Le Château mystérieux, ou le Crime commis et vengé, mélo-dramatico-vaudeville, en trois actes, mêlé de chants, marches, danses, et combats, de Maxime de Redon et Defrenoy, musique de Bianchi, ballet de Madame Adam, 12 juillet 1806.
Théâtre des Jeunes Artistes, rue de Bondi.
Ce Château mystérieux ou le Crime commis et vengé ne doit pas être confondu avec un autre Château mystérieux, le Château mystérieux ou l'Héritier orphelin.
Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Maldan, 1806 :
Le Château mystérieux, ou le Crime commis et vengé, mélo-dramatico-vaudeville, en trois actes, mêlé de chants, marches, danses, et combats. Paroles de MM. Maxime de Redon et Defrenoy ; musique del Signor Bianchi ; ballet de Madame Adam, Représenté pour la 1re. fois sur le Théâtre des Jeunes artistes, rue de Bondi, le 12 juillet 1806.
Liste des personnages :
PERSONNAGES.
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ACTEURS.
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ALFRÈDE, seigneur sicilien.
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M. Prudent.
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FLORESTAN, jeune chevalier, frère d'Alfrède.
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M. Brouillion.
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LE BARON D'ALKIMBOURG.
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M. Deschamps.
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RODOLPHE,
ARTHUR,
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Chevaliers, amis d'Alfrède.
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M. Bazin.
M. Bélanger.
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GONTRAN,
RAOUL,
ROGER,
SIGISMOND,
ALMILDAR
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Chevaliers, amis du baron d'Alkimbourg/
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M. Lepeintre.
M. Péraut.
M. Auguette.
M. Achille.
M. Astruc.
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ULRIC, écuyer de Florestan.
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M. Basnage.
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LA COMTESSE DE SARZAMOND;
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Mlle Victorine.
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ROSE D'AMOUR, jeune paysanne, au service de la comtesse.
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Mlle Martin.
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LÉONARDE, vieille intendante de la comtesse.
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Mlle Bardoux.
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DEUX DAMES de la comtesse.
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Mlle Christine.
Mlle Pauline.
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GARDES.
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PAGES.
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CHEVALIERS, Pâtres.
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(La Scène se passe au château de Sarzamond.)
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Les décors sont décrits acte par acte :
Le théâtre représente une partie extérieure du château de Sarzamond.
Le fond du théâtre est divisé en deux parties : celle à gauche du spectateur représente une aile du château de Sarzamond. Des degrés placés en avant forment une espèce de terrasse ; la partie à droite forme une montagne, d'où Florestan et Ulric descendent à la première scène. De l'extrémité du château à l'autre côté, part une grille haute de quatre pieds, qui coupe le théâtre diagonalement.
A gauche du spectateur, sur le premier plan, s'élève une tour; une fenêtre grillée doit se faire remarquer à la hauteur d'un premier.
Le théâtre représente un salon gothique ; une boiserie dans le fond sert à cacher la prison d'Alfrède. Près de la boiserie une statue armée de pied en cap : à droite une porte conduisant chez le baron ; à gauche une porte mène dans l'appartement de la comtesse de Sarzamond.
Le Théâtre représente une partie du château de Sarzamond. Un pont dans le lointain communique à une tour placée dans le fond du théâtre, à gauche du spectateur. Une autre porte, pratiquée sous le pont, donne sur la scène. Le reste de la scène est occupée par des arbres. La mer est dans le fond. Il ne fait pas encore jour.
La fin des actes 1 et 2 comporte la description d'un tableau :
(Le Baron lance un coup d'œil terrible aux deux femmes. Léonarde est pétrifiée ; Rose d'amour aperçoit Alfrède, et lui promet sa protection par des gestes expressifs. Le Baron se retourne, et Rose d'Amour, aussitôt, pour lui ôter les soupçons qu'il pourrait avoir, tombe à genoux, comme pour prendre le ciel à témoin de son innocence. Le Baron repousse Léonarde: elle tombe sur les degrés. TABLEAU.
FIN DU PREMIER ACTE.
(Alfrède, la Comtesse, Rodolphe, Arthur, Florestan, Rose d'Amour, s'apprêtent à sortir; le Baron, Gontran, Raoul, les regardent avec colère. Tableau. La toile tombe.)
FIN DU SECOND ACTE.
La fin de l'acte III est plus laconique :
Marche triomphale.
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La toile tomba.
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FIN DU TROISIEME ET DERNIER ACTE.
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Comme souvent dans les mélodrames, les didascalies sont abondantes et insistent sur le caractère dramatique des situations.
Courrier des spectacles, n° 3446 du 15 juillet 1806, p. 2-3 :
[Avant de parler de la pièce, le critique tient à dire ce que le Théâtre des Jeunes Artistes a de particulier. On y voit de « jeunes élèves » jouer des rôles qui dépassent leurs forces au mépris de leur santé, mais où ils montrent des qualités remarquables, tant dans les combats que dans la danse. La pièce est présentée ensuite comme un mélodrame comme les autres, le titre seul suffisant à faire comprendre qu'on allait vivre les aventures d'un prisonnier, enfermé parce qu'il a su se faire aimer et a ainsi fait naître la jalousie d'un rival. De cette situation naissent tous les épisodes habituels, pour tenter de délivrer le prisonnier : intervention de son frère, de la mystérieuse Rose-d'Amour, évasion, nouvelle captivité. Le critique finit par renoncer à raconter entièrement l'intrigue : il se limite à dire que « comme il faut que tout le monde soit content, la bonne cause triomphe ». Un paragraphe ironique se moque du revirement inattendu qui constitue le dénouement. De façon intéressante, le critique note l'inadéquation de la salle à un spectacle « à grands effets »; Mais c'est le cas de bien d'autres théâtres, avec l'avantage ici que la petitesse des enfants-acteurs ramène décors et interprètes à « une proportion assez raisonnable ». La pièce comporte des « couplets dont plusieurs ont été applaudis », et l'article s'achève par la liste des auteurs, paroles, musique, ballet (et un ballet créé par une femme).]
Théâtre des Jeunes Artistes.
Le Château mystérieux.
Les jeunes élèves qui jouent à ce Théâtre cherchent à s’élever à la hauteur de leurs voisins, et quelquefois ils les égalent dans l’exécution. Ce n’est pas que l’on consulte beaucoup leurs forces. En faisant jouer des tyrans, ou des guerriers à des enfans capables à peine de soulever une arme, on les exténue de bonne heure , et ces petits prodiges finissent par être de très-médiocres sujets ; mais le parterre aime à voir exécuter par ces petits êtres des choses extraordinaires ; leur jeu, leurs efforts soutiennent la pièce, elle réussit, le public applaudit, vient en foule, et le caissier est content. C’est à eux que les auteurs du Château Mystérieux doivent en partie leur succès. Ce mélodrame n’est pas sans intérêt ; mais il offre peu de scènes neuves ; on a eu soin d’y placer des ballets, des combats, et ç’a été la partie la plus brillante de la représentation ; il est curieux, en effet, de voir ces enfans danser avec une agilité et un ensemble aussi rares, ou combattre avec une vigueur et une précision aussi étonnantes. Ces luttes sont parfaitement réglées, et suffisoient pour assurer le succès de la pièce, quand même elle n'auroit pas d’autre mérite.
Le Château mystérieux ressemble à beaucoup d’autres. On juge d'avance par le titre, qu’il renferme un prisonnier. Ce prisonnier se nomme Alfred ; il a sçu plaire à une jeune Comtesse que le seigneur d Alquincourt veut épouser ; mais ce dernier s’est apperçu de leur intelligence, et Alfred expie en prison l'avantage d'être préféré. Son frère Florestan arrive près du château, déguisé en troubadour ; il parvient à s'y introduire, et bientôt il a des intelligences dans la place, par le moyen de la jeune Rose-d’Amour, qui cherche aussi à délivrer le jeune prisonnier ; mais le tyran d’Alfred a surpris le secret de Florestan ; il veut le faire arrêter à la fin d’un repas, lorsqu’Alfred, ayant trouvé le moyen de briser ses fers, se présente, et, secondé par quelques serviteurs dévoués à sa cause, emmène son amante et son frère après avoir défié son rival à un combat à outrance.
Alquincourt accepte ; mais en même tems, il fait de nouveau arrêter Alfred (du moins la nouvelle captivité de ce dernier le feroit croire.). Il s’agit donc de le délivrer une seconde fois. Florestan, suivi de Rose d’Amour et de la Comtesse, qui se sont métamorphosées en héroïnes, vient attaquer le château. Alquincourt en sort avec ses gens ; le combat s’engage ; six des plus valeureux champions de sou parti fondent sur six de leurs adversaires ; mais enfin, comme il faut que tout le monde soit content, la bonne cause triomphe, Alfred terrasse son ennemi, dont les guerriers tombent aussi dans le même instant. Les vassaux arrivent, et célèbrent la victoire de Fiorestau et d’Alfred.
Ces bons vassaux se trouvent ordinairement à la fin des mélodrames, tout prêts à fêter le plus fort, et semblables à ces hommes disposés à crier, suivant les circonstances : Vive le Roi, vive La Ligue ! Ils dansent pour le héros qui triomphe après avoir dansé une heure auparavant pour le tyran.
La salle de ce spectacle est trop petite pour ces sortes de représentations ; sa forme semble en exclure le mélodrame et toute pièce à grands effets ; cependant on en sait tirer encore un parti assez avantageux. Les montagnes et les tours, dans leur exiguité, y ressemblent assez à celles du théâtre des Nouveaux Troubadours, mais au moins ici on trouve entre les décorations et les acteurs une proportion assez raisonnable.
La pièce est semée de couplets dont plusieurs ont été applaudis. Les auteurs sont, pour les paroles, MM. Maxime et Defrénoi, pour la musique, M.Bianchi, et pour le ballet, Mad. Adam.
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