La Caravane du Caire

La Caravane du Caire, opéra ballet en trois actes, de Morel de Chédeville pour le livret et de Grétry, pour la musique, 15 janvier 1784, reprise en 1799.

Académie Royale de Musique en 1784, Théâtre de la République et des Arts en 1799.

Titre :

La Caravane du Caire

Genre

opéra-ballet

Nombre d'actes :

3

Vers ou prose ,

 

Musique :

oui

Date de création :

15 janvier 1784

Théâtre :

Académie Royale de Musique

Auteur(s) des paroles :

Morel de Chédeville et le comte de Provence, futur Louis XVIII

Compositeur(s) :

Grétry

Chorégraphe :

en 1799, Gardel

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-huitième année, tome VIII, floréal an 7 [mars 1799], p. 200-202 :

[Reprise de la Caravane du Caire, en 1799 (la pièce a été créée en 1783, et n'a plus été jouée depuis 1791). Le critique souligne la qualité de cette remise en scène. La décoration en particulier est mise en avant, alors que les chanteurs suscitent éloges et réticences. Quant aux ballets, après un paragraphe qui les loue, tant pour leur composition que leur exécution, ils font l’objet d’une longue réflexion sur l’évolution récente de la danse vers une virtuosité et un engagement physiques de plus en plus grands : désormais, danser, c’est sauter et pirouetter, ce que le critique considère comme la négation même de la danse, « art […] dénaturé », « livré aux tours de force », et qui « ne peut plus occuper avec fruit un compositeur éclairé ».]

THÉATRE DE LA RÉPUBLIQUE ET DES ARTS.

La reprise de la Caravanne a été accueillie avec l'empressement que méritent & le brillant succès que cet opéra a obtenu pendant longtemps, & la juste célébrité de son compositeur. Partout on y a remarqué & applaudi la simplicité de la composition, la vérité des situations & l'expression du comique le plus spirituel ; aussi ne fatigue-t-il pas par l'uniformité des motifs & la monotonie des grands effets trop répétés. Il est remis avec un soin qui honore l'administration. La décoration du premier acte est très-pittoresque, & faite avec l'intelligence nécessaire pour que le spectateur jouisse pleinement du développement de la marche & de l'arrivée de la caravanne. Les chameaux, si bizarres dans leur construction naturelle, y sont parfaitement imités, & jettent conséquemment sur l'ensemble du tableau une vérité précieuse. Les meilleurs acteurs sont chargés des différens rôles, & tous ont été très-applaudis. Il seroit à désirer seulement que dans les morceaux de chant proprement dit, qui exigent des développemens du gosier & des traits particuliers, ils fussent plus travaillés d'avance par quelques-uns des sujets qui en sont chargés.. Ce soin est devenu nécessaire, depuis que journellement le public est à portée d'entendre de ces morceaux bien exécutés.

Les ballets sont non-seulement agréables par leur composition &- le genre qui les constitue, dont le maître des ballets a su profiter, mais encore par leur parfaite exécution On sait que cette partie de nos richesses théâtrales, non-seulement s'est conservée dans sa pureté , mais qu'elle a prodigieusement acquis par le nombre des premiers sujets.

On nous a reproché assez durement dans notre propre journal, de nuire à l'art dramatique, par trop de complaisance. Nous hasarderons donc une observation que nous tirons des opinions particulières du plus grand nombre des spectateurs, & dont d'ailleurs la vérité peut être facilement sentie par les danseurs eux-mêmes. Nous sommes bien convaincus qu'elle ne remédiera point au mal, mais nous aurons rempli une obligation.

Depuis que le jeune Vestris, abusant de sa légèreté, a reçu des applaudissemens arrachés aux spectateurs, par l'étonnement où il les a jetés, tous les danseurs, dont le but principal est d'obtenir aussi des applaudissemens, se sont exercés dans ce genre. Vestris s'est amusé probablement à les tenir éloignés de lui, & chaque fois nouveau tour de force, soit dans le saut, soit dans le tournoyement. Chaque fois nouveaux efforts de la part des autres danseurs, qui ont mis tout leur talent à l'approcher de plus ou moins près ; il en est résulté que le capital de la danse a consisté dans le saut, l'équilibre & le tournoyement ; l'intervalle d'un de ces tours de force n'est pour ainsi dire consacré qu'au repos propre à donner le moyen de pouvoir recommencer. Cet intervalle cependant devroit être véritablement la danse, mais il est perdu pour elle; & chaque fois qu'un certain nombre de ses premiers sujets sont en scène, ils peignent uniquemment [sic] un conseil des vents conjurés qui se disposent à bouleverser la terre. si Gardel, le maître des ballets, pouvoit s'expliquer avec franchise, nous ne doutons pas qu'il ne confirmât notre observation, & qu'il n'avouât que son art ainsi dénaturé, & livré aux tours de force, ne peut plus occuper avec fruit un compositeur éclairé. Il ne lui reste d'autres ressources que de former des tableaux agréables par des groupes & un ensemble flatteur , & l'on sait combien il sait tirer parti de ce seul moyen qui lui reste.

Carrière à l'Opéra :

6 représentations en 1789 (08/01 – 03/12).

12 représentations en 1790 (07/01 – 18/11).

9 représentations en 1791 (13/01 – 07/04).

18 représentations en 1799 (05/04 – 11/11).

8 représentations en 1800 (09/02 – 16/12.

17 représentations en 1801 (12/01 – 03/11).

13 représentations en 1802 (08/01 – 14/11).

10 représentations en 1803 (23/01 – 23/12).

19 représentations en 1804 (15/01 – 23/12).

18 représentations en 1805 (01/02 – 27/12).

19 représentations en 1806 (26/01 – 16/12).

17 représentations en 1807 (20/01 – 20/12).

11 représentations en 1808 (10/01 – 27/12)).

12 représentations en 1809 (17/01 – 31/12).

7 représentations en 1810 (21/01 – 16/12).

12 représentations en 1811 (13/01 – 29/12).

8 représentations en 1812 (19/01 – 29/09).

11 représentations en 1813 (11/05 – 12/10).

19 représentations en 1814 13/02 – 04/12).

17 représentations en 1815 (01/01 – 24/12).

261 représentations entre 1789 et 1815.

Jouée 27 fois de 1789 à 1791, elle est reprise en 1799 et est jouée 234 fois les 15 années suivantes. La Bibliothèque musicale du théâtre de l’Opéra, tome 1, p. 339, lui attribue 506 représentations, « chiffre énorme », avec de nombreuses représentations sous le règne de... Louis XVIII.

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