens » se sont d’ailleurs fait un plaisir de souligner que les qualités reconnues à l'œuvre nouvelle viennent ou du livret, ou des morceaux conservés de la version de Rameau. Allégation qui scandalise le critique : un tel point de vue est la négation de tout progrès dans l’art, progrès auquel le critique croit fermement. Il reprend la série des morceaux conservés (même si le 1° n’est jamais suivi d’un 2°...). Chaque décision de conserver un morceau est appréciée (« on a bien fait »), avant de souligner qu’il a de toute façon fallu refaire « la partie de l’orchestre », jugée « défectueuse ». On a obligé Candeille à conserver l’air de tristes apprêts dont le critique trouve la mélodie « lâche & traînante au lieu d'être large & majestueuse ; triste & monotone au lieu d'être pathétique ». Largement conservés, les airs de danse, peu ou point modifiés, le critique en reconnaissant la qualité. Le critique sent qu’il fut qu’il justifie ce jugement positif, et il s’engage dans une explication très intéressante sur ce qui compose la musique, harmonie et mélodie. l’harmonie « a sa base dans la Nature », elle est invariable, mais elle « n'offre que des accords isolés & sans liaison » et a donc besoin de la mélodie « qui lui donne une suite & nous la rend sensible ». Cette mélodie « n'a véritablement dans la Nature aucun modele ». Elle n’a pas de lien avec les paroles auxquelles on peut l’associer. Cette association n’a de sens que grâce à un troisième élément, le rythme, grâce auquel « la Musique a sur les hommes une véritable puissance » (elle agit sur les fibres de nos organes...). Cette efficacité de la musique se retrouve dans les airs de danse « bien faits », ce qui explique que, à la différence du chant, ces airs ne vieillissent pas : ils produisent toujours leur effet sur l’auditeur. Rameau était expert dans ces airs de danse, dont « la partie instrumentale » est bien écrite ». Candeille les a conservés, et y a ajouté les siens, qui « ne font point disparate ». Par contre, il a refait avec succès l’air célèbre présent des Dieux et tout l’acte des Champs-Elysées réécrit par lui est tout à fait remarquable. Par contre le critique lui reproche d’avoir peu modifié le chœur des Démons (au feu du Tonnerre) en raison de son succès auprès du public. Le bilan que le critique tire de ce travail de recréation peut sembler mitigé : « cet Ouvrage a beaucoup réussi, malgré les préjugés qui lui étaient contraires » et il fera honneur à son auteur. l ne reste plus de place pour parler des ballets ou de la mise en scène (on signale juste une machine très élaborée pour faire voler en oblique).]

SPECTACLES.

La Révolution n'a-t-elle pas éclairé toutes les idées : n'a-t-elle pas renversé les préjugés politiques, religieux de toute espece ? En éveillant les Français de leur long assoupissement, ne les a-t-elle pas engagés à porter un œil examinateur sur tous les objets qui les entourent, pour les réduire à leur juste valeur ? Ni les grands noms, ni les grandes places, ni les grandes réputations ne nous en imposent plus.

Pourquoi donc dans les Arts, & particuliérement dans celui de la Musique, les préjugés subsistent-ils encore dans toute leur force ? La Musique, celui de tous les Arts, qui, ayant le moins de bases dans la Nature, est le plus sujet aux caprices de la mode, & a le plus de beautés purement de convention ? Quel est donc ce respect superstitieux que l'on a pour ses productions anciennes ? Pourquoi faut-il admirer encore ce qu'on ne pourrait plus entendre sans un mortel ennui ? Pourquoi, lorsque l'ancien style musical est reconnu mauvais, & a subi une réforme complette, a-t-on conservé une estime religieuse pour quelques Ouvragcs écrits dans ce style improuvé ?

Qui voudrait, par exemple, faire aujourd'hui de la musique comme Rameau la faisait de son temps? Qui voudrait imiter sa mélodie traînante & surannée, charger comme lui son harmonie, compléter sans choix ses accords de toutes les notes qu'ils peuvent supporter ? Qui voudrait écrire avec aussi peu de soin & de goût les parties instrumentales, les faire diverger entre elles, mettre aux Dessus ce qui convient aux Basses, placer aussi mal les instrumens à vent, renoncer enfin à cette belle ordonnance que l'étude des Italiens & des Allemands ont mis en usage parmi nous ? Personne assurément ne voudrait reculer à ce point dans la carriere musicale.

D'où vient donc que ces Ouvrages, qui ont joui dans leur temps de l'estime qu'ils méritaient, puisqu'on ne connaissait rien de mieux, conserveraient-ils cette même estine qu'ils ne méritent plus aujourd'hui ? Pourquoi cette musique, qui n'a plus le droit de plaire à nos oreilles, est-elle une arche sacrée à laquelle on ne puisse toucher sans s'exposer à l'indignation publique pour un si téméraire attentat ?

Arrivons enfin à l'application de toutes ces questions. Le Poëme de Castor & Pollux,d'un style peut-être un peu précieux, mais au moins très-brillant & très-soigné, présentant d'ailleurs assez d’intérêt & un superbe spectacle, a paru à l'Administration de l'Opéra mériter d'être rendu à la Scène ;mais on ne pouvait le faire reparaître avec une musique antique & entiérement opposée au goût moderne. Plusieurs Compositeurs ont tenté de la refaire ; celle de M. Candeille a été la mieux accueillie par administration.

Mais bientôt lui-même s'est effrayé de son audace. Il a cru devoir, par une lettre modeste publiée dans les Journaux,s'excuser auprès du Public de sa témérité. On a encore augmenté ses terreurs ; on lui a prescrit les morceaux consacrés qu'il fallait conserver, tout en lui faisant craindre que les siens ne pussent soutenir un rapprochement si redoutable. Cependant ces terreurs ont été vaines, & l'Ouvrage a eu beaucoup de succès. Mais s'il faut en croire les Zélateurs anciens, la gloire n'en appartient pas au Compositeur moderne, mais seulement aux beautés du Poëme & aux morceaux de Rameau qu'on a pu conserver. Quelle prévention ridicule ! combien elle est nuisible aux progrès des Arts, & combien elle prouve que celui de la Musique est encore étranger aux Français !

Les morceaux principaux que l'on a conservés sont, au second Acte, 1°. Le chœur que tout gémisse ; on a bien fait : ce chœur est peut-être, de tout ce qu'a fait Rameau, ce qu'il y a de plus expressif. D'ailleurs, un chœur n'a presque pas de mélodie sensible, & c'est sur-tout la mélodie de Rameau & de ses contemporains qui a vieilli. La partie de l'Orchestre était défectueuse, & M. Candeille l'a refaite. On l'a forcé aussi de conserver le chant de tristes apprêts, dont il a fallu refaire la partie instrumentale. Je ne puis juger du morceau que M. Candeille avait mis à la place & qu'on lui a fait ôter ; mais cette mélodie lâche & traînante au lieu d'être large & majestueuse ; triste & monotone au lieu d'être pathétique, n'a paru faire aucun effet.

On a conservé aussi plusieurs airs de danse avec très-peu ou point de changemens. On ne pouvait mieux faire, non pas par ce respect que l'on prétend devoir à un homme autrefois célebre, mais parce que ces airs ont des beautés réelles qui les soutiendront dans tous les temps.

Ce n'est pas une contradiction avec ce que je viens de dire. La Musique est composée de deux parties distinctes, l'harmonie & la mélodie. L'harmonie a sa base dans la Nature, car elle est le produit de tout corps sonore ; aussi est-elle invariable : ses procédés sont les mêmes dans tous les lieux & dans tous les temps. Mais l'harmonie de la Nature n'offre que des accords isolés & sans liaison ; c'est la mélodie qui lui donne une suite & nous la rend sensible. Cette mélodie vague & qu'on voudrait en vain assimiler au chant des oiseaux, n'a véritablement dans la Nature aucun modele ; elle est entiérement soumise au caprice. Appliquée aux paroles, elle n'exprime rien, car il n'y a aucune phrase de musique qui, par elle-même, ait une expression déterminée. Si elle agit sur nos organes, en ébranlant certain fibres, ces fibres seront également ébranlées par quelque suite de sons, par quelque forme de mélodie qu'il vous plaise d'inventer.

Mais si vous joignez la force du rhythme à cette suite de sons que j'ai commencé par supposer vagues ; si, par des retours périodiques, vous venez à ébranler les mêmes fibres à des temps égaux, c'est alors que la Musique a sur les hommes une véritable puissance; elle les émeut, les entraîne, & peut exciter en eux les passions. Ce n'est pas la prétendue expression musicale qui produira cet effet, ne vous y trompez pas, car il aura lieu sans le secours des paroles. C'est une certaine commotion purement physique qui vous électrise malgré vous & indépendamment de toute réflexion.

Tel est le propre des airs de danse, & voilà pourquoi ceux qui sont bien faits, c'est -à-dire , ceux où le rhythme est très-sensible & heureusement employé, sont à l'abri des caprices de la mode, & agissent également sur tous les Peuples & dans tous les temps. Les Italiens & tous les étrangers que le plus beau de nos anciens airs de chant ferait rire de pitié, font un fréquent usage de nos airs de danse. Nous ne pouvons plus entendre les chansons antiques , les chansons des Peuples barbares ne nous plairaient pas ; mais il y a tels airs de danse anciens ou barbares qui produiraient sur nous un grand effet.

Rameau possédait à un haut degré l'art de composer pour la danse; une chose même très-remarquable, c'est qu'il en écrivait beaucoup mieux la partie instrumentale que celle de ses airs de chant. M. Candeille a donc agi sagement en s’emparant de tous ceux qui se trouvaient à sa convenance ; & nous devons remarquer pour sa gloire, que ceux de sa composition qu'il y a joints, ne font point disparate, & ont même une fraîcheur de mélodie qui les font distinguer.

M. Candeille a osé refaire un morceau fameux, à qui les paroles, par une pensée fine & délicate, ont donné jadis une réputation long-temps soutenue ; je veux parler de présent des Dieux ; chanté par M. Lays avec infiniment de grace, ce morceau , d'une mélodie très-suave, a été fort applaudi, ce qui n'est pas un médiocre triomphe au milieu des préventions qui assiégeaient un grand nombre de Spectateurs. En général, M. Candeille a répandu beaucoup de charme sur tout cet Acte des Champs-Elysées, qui, dans le temps de Rameau, avait fait la fortune de son Opéra. J. J. Rousseau qui n'était pas respectueux de son caractere, à qui les noms n'en imposaient pas, disait que l'Acte des Champs-Elysées de Rameau, ressemble à celui d'Orphée comme le pavot ressemble à la rose. Celui de M. Candeille ne lui aurait sûrement pas inspiré cette ingénieuse mais offençante comparaison.

Je suis fâché que ce Compositeur n'ait pas conçu différemment le chœur des Démons, au feu du Tonnerre. Il a suivi le rhythme & en partie le chant de celui de Rameau , qui a de la chaleur sans doute, mais qui manque entiérement de noblesse. Il a été séduit probablement par les applaudissemens que ce morceau excite toujours. ll n'a pas pris garde que ces applaudissemens sont l'effet indispensable du mouvement qui regne alors sur la scène ; que c'est la situation théatrale plutôt que la force du morceau qui les produit. Sans nuire à cet effet, il pouvait peut-être rendre ce morceau plus digne des véritables connaisseurs.

En somme, cet Ouvrage a beaucoup réussi, malgré les préjugés qui lui étaient contraires. Il doit faire beaucoup d'honneur au talent de M. Candeille. Peut-être un Compositeur étranger, ou celui dont la réputation aurait été depuis plus long-temps établie, aurait-il obtenu un succès moins contesté; mais la gloire de M. Candeille en sera plus éclatante, puisqu'il a eu plus d'obstacles à vaincre.

Cette longue discussion nous a entraîné trop loin, & nous empêche de parler du mérite des ballets, que l’on doit aux talens de MM. Gardel & Laurent. Nous dirons seulement que cet Ouvrage est mis avec beaucoup de soin & de magnificence. Les décorations sont très-belles. On a sur-tout admiré l'effet d'une machine très-ingénieuse qui produit un vol oblique, sans le secours d'aucun cordage, & qui est de l'invention de M. Bornier.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1791, volume 7 (juillet 1791), p. 276-281 :

[La réapparition du Castor et Pollux de Rameau avec une musique nouvelle est un événement majeur de la vie culturelle parisienne, et le compte rendu qui lui est consacré est particulièrement important. Il faut d’abord justifier la création de cette nouvelle musique, et le critique reproduit une lettre de M. Candeille justifiant cette entreprise qui peut passer pour sacrilège en raison de la réputation de Rameau. Il ajoute ensuite de longues considérations sur l’équilibre qui doit exister entre poëme et musique, en faisant appel au témoignage de J. J. Rousseau, et en énumérant la liste de tous ceux, poètes et théoriciens de la musique, qui ont fixé « outre les diverses connoissances de l’harmonie & de la mélodie, les règles du poëme lyrique, & la maniere de faire parler les passions, sur-tout dans le récitatif ». Ce n’est qu’après ces longs préliminaires qu’il commence à évoquer le nouvel opéra, dont il se dispense de faire l’analyse, puisque « cet ouvrage est trop connu ». Il se dispense donc de parler du « poëme », pour se consacrer d’abord à la musique : les grands morceaux de Rameau ont été conservés, et simplement réorchestré, le rôle de Candeille se limitant à lier ces morceaux, ce qu’il a parfaitement réussi. Le reste découlait de là : interprétation par les chanteurs, décors et machines, ballets. Le bilan final est élogieux : cet opéra contribue au rayonnement culturel de la France, et il ne faudrait qu’un nouveau local pour que l’on puisse continuer à faire vivre une maison d’opéra à Paris.]

Castor & Pollux, tragédie lyrique en trois actes, paroles de M. Bernard, musique de M. Candeille.

La première représentation de cette piece a été précédée par la lettre suivante de l'auteur de la nouvelle musique au rédacteur des petites affiches.

» En 1789, j'appris qu'un compositeur étranger se disposoit à refaire d'un bout à l'autre cet ouvrage, dont les beautés musicales auroient seules suffi pour immortaliser Rameau ; ce n'a été qu'après m'être assuré de la réalité de ce projet, que j'ai osé moi-même entreprendre une tâche aussi pénible que hasardeuse.

» J'avois long-tems résisté aux sollicitations de plusieurs amateurs ; & plein de vénération pour les talens sublimes de notre Orphée François, je ne leur avois pas caché combien il me paroissoit téméraire de substituer une nouvelle musique à celle qui avoit été en possession de plaire durant près de 50 ans : mais réfléchissant qu'on pouvoit conserver les morceaux qui par leur éclatant mérite sont destinés à passer à la postérité, entraîné d'ailleurs par le désir d'en faire jouir encore le public, que les changemens survenus dans notre musique, sur-tout depuis une quinzaine d'années, pouvoient en priver pour toujours, ayant de plus l'avantage de connoître, beaucoup mieux qu'un compositeur étranger, les ressources d'un spectacle, où une longue expérience m'a mis à portée d'étudier toutes les parties de cette belle production de Rameau, j'ai osé tenter, malgré la défiance que devoient m'inspirer mes foibles talens, non pas de lutter contre lui, mais de suivre de loin ses traces.

» Le public, j'espere, ne me saura pas mauvais gré d'un travail dont l'unique but a été de contribuer à lui procurer de nouveaux plaisirs, en faisant revivre sur la scène, avec les principales couleurs qu'y a répandues ce grand homme, un poëme qu'on a toujours regardé comme le chef-d’œuvre du genre lyrique. Je suis, &c. » Candeille.

Qu'on me donne la gazette d'Hollande, disoit Rameau, & je la mettrai en musique. II en avoit le talent, s'il en faut juger par quelques poèmes au-dessous du médiocre qu'il a mis au théâtre de l'opéra. Cependant il est prouvé qu'un poëme excellent fera toujours passer une mauvaise musique, tandis qu'une excellente musique pourra rarement soutenir un mauvais poëme : il faut alors un talent bien transcendant. « En écoutant un langage hypothétique & contraint, dit J. J. Rousseau, nous avons peine à concevoir ce qu'on veut nous dire : avec beaucoup de bruit, on nous donne peu d'émotion ; de-là naît la nécessité d'amener le plaisir physique au secours du moral, & de suppléer, par l'attrait de l'harmonie, à l'énergie de l'expression. Ainsi, moins on sait toucher le cœur, plus il faut savoir flatter l'oreille ; & nous sommes forcés de chercher dans la sensation le plaisir que le sentiment nous refuse. » L'énergie de tous les sentimens, la violence de toutes les passions, sont donc l'objet principal du drame lyrique ; c'est ce qu'ont senti Apostolo Zeno, le Corneille de l'Italie, Métastase, qu'on en a nommé le Racine, & en France, Quinault & le gentil Bernard. Parmi les musiciens, ceux qui ont été pénétrés de cette vérité, & dont les ouvrages sont didactiques à cet égard, devroient être médités sans cesse par nos jeunes compositeurs; & sans leur citer Lasus, Aristoxene, Euclíde, Plutarque ni Boëce, nous nous contenterons de leur indiquer, parmi les modernes, les excellens traités de Zarlin, Salinas, Kirker, Mersenne, Holder, Mengoli, Burette, Vallotti, Tartini, Rameau, d'Alembert ; ceux enfin, de MM. de la Borde & l'abbé Roussier. C'est dans ces ouvrages profonds qu'ils apprendront, outre les diverses connoissances de l’harmonie & de la mélodie, les règles du poëme lyrique, & la maniere de faire parler les passions, sur-tout dans le récitatif. Tartini parle d'un morceau de récitatif qu'il a entendu, en 1713, à l'opéra d'Ancone, dont l'effetto non era di pianto, ma di un certo rigore freddo nel sangue, che di fatto turbava l'animo, &c. &c.

Le mérite des morceaux d'effet; & du récitatif, est celui qu'on a trouvé, dans le tems, au célebre Rameau, dans Castor & Pollux, qui fut joué en 1737, & que l'opéra n'avoit pas repris depuis 1784. Ce poëme de Bernard est aussi un chef-d'œuvre. La muse ingénieuse & tendre de Quinault semble avoir inspiré le poëte. Le plan est sagement conçu, l'intérêt vif, les scenes en sont bien distribuées, les airs habilement amenés, les sentimens variés & naturels. Nous n'en donnerons point un extrait, cet ouvrage est trop connu ; nous parlerons seulement de l'essai, peut-être téméraire, de M. Candeille, & du succès qu'il a eu.

Castor & Pollux attire un concours prodigieux à- l'opéra.

Les morceaux consacrés de Rameau ont été conservés avec un accompagnement plus moderne & plus dans le caractère de la musique actuelle. L'ouverture, le chœur, Que tout gémisse, celui des enfers, les anciens airs des champs-élysées, ont excité de vifs transports.

M. Candeille ne vouloit que lier ces morceaux, pour nous les faire encore entendre, & son but a été parfaitement rempli ; mais il a été plus loin. Quelques-uns de ses morceaux, surtout l'air de Phébé au premier acte, & celui Présens des dieux, oh ! divine amitié, ont fait le plus grand plaisir ; &, si tout n'est pas de 1a même force, on peut dire, pour le justifier, que les endroits qui pouvoient le plus fournir au talent du musicien, sont ceux qui ont immortalisé Rameau, & qui ont été conservés. Cet opéra tient plus du ballet que de la tragédie ; il ne restoit, en général, que du récitatif ; les airs de ballets ont été trouvés agréables. Les vrais amateurs de ce spectacle ont pensé que les efforts de M. Candeille méritoient leur reconnoissance, & se sont réjoui de son succès.

L'ouvrage a été très-bien exécuté par M. Laïs, dont le chant pur & facile, est toujours assuré de plaire ; par M. Lainez, que l'on peut regarder, à juste titre, comme un de nos meilleurs tragédiens ; & par mesdames Chéron & Maillard. M. Chéron nous retraçoit, dans son rôle, le Jupiter Olympien.

Cet opéra nécessite une grande pompe, & rien n'a été épargné pour l'établir avec la magnificence qui lui est convenable. Les décorations faites, pour la plupart, sur les dessins de M. Paris, dont on a eu plus d'une fois occasion de louer les talens, & qui joint les connoissances d'un littérateur instruit, au goût & au talent d'un artiste distingué, ont paru fort belles & fort justes. La machine dans laquelle Mercure enleve Castor, a étonné, & même effrayé par sa hardiesse. Le balancement calculé des nuages a fait craindre pour ceux qu'ils portoient ; elle est de M. Bornier, & est encore plus ingénieuse que celle du ballet de Psyché. Le zodiaque & les mouvemens du char du soleil lui ont aussi mérité de justes, applaudissemens.

Nous avons distingué aussi la manière dont les démons sortent de terre au 4e. acte : en un mot, rien n'est oublié dans cet ouvrage, pour captiver l'esprit & les yeux par la réunion des artistes, & par l'attrait de-la magie la plus séduisante que puisse offrir l'opéra, le plus beau spectacle de l'Europe dans son genre.

Tout prouve le zele & le goût de la nouvelle administration de ce spectacle, à la tête de laquelle M. Francœur est maintenant placé.

Les ballets, qui sont de MM. Gardel & Laurent, ont été trouvés agréables & bien composés, ceux sur-tout des lutteurs, de l'olympe, des enfers & des champs-élysées. MM. Nivelon, Laborie & Goyon, & mesdames Pérignon, CouIon, Saulnier & Miller, ont obtenu les applaudissemens auxquels ils sont accoutumés.

On a vu avec plaisir, dans le troisième acte, un pas de deux exécuté avec beaucoup de légèreté par. M. Deshayes fils , & Mlle. Colomb, jeune éleve de M. Gardel, qui avoit débuté il y a quelques mois.

On doit savoir gré à ceux qui régissent actuellement l'opéra, d'avoir établi cet ouvrage â l'époque où la translation de Voltaire & la fédération attire à Paris beaucoup d'étrangers. Ils verront que les arts vivent encore dans cette superbe cité. Si on mettoit souvent des ouvrages qui pussent piquer la curiosité & la satisfaire, si, sur-tout, on plaçoit l'opéra dans un local plus convenable & moins éloigné, il seroit possible de soutenir, à moins de frais, ce spectacle utile à la capitale.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1794, volume 12 (décembre 1794), p. 264-266 :

[Reprise de l’opéra de Rameau remis en musique par Candeille. Pour l’essentiel, le critique a apprécié cette représentation pour les interprètes et les ballets, mais pas pour les machines, peu satisfaisantes (mais il ne dit pas ce qu’il leur reproche). Il fait également l’éloge du « poëme » du fameux gentil Bernard, très bien adapté à la musique et présentant les grandes qualités d’un bon livret : « le plan en est finement conçu, l'intérêt vif ; les scenes sont bien distribuées, les airs bien amenés, les sentimens aussi variés que naturels : le poëte a su y mettre en jeu, & toujours à propos, les differens ressorts du théatre pour lequel il travailloit ». Dans la suite, quelques rappels historiques servent surtout à citer des anecdotes (sur la folie de Mouret, le rival de Rameau, sur les sentiments de Rameau à propos de son œuvre). Il cite enfin une épigramme qui n’est guère à la gloire de Rameau, ou des goûts musicaux de l’auteur de l’épigramme.]

THÉATRE DES ARTS.

Ce théatre vient de remettre, avec le plus grand soin, l'opéra de Castor & Pollux, paroles de Bernard, musique du cit. Candeille, adaptée sur celte de Rameau. Ce superbe ouvrage avoit attiré la plus grande affluence; l'exécution en a été très satisfaisante. Le cit. Lainé a joué le rôle de Castor avec cette ame, ce feu qui caractérisent son talent. Le cit. Lais a chanté les airs de Pollux avec le goût le plus fini. Les citoyennes Maillard Cheron, & le cit. Cheron se sont chargés des autres rôles ; c'est dire assez comment ils ont été remplis. Le public n'a pas été aussi content des machines, qui, presque toutes, n'ont pas été d'une maniere assez satisfaisante. Les ballets de cet ouvrage sont superbes. L'acte des enfers doit sur-tout faire le plus grand honneur aux talens du cit. Gardel, à qui on le doit : c'est une composition superbe, ce sont des tableaux larges & grands comme le sujet. On y a vu danser le cit. Veslris avec la plus rare perfection. Le citoyen Beaupré y danse un pas avec beaucoup de graces & de légéreté. Le jeune cit. Deshayes fait tous les jours des progrès rapides : cet artiste est très-bien busté : ses pas sont bien ensemble, & toujours soumis à la plus exacte précision : les citoyennes Perignon, Clotilde, Coulon, Colomb, &c., sont toujours en droit d'obtenir les plus vifs applaudissemens : en un mot, c'est un spectacle magnifique, fait pour attirer les amateurs des rares talens qui distinguent le théatre des arts. Ceux qui aiment les poëmes bien faits doivent admirer celui de Castor : c'est un modelé de poésie ingénieuse & tendre, aussi propre à s'allier avec la musique qu'à lui donner les moyens de déployer toutes ses richesses : le plan en est finement conçu, l'intérêt vif ; les scenes sont bien distribuées, les airs bien amenés, les sentimens aussi variés que naturels : le poëte a su y mettre en jeu, & toujours à propos, les differens ressorts du théatre pour lequel il travailloit. Il seroit à souhaiter que le génie de Rameau eût toujours été secondé par des poëmes aussi bons que celui du gentil Bernard.

Cet ouvrage fut donné, pour la premiere fois; en 1757 : son succès fut si grand, que la jalousie du compositeur Mouret alla jusqu'au délire : ce musicien en perdit l'esprit au point qu’on fut obligé de l'enfermer à Charenton : dans les accès de la folie, il chantoit continuellement ce fameux chœur de démon du quatrieme acte :

Qu'au feu du tonnerre
Le feu des enfers
Déclare la guerre, &c.

En 1761, après la premiere représentation de Castor à Fontainebleau, un des amis de Rameau l'apperçut le soir, se promenant dans une salle écartée, & éclairée très-foiblement. Comme cet ami courut après lui, Rameau se mit à courir aussi, & ne s'arrêta qu'après avoir entendu son nom. Alors, justifiant la bizarrerie de l'accueil qu'il lui avoit fait, il lui dit qu'il fuyoit les complimens, parce qu'ils l'embarrassaient, & qu'il ne savoit que répondre. Dans cette même occasion, il dit encore au même ami, au sujet de quelques nouveautés qu'on avoit voulu lui faire ajouter à son opéra de Castor : Mon ami, j'ai plus de goût qu'autrefois : mais je n ai plus de génie du tout.

Bien des gens critiquerent le nouveau genre de musique auquel Rameau sembla uniquement s'attacher : ils y trouverent trop de science, trop peu de naturel, & trop de difficultés dans l'exécution : tout leur parut trop travaillé, trop recherché : ce fut un effet de la prodigieuse facilité que ce grand musicien eut pour la composition. L'opéra de Castor a donné lieu à quelques épigrammes, dont tout le monde se rappellera celle-ci :

Contre la moderne musique
Voilà ma derniere réplique :
Si le diffcile est beau,
C'est un grand homme que Rameau.
Mais si le beau, par aventure,
N'étoit que la simple nature,
Dont l'art doit être le tableau,
C'est un pauvre homme Rameau.

(Annonces & avis divers.)

Mercure de France, volume 62 (janvier-février 1815), n° DCLXIX (4 février 1815), p. 174-176 :

[Castor et Pollux est un des succès du siècle précédent, et il est encore régulièrement repris, même si la surprise qui avait frappé le public est aujourd’hui éventée. Ce que le critique remet en cause, c’est d’abord le livret du fameux Gentil Bernard, que tous aujourd’hui critiquent, Voltaire, Grimm, Laharpe. Mais la musique ne subit pas un meilleur sort. On en est à la troisième version de l’opéra, Rameau à qui a succédé Candeille, à qui a succédé Winter, à qui succède à nouveau Candeille. Le critique critique vertement ce retour en arrière, la musique de Candeille étant pour lui « plate et commune », avec une mention particulière pour les airs de danse, « presque tous empreints de ce caractère ignoble ». La danse qui fait l’objet d’un traitement un peu surprenant : après en avoir vanté la beauté (grâce des pas, dessin agréable des ballets), le critique attaque vigoureusement la place excessive à ses yeux de la danse, qui a désormais acquis à l’opéra « une proéminence si marquée et si affligeante sur l'art du chant », au point que Castor et Pollux attendra la perfection « lorsqu’on en fera un ballet-pantomime » ! Bel exemple d’ironie vengeresse.]

Académie royale de Musique. — Castor et Pollux.

Depuis quatre-vingts ans, c'est toujours une sorte de solennité, à l'Opéra, que la remise de Castor et Pollux. Il semble que la surprise dont furent saisis nos grands-pères et nos grand's-mères, en voyant tant de merveilles réunies dans le même cadre, se soit prolongée jusqu'à nous. Nos yeux sont cependant plus accoutumés que ne l'étaient les leurs à tous les prestiges de la magie théâtrale ; mais, dans les grandes comme dans les petites choses, la prévention agit souvent sur les esprits les plus réfléchis ; et celle qui existe en faveur de la beauté incomparable de Castor ne parait aucunement avoir perdu de sa force. Il ne s'agit ici, au reste, que de la pompe et du charme du spectacle ; car l'on ne peut nier que l'admiration pour le poëme ne se soit prodigieusement refroidie, malgré toute la tendresse que conservent encore pour le Gentil Bernard ceux qui ne connaissent de lui que son nom. Quand Voltaire , auquel il devait ce joli nom, déclara que son opéra manquait d’intérêt ; lorsque, depuis, Grimm, avec ce tact qui ne l'abandonne presque jamais , ne voulut y voir qu'un ouvrage médiocre rempli de jolis madrigaux, on les trouva peut-être bien sévères l'un et l'autre, et ils ne furent que justes. Il s'en faut même beaucoup que tous ces madrigaux soient jolis : on en citerait un assez grand nombre qui ne sont que fades. Laharpe, qui, d'ailleurs, vante avec une complaisance inexplicable le plan de cette singulière tragédie lyrique, s'attache précisément au morceau le plus fameux pour en critiquer le style, et il semble dire : Ab uno disce omnes. Il relève avec un soin particulier les expressions impropres et même les pensées fausses qui déparent l'hymne à l'amitié : Présent des Dieux, doux charme des humains, etc.

A la musique de Rameau avait succédé celle de M. Candeille ; à l'ouvrage de M. Candeille celui de M. Winter ; et voilà aujourd'hui M. Candeille qui se ressaisit de la place d'honneur, ou qui, du moins, se remet en évidence. Par une de ces combinaisons ou de ces fatalités si communes au théâtre, il avait été réglé pour cette nombreuse partie du public qui a besoin qu'on lui fasse une opinion, que la musique du compositeur français était prodigieusement supérieure à celle du compositeur allemand. Comme, en fait d'arts et de talens, on peut et on doit même mettre l'amour-propre national de côté, les juges impartiaux n'hésitent plus à énoncer nettement leur avis. Il faudrait qu'un homme tel que M. Winter, c'est-à-dire, un artiste célèbre par des productions du premier ordre, se fût étrangement oublié pour être descendu plus bas que le Castor qu'on nous donne aujourd'hui. Le défaut capital de cette musique, défaut si saillant qu'il frappe les oreilles les moins exercées, c'est d'être plate et commune. Les airs de danse, particulièrement, sont presque tous empreints de ce caractère ignoble. Mais on serait tenté de leur pardonner, lorsqu'on les voit servir d'accompagnement ou de prétexte aux pas les plus gracieux, aux ballets les plus agréablement dessinés que l'on ait peut-être jamais applaudis à ce théâtre, où la chorégraphie, acquérant de jour en jour une proéminence si marquée et si affligeante sur l'art du chant, de partie accessoire est devenue partie principale. C'est ce qui explique parfaitement l'affluence extraordinaire qu'attire et attirera chaque représentation de Castor et Pollux. On donnera à cet opéra toute la perfection dont il est susceptible, lorsque l’on en fera un ballet-pantomine.

Carrière à l'Opéra :

31 représentations en 1791 (14/06 – 16/12).

18 représentations en 1792 (03/01 – 21/12).

1 représentation en 1793 (10/01).

4 représentations en 1794 (16/12 – 26/12).

40 représentations en 1795 (01/01 – 14/09).

11 représentations en 1796 (18/01 – 07/08).

18 représentations en 1797 (06/03 – 14/12).

5 représentations en 1798 (19/01 – 06/09).

3 représentations en 1799 (04/02 – 30/03).

2 représentations en 1814 (28/12 – 30-12).

17 représentations en 1815 (03/01 – 01/12).

150 représentations de 1791 à 1815.

L’opéra de Candeille a d’abord été joué 131 fois de 1791 à 1799, avant d’être repris en 1814-1815 pour 19 représentations. Chronopéra n’ajoute à ces représentations qu’une dernière exécution en 1816.

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