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Le Cachemire

Le Cachemire, comédie en un acte, en prose mêlée de vaudeville, de Dupin, 15 février 1810.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Cachemire (le)

Genre

comédie mêlée de vaudevilles

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

15 février 1810

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Dupin

Almanach des Muses 1811.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Mme Masson, 1810 :

Le Cachemire, comédie, en un acte et en prose, mêlée de vaudevilles, Par M. Henri Dupin. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre du Vaudeville, le 15 Février 1810.

Mercure de France, tome quarante-unième, n° CCCCLII (Samedi 17 Mars 1810), p. 177-178 :

Théâtre du Vaudeville. Le Cachemire, vaudeville en un acte.

Les nouveautés se succèdent rapidement à ce théâtre, et si l'on ne peut toujours féliciter l'administration sur la choix des ouvrages mis à la scène, au moins doit-on convenir que leur nombre fait infiniment d'honneur à la mémoire et au zèle des acteurs. Aux Pêcheurs Danois a succédé le Cachemire, vaudeville en un acte, dont le succès ne sera pas plus brillant.

M. Furet, ancien procureur normand, a troqué son .nom contre celui de Grippenville ; il se rend à Paris avec son neveu. Les deux sœurs de M. Destival leur sont promises ; mais l'amour, ce petit dieu qui se rit des vains projets des hommes, enflamme le cœur de nos deux bas normands pour les appas de Mme Destival ; l'instant est favorable, car cette dernière est brouillée avec son mari.

M. de Grippenville a reçu autrefois une somme de six mille francs qu'il était chargé de remettre à une certaine Lisette, mais n'en ayant pas donné de reçu, il trouve plus commode de nier le. dépôt et de s'approprier la somme : cette Lisette est femme-de-chambre de Mme Destival. Arlequin, qui aime la soubrette, forme le projet de lui faire restituer ce qui lui est dû.

M. Destival, pour terminer toute contestation avec sa femme, charge Lisette de mettre un Cachemire superbe sur la toilette de sa maîtresse. Arlequin, que MM. de Grippenville oncle et neveu ont pris pour confident de leur passion, leur persuade que le moyen le plus honnête de déclarer leurs sentimens, est d'offrir un cadeau à Mme Destival ; il leur montre séparément le Cachemire offert par le mari, reçoit de chacun d'eux mille écus qu'il prétend être le prix du schall, et se charge de le faire agréer de leur part ; il porte les six mille francs à Lisette et le Cachemire à Mme Destival qui, touchée d'une preuve aussi positive de l'amour de son mari, se réconcilie avec lui, et pardonne à Arlequin cette espièglerie un peu forte, puisqu'elle l'a compromise un moment. MM. de Grippenvîlle retournent dans le fond de leur province, où ils resteront jusqu'à ce.qu'il plaise à quelque auteur de faire revenir à Pans ces modernes Pourceaugnacs.

On a déjà observé que le fond de cet ouvrage est entièrement pris d'une ancienne comédie ; les couplets n'ont rien de remarquable, et le dialogue ne rachète pas ces défauts.

Mémorial dramatique, cinquième année (1811), p. 133-134 :

Le Cachemire, vaudeville en un acte, par M. H. Dupin. (14 février.)

Deux Normands natifs de Constance [Coutance ?], où ils sont connus sous le nom de Furet oncle et neveu, prennent celui de Grippenville, et viennent à Paris pour se lancer dans le beau monde. Ils deviennent sans se le dire, amoureux d'une femme mariée qui ne les aime pas, et chacun d'eux remet à Arlequin, valet de cette dame, une déclaration, passionnée, que celui-ci garde dans sa poche. Un moment après, Arlequin leur communique une prétendue réponse de leur belle, réponse qui les flatte séparément d'un tendre retour, en leur faisant entendre qu'ils doivent se montrer généreux. Quel cadeau peuvent-ils offrir ? Un cachemire de mille écus ? Par malheur c'est Arlequin qui leur vend ce beau schall, et qui se charge de le présenter pour eux. Or Arlequin est un mauvais plaisant qui les mystifie sans pitié. Le schall que chacun d'eux lui a payé trois mille fr. n'est autre que celui de la dame, qui l'a reçu de son mari, pour gage d'une réconciliation. Ils aperçoivent cette parure sur les épaules de la dame, et chacun d'eux charmé de voir agréer sou hommage, a la sottise de s'exprimer comme un amant sûr d'être heureux. Cette gaucherie amène une explication dans laquelle le mari est pris pour arbitre. Nos deux imbécilles reconnaissent qu'ils ont été joués, et réclament avec raison contre le crime de stellionnat dont Arlequin s'est rendu coupable à leur égard ; mais les deux mille écus qu'ils lui ont payés, sont précisément le montant d'un héritage dont ils avaient précédemment frustré une jeune fille, et cette jeune fille épouse Arlequin.

Cet ouvrage n'a eu qu'un faible succès.

A la lecture de ces deux critiques, il est permis de se demander si les deux auteurs ont vu la même pièce...

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 15e année, tome I, p. 380-381 :

[Compte rendu rapide, qui s’ouvre sur un résumé de l’intrigue (pas très claire), avant une attaque contre la pièce, que le public a plus ou moins appréciée (dégradation manifeste tout au long de la représentation, des murmures aux sifflets) : la pièce manque d’originalité : fonds emprunté à une pièce ancienne, couplets pris à d’illustres prédécesseurs. Faut-il aller jusqu’à plagiat ?]

Le Cachemire, vaudeville joué le 15 février.

Ce Cachemire acheté par M. Destival pour son épouse, est vendu, mais non livré, par Arlequin, à deux procureurs fripons qui sont amoureux de la dame ; croyant être payés de retour, ils n'hésitent point à lui faire ce présent, et donnent dans le piège qu'on leur tend. L'argent dont ils se sont dessaisis, sert de dot à une soubrette à qui ils ne vouloient point payer une somme qu'ils lui devoient.

Quelques couplets agréables et la caricature des procureurs ont d'abord favorablement disposé les spectateurs ; mais des idées rebattues, la crédulité par trop invraisemblable des procureurs et la complaisance du mari ont ensuite excité des murmures «t provoqué les sifflets ; cela n'a pas empêché l'auteur d'être nommé, c'est M. Henri Dvpin qui a pour collaborateur M. V....

Il a pris le fonds de sa pièce dans les Nouveaux Débarqués, petite comédie de Le Grand, et ses meilleurs couplets dans Pannard, Dufresny, et Compagnie.

[Les Nouveaux Débarqués de Le Grand ont été créés le 5 novembre 1725.]

L’Esprit des journaux français et étrangers, tome IV, avril 1810, p. 285-289 :

[Cette pièce n’est même pas la « bleuette » qu’elle prétend être. Son auteur l’a construite à partir de larcins multiples, qu’il n’a même pas su utiliser. Le résumé de l’intrigue conclut à un double défaut : l’invraisemblance (deux procureurs ne pourraient se laisser tromper ainsi) et sur l’indécence, l’oubli des convenances (dans la scène où le mari voit les deux procureurs revendiquer le cadeau qu’il vient lui-même de faire : il n’aurait pas dû être là, et les deux procureurs auraient dû être seuls pour s’expliquer entre eux). Le public a sifflé, bien sûr, mais il a laissé nommer l’auteur dont la pièce  n’est donc pas tout à fait tombée.]

Cachemire, bleuette en un acte, de M. H. Dupin.

Le titre de bleuette sous lequel on nous a donné cet ouvrage, quoiqu'assez modeste en apparence, s'est trouvé par l'événement beaucoup trop présomptueux. Une bleuette ne brille qu'un moment, mais elle brille. Le Cachemire de M. Dupin ne brillera, ni ne durera. S'il faut en croire les gens les plus versés dans les annales dramatiques, ce petit vaudeville est emprunté d'une comédie de Legrand ; un des couplets les plus saillans est volé à Dufresny : ce qu'il y a de certain, c'est que le plus grand nombre appartient à qui voudra les réclamer, ne contenant que des plaisanteries usées sur le mariage, les Normands et les procureurs. On sait bien qu'il est difficile aujourd'hui de faire du neuf, soit en couplets, soit en intrigues ; mais au moins faudrait-il tirer parti de ce qu'on emprunte, et c'est ce que notre auteur n'a point fait. Nos lecteurs vont en juger eux-mêmes.

M. Destival, homme riche et de bon ton, est époux d'une jolie femme qui le boude quelquefois et qu'il appaise par des présens plus ou moins considérables. La dernière querelle avait été sans doute un peu forte, car il n'a pas cru pouvoir opérer la réconciliation à moins d'un cachemire de mille écus ; et Suzette est chargée de le placer sur la toilette de sa maîtresse, car M. Destival n'est pas moins délicat que généreux. Tout va fort bien jusques-là et l'on ne peut nier que M. Destival ne se conduise fort bien avec sa femme. Mais il n'en agit pas de même avec ses sœurs ; il en a deux, et pour s'en débarrasser au plus vite, il les a promises à MM. Furet, oncle et neveu, tous deux procureurs à Coutances, qu'il connaît on ne sait d'où, qui sont devenus riches, on ne sait comment, et qui, depuis leur arrivée à Paris, à la veille d'épouser deux jolies personnes, se sont tous deux épris de Mme. Destival, on ne sait pourquoi.

C'est pourtant sur ce double amour que toute l'intrigue est fondée. Il faut savoir, en effet, que cette Suzette dont nous venons de parler a fait depuis quelque temps un héritage à Coutances. Il se monte à 6000 fr. ; la somme a été déposée chez MM. Furet qui refusent de la lui remettre, et Suzette ayant encore sur le bras le cachemire qu'elle porte à sa maîtresse, instruit de tout Arlequin son amant, valet de M. Destival, et déjà confident de la passion des deux Furet pour madame. Or, que croyez-vous maintenant qu'il va faire pour épouser sa Suzette en lui faisant recouvrer sa dot ? I1 va lui emprunter le cachemire, puis, s’adressant successivement à l'oncle et au neveu , il remettra à chacun, au nom de madame Destival, une lettre qu'il aura fabriquée lui-même et dans laquelle elle témoignera aux deux procureurs le désir de porter sur elle quelque marque de l'intérêt qu'ils lui ont témoigné. L'oncle et le neveu ne voudront pas laisser échapper une occasion si favorable. Dans l'embarras où ils seront de trouver d'abord un présent à faire, Arlequin leur proposera le cachemire ; ils l'acheteront mille écus chacun, et l'un après l'autre, le payeront en bons effets et le laisseront entre les mains d'Arlequin pour le présenter de leur part. Deux mille écus font tout juste la somme qu'ils doivent à Suzette ; Arlequin la lui remettra et le cachemire retournera à Mme. Destival, de la part de celui qui le premier en a fait l'emplette.

Vous trouvez peut-être cette trame assez mal ourdie ; vous doutez que deux procureurs se décident à débourser mille écus si légèrement, et surtout que, dans l'habitude où ils sont de ne jamais se dessaisir de rien, ils consentent, par un raffinement de galanterie, à confier à un valet et le cachemire et leur argent, vous avez raison ; mais ce n'en est pas moins ainsi que les choses se passent dans la bleuette, et qui pis est, ce n'est pas là ce qui s'y trouve de plus invraisemblable et de plus inconvenant. Nos deux procureurs, bien sûrs que leurs présens ont été remis, veulent jouir de l'impression qu'ils ont faite sur leur belle ; ils arrivent ensemble et la trouvent en effet parée du cachemire. Il s'entame une scène de méprises assez plaisante ; mais l'oncle empressé d'avoir un tête à tête, éloigne impérativement son neveu. Dès qu'il est seul avec Mme. Destival, il devient si entreprenant qu'elle est obligée d'appeller à l'aide. Cette scène a déjà indisposé le public. Mais son mécontentement a éclaté bien autrement encore et avec plus de justice, lorsque Suzette et Destival lui-même étant accourus, Furet l'oncle et Furet le neveu ont osé produire devant lui les lettres prétendues de sa femme et réclamer le témoignage d'Arlequin en faveur des présens dont ils l'avaient chargé. Le reste de la pièce n'a été écouté qu'au milieu des sifflets et des murmures. L'idée principale de cette scène était cependant comique. L'explication de l’imbroglio entre les deux procureurs pouvait devenir très-plaisante ; mais il ne fallait pas que Destival y parût, et c'est avec raison que le public a puni cet oubli de bienséances. Au reste, il n'y a point mis de mauvaise humeur ; il a laissé nommer l'auteur, quoique faiblement demandé, et l'on peut dire que s'il est tombé, c'est avec tous les honneurs de la guerre.

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