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Le Chapitre second

Le Chapitre second, comédie en un acte, en prose, mêlée d'ariettes, de Dupaty, musique de Solié. 29 Prairial an 7 [17 juin 1799].

Théâtre de la rue Favart, Opéra-Comique

Titre :

Chapitre second (le)

Genre

comédie mêlée d’ariettes (opéra comique)

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

ariettes

Date de création :

29 prairial an 7 (17 juin 1799)

Théâtre :

Théâtre de la rue Favart, Opéra-Comique

Auteur(s) des paroles :

Dupaty

Compositeur(s) :

Solié

Almanach des Muses 1800

Un homme veut marier Derlove son neveu, à madame Saint-Ange sa nièce, veuve jeune et jolie. Il appelle en conséquence son neveu à Paris. Le jeune homme descend chez un de ses amis sous le nom d'Emma, et son logement se trouve précisément n'être séparé de celui de madame Saint-Ange que par un mur, encore offre-t-il une porte de communication. Derlove a entendu une voix charmante, il y a répondu par une romance, et on l'a écouté avec plaisir. Voilà qu'on s'aime sans se voir, sans se connaître, et qu'on prend de l'aversion, l'un pour la cousine, et l'autre pour le cousin qu'il faut épouser. Drlove écrit le résultat de son voyage pour un de ses amis, il lui fait part de sa bonne fortune à son arrivée ; et c'est là son chapitre premier. Il l'instruira dans le second chapitre, du succès de ses amours, et il veut commencer par s'introduire chez madame Saint-Ange, qu'il ne connaît que sous le nom de Céleste, qu'elle portait étant fille. Il se déguise bientôt en jockei, arrive chez Céleste ; mais oubliant et son costume, et l'accent anglais qu'il a pris, il s'est trahi. Cette entrevue n'a fait qu'augmenter l'amour qu'il ressent, et celui qu'il a inspiré. Céleste renonce à son cousin, Derlove à sa cousine. Il est rentré chez lui, et là il commence son chapitre second. Céleste l'entend et lui parle. Derlove voudrait pouvoir achever son récit auprès d'elle, il en obtient presque la permission, il est parti. Elle découvre alors que la porte qui les sépare ne ferme pas bien, elle entre dans la chambre de Derlove. La curiosité lui fait jeter les yeux sur ce chapitre second ; elle voit que Derlove a écrit qu'il serait obligé d'épouser sa cousine. Elle se croit trahie, veut rentrer, mais la porte a été fermée par Derlove lui-même, qui, en entrant chez Céleste, lui a ôté, sans le savoir, les moyens de sortir de chez lui. Il ne reste plus à Céleste que la ressource de prendre les habits du jeune homme, et de s'échapper sous de déguisement. Derlove, qui se croit seul, et qui présume que le cousin va venir chez Céleste, imagine, pour le détacher d'elle, de le recevoir sous les habits de Céleste elle-même. Ainsi déguisé, il attend le cousin ; il croit le voir, c'est un jeune officier comme lui, c'est Céleste. Leur surprise est égale. Enfin, après une explication sur les doutes que Céleste avait conçus en lisant certain article du chapitre second, ils se reconnaissent, protestent de leur amour, et s'unissent.

Cadre neuf, rempli d'une manière ingénieuse ; de jolies scènes, des détails agréables. Musique digne de son auteur. Beaucoup de succès.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Vente, an VII :

Le Chapitre second, comédie en un acte et en prose, mêlée de chants ; Par Emmanuel Dupaty, Musique de Solié. Représentée, pour la première fois, sur le théâtre de l'Opéra-comique, rue Favard, le 29 prairial an 7.

Magasin encyclopédique, ou Journal des sciences, des lettres et des arts, Ve année (an VII-1799), tome second, p. 232-235 :

[Le compte rendu relève d’abord deux caractéristiques de la pièce : elle est à deux personnages, et son décor est divisé en trois parties. Il fournit ensuite un résumé abondant de l’intrigue, avant de terminer rapidement sur la qualité des interprètes et le nom des auteurs (texte et musique) : « Cet ouvrage ne peut qu'ajouter à leur réputation ». A part la formule « jolie bluette » et la mention initiale du succès, la part critique est fort réduite. Mais en plus le nom du compositeur n’est pas le bon !]

Théatre De l'Opéra Comique National.

Le Chapitre second.

Cette petite pièce a été jouée, le 29 prairial, an 7, avec le plus grand succès. Il n'y a que deux personnages, M.me Saint-Ange et Derlove. Le théâtre est divisé en trois parties ; il représente à gauche, une chambre de garçon ; à droite, une chambre élégamment meublée; au milieu, un superbe salon.

M.me S. Ange, jeune et jolie veuve, et Derlove, son cousin, sont destinés l'un à l'autre par leur oncle. Derlove, jeune homme plein de feu, arrive trois jours avant celui où il est attendu, et descend chez un de ses amis, qui lui donne un logement précisément dans la maison contigue à celle de sa cousine ; il existe même encore une ancienne porte de communication, mais qui est fermée depuis longtemps.

Derlove a entendu une voix charmante dans l'appartement voisin ; il a répondu par une romance : M.me S. Ange l'a écouté avec plaisir ; ils s'aiment déja sans se voir, sans se connoître : ils prennent de l'aversion, l'une pour son cousin, l'autre pour sa cousine, et Derlove ne veut épouser que Céleste : c'est le nom de fille de M.me S. Ange, sous lequel seul il la connoît. Il veut lui remettre un billet, et, pour cela, appelle son jokey ; Céleste court à la porte de la rue, pour qu'on l'empêche d'entrer ; mais il passe par la cloison, et Céleste est toute surprise de le voir seul dans son appartement. Le prétendu jokey est Derlove, qui a pris ce costume ; il se trahit bientôt; Céleste feint de ne pas s'en apercevoir, et le congédie. Cette entrevue augmente leur amour ; Derlove, qui a écrit à un de ses amis, sous le titre de Chapitre premier, sa nouvelle bonne fortune, veut alors lui écrire son Chapitre second ; mais avant, il s'habille en hussard, et se rend chez sa cousine, qui lui fait remettre une lettre de remercîment, sans vouloir même le recevoir. Derlove est enchanté de pouvoir aimer Céleste en liberté ; à l'instant il commence son Chapitre second. Céleste l'entend,, lui parle, et lui fait part de l'arrivée de son cousin, qu'elle lui assure qu'elle n'aime pas ; Derlove lui propose d'aller la défendre, s'il se présentoit ; mais elle refuse ses offres. Cependant, il part pour aller chez elle. Elle s'aperçoit alors que la cloison ferme mal ; elle l'entrouvre, et la curiosité lui fait regarder ce que renferme le Chapitre second, qu'elle voit sur la table. Elle y apprend que Derlove renonce.à M.me S. Ange ; elle se croit trahie, elle veut rentrer ; mais Derlove lui-même, pénétrant dans l'appartement de Céleste, l'enferme, sans le savoir, dans sa propre chambre. Elle n'a d'autre ressource, pour sortir, que de prendre les habits de hussard du jeune homme, et elle s'échappe ainsi par la porte. Pendant ce temps, Derlove revêt les habits de Céleste, pour en dégoûter le cousin, s'il venoit ; il croit le voir : c'est un hussard comme lui ; mais Céleste et Derlove sont également surpris, en se reconnoissant sous les habits l'un de l'autre.

Céleste ne veut plus l'entendre, et lui montre, pour le confondre, le passage de son Chapitre second, où il renonce à elle ; Derlove alors lui montre le congé qu'elle a donné le jour même à son cousin ; ils se reconnoissent.

Cette jolie bluette a été jouée, avec la plus grande perfection, par la C.e S. Aubin, dans le rôle de Céleste ; et la C.e Carline Nivelon, dans celui de Derlove,

Les auteurs sont le C. Dupaty, pour les paroles, et le C. Della Maria, pour la musique. Cet ouvrage ne peut qu'ajouter à leur réputation.

[La musique n’est pas de Della Maria, mais de Solié !]

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-huitième année, tome XI, thermidor an 7 [juillet 1799], p. 198-200 :

[Pièce difficile à critiquer : elle ne vaut que par « la variété des détails ». Rapide analyse d’une intrigue fondée sur imbroglio et quiproquo, qui s’achève comme attendu par un mariage. Le critique souligne les difficultés de faire une telle pièce : deux personnages seulement pour construire « une intrigue presque régulière ». Il trouve bien sûr à redire sur la vraisemblance de l'intrigue, sur les longueurs et la motivation des entrées et sorties, mais il souligne que la pièce, qu’il considère comme un « tour de force », « est remplie d'esprit, de grâces & d'originalité ». Il attire l’attention sur le dispositif scénique, sur la qualité des deux actrices (il y a pourtant un rôle masculin), sur la musique, « continuellement fraîche & mélodieuse » (il aime particulièrement un rondeau), sur l’orchestre, qui a droit à un traiteur flatteur.]

THÉATRE DE L'OPÉRA COMIQUE NATIONAL, RUE FAVART.

Le Chapitre second, opéra en 1 acte.

Cette pièce a obtenu un succès complet. Il est difficile d'analyser une pièce toute en imbroglio, & dont le principal mérite est dans la variété des détails ;. il nous suffit de dire qu'un jeune officier, arrivé à Paris pour y épouser une jeune veuve qu'il n'a jamais vue, s'est logé. auprès d'elle sans le savoir ; qu'il n'est séparé de sa chambre que par un mur dans lequel une communication secrète a été pratiquée ; qu'ayant entendu chanter cette voisine inconnue, il en est devenu aussitôt amoureux ; qu'il lui a fait entendre à son tour des romances expressives qu'elle a répétées ; qu'il s'introduit chez elle déguisé en jockey ; qu'elle l'y reçoit déguisée en soubrette ; qu'il se détermine à renoncer pour elle au mariage qui l'avoit amené à Paris ; qu'elle se détermine aussi de son côté à congédier le futur qui doit se présenter chez elle ; que ce quiproquo se découvre enfin après beaucoup d'autres, & qu'alors un mariage d’inclination termine la comédie.

On jugera des éloges que mérite l'auteur de cette jolie pièce, par les difficultés sans nombre, qu'il a eues à surmonter. Il n'a voulu faire paroître que deux personnages ; &, malgré cette apparente insuffisance de moyens, il est parvenu à conduire une intrigue presque régulière & à soutenir un véritable intérêt pendant tout le cours de l'ouvrage, qui est pourtant assez étendu. Sans doute il seroit facile d'y critiquer certaines invraisemblances, certaines longueurs, & quelques entrées & sorties peu motivées ; mais ne voyons dans cette pièce qu'une espèce de tour de force, & convenons alors qu'elle est remplie d'esprit, de grâces & d'originalité. C'est, on peut le dire, une des productions les plus ingénieuses du C. Emmanuel Dupaty, déjà connu par une bluette du même genre, Arlequin tout seul, & par le charmant Opéra comique qu'on joue très-souvent à ce théâtre avec le succès le plus soutenu.

Les décorations de cette pièce méritent aussi une mention particulière : elles sont disposées avec beaucoup de goût, de manière à partager le théâtre en trois appartemens, sans compter l'antichambre, invention nouvelle & faite pour piquer la curiosité.

Les citoyennes Carline & Saint-Aubin, chargées des deux seuls rôles de la pièce, ont été vivement applaudies ; il est impossible de montrer plus d'esprit, plus de légèreté que la première, & plus de grâces, plus de comique, plus de véritable talent que la seconde.

La musique, qui est du C. Solier, fait honneur au goût de ce compositeur : elle est continuellement fraîche & mélodieuse. On a entendu surtout avec le plus grand plaifir un rondeau parfaitement chanté par la citoyenne Saint-Aubin ; il seroit difficile d'en trouver un plus piquant & plus gracieux.

Les auteurs ont été demandés : le C. Solier, amené sur le théâtre, y a été accueilli par les plus vifs applaudissemens.

Nous ne terminerons point sans donner au musiciens de l'orchestre les éloges qu'ils méritent ; cette partie d'exécution a tant d'influence sur le succès des différens morceaux, singulièrement sur les théâtres, que l'on doit rendre justice à ceux qui la remplissent avec avantage. On ne peut mettre plus d'intelligence ni suivre avec plus de scrupule les intentions du compositeur, & les forts & doux ont été tellement ménagés, que l'on n'a pas perdu un seul mot des paroles du chant.

Dans la base César, 24 représentations, du 17 juin1799 au 2 novembre 1799, toutes à l'Opéra-Comique de la rue Favart.

Le Chapitre second a été repris le 8 août 1803 et est resté au répertoire jusqu'en 1810 (Nicole Wild, David Charlton, Théâtre de l'Opéra-Comique Paris: répertoire 1762-1972, p. 186).

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