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Chacun a son plan

Chacun a son plan, opéra en un acte. 28 nivose an 11 [18 janvier 1803].

Théâtre de la Porte Saint-Martin

Almanach des Muses 1804.

La musique est l’œuvre de Louis-Joseph Saint-Amans (François-Joseph Fétis, Biographie universelle des musiciens, Volume 8, p. 10).

Courrier des spectacles du 29 nivôse an 11 [19 janvier 1803], p. 2 :

[La pièce nouvelle est sans intérêt, et personne n’en a tiré la satisfaction qu’on pouvait en attendre. Alors, avant de parler de la pièce, c’est du théâtre que le critique parle, pour expliquer pourquoi il échoue sans cesse, et comment il pourrait obtenir le succès qu’il devrait obtenir, en choisissant mieux les pièces qu’il met sur la scène (et les auteurs qui les écrivent...), en limitant son ambition à jouer mélodrames et pantomimes plutôt que des opéras qu’il n’a pas les moyens de produire. Il obtiendrait ainsi le succès que son emplacement et la beauté de sa salle lui promettent. Pour finir, le critique résume l’intrigue de la pièce, mais dans le seul but d’en montrer l’inanité.]

Théâtre de la Porte Saint-Martin.

Première Représentation de Chacun a son plan.

Chacun a son plan. Celui de l’auteur de cet opéra étoit sans doute de plaire au public. Mais il l’avoit mal combiné, et il a échoué. Celui des spectateurs étoit de s’amuser, et ils ont baîllé, ils ont sifflé, ils ont enveloppé dans la même disgrace l’auteur des paroles et l’auteur de la musique : celui de l’administration étoit de faire une bonne recette, et elle n’a été que médiocre.

Ce théâtre en n’offrant que des pièces qui sont presque toutes tombées, n’attire pas autant de monde que son emplacement pouvoit d’abord le faire espérer. A peine a-t-il été ouvert qu’une foule d’auteurs s’est présentée avec des pièces. Chacun briguoit l’avantage d’être joué à ce spectacle, qui sembloit devoir tenir le milieu entre ceux du centre et ceux des Boulevards. Beaucoup d’auteurs ignorés, dédaignant l’Ambigu et la Gaîté qu’ils affectoient d’abandonner à d’autres plus obscurs encore, ont cru qu’il seroit glorieux même de tomber dans une salle aussi belle, et ils ont été accueillis. Qui donc a pu jusqu’ici conseiller aussi mal l’administration ? Nous le répétons, avec tous les moyens d’attirer chaque jour la foule : il semble qu’elle fasse tout pour l’écarter.

La troupe chargée jusqu’ici de représenter tant de chefs-d'œuvre sifflés, est incomplète, malgré le grand nombre d’acteurs dont elle est composée ; il y a bien quelques mimes qui ne paroissent pas déplacés dans le mélodrame ; il y a quelques chanteurs et même quelques acteurs dans l’opéra. Les ballets offrent quelques danseurs et danseuses qui ne manquent pas de moyens, mais dans tout cela il n’y a pas d’ensemble. Qu’on y joue des pantomimes et des mélodrames, qu’on y exécute des ballets, la salle est propre à ces deux genres, mais l’opéra n’y réussira que foiblement, surtout si on en fait la base du spectacle du jour. Que l’on y joue quelques petits opéra, mais qu’on y donne en même temps le genre favori de ces quartiers, un mélodrame, et l’affluence s’y portera, surtout si l’on fait un meilleur choix d’ouvrages que l’on ne l’a fait jusqu’ici. Revenons à la pièce. Voici ce que nous avons pu recueillir malgré le bruit.

Un jeune officier aime une demoiselle, c’est comme partout ; son valet et une suivante servent ses amours, c’est comme partout ; ces deux derniers se déguisent, c’est comme partout ; le père de la jeune personne est trompé, c’est comme partout ; le père de l’officier arrive ; il destinoit précisément à son fils la main de la fille de son ami : c’est encore ce qu’on a vu partout.                                  F. J. B. P. G***.

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