Créer un site internet

Le Collatéral, ou la Diligence de Joigny

Le Collatéral, ou la Diligence à Joigny, comédie en 5 actes, en prose, de Picard, 15 Brumaire an 8 [6 novembre 1799].

Comédie représentée par les Acteurs-Sociétaires du théâtre de l'Odéon

Titre :

Collatéral (le), ou la Diligence à Joigny

Genre

comédie

Nombre d'actes :

5

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

Des couplets

Date de création :

15 brumaire an 8 (6 novembre 1799)

Théâtre :

Théâtre Feydeau (Comédiens sociétaires de l’Odéon

Auteur(s) des paroles :

Picard

Almanach des Muses 1801 (qui intitule la pièce Le Collatéral, ou la Diligence de Joigny).

Lasaussaye,marchand de bois de Villeneuve-sur-Yonne, est appelé à recueillir la succession d'un oncle fort riche ; il prend la diligence et part pour Joigny, où l'attend cette succession, où il doit aussi épouser la fille du médecin Montrichard. Il ne connaît pas ses compagnons de voyage, et leur confie ses affaires, ses projets, ses espérances. Entr'autres personnages qui se trouvent avec lui dans la diligence, tels que M. et madame Saint-Hilaire, acteurs, et le conducteur, sont un jeune officier, amant aimé de la fille du docteur, et M. Bavaret, avocat, ami du jeune homme.

Bavaret sachant que celui-ci a un rival dangereux dans Lasaussaye, n'est pas plutôt arrivé à Joigny qu'il appelle le médecin, lui fait courir la ville, et facilite ainsi un entretien à l'officier avec sa maîtresse. Il surprend ensuite le secret de l'héritier collatéral qui ne se presse de recueillir a succession qui lui est échue, que parce qu'il craint l'arrivée d'un héritier direct de son oncle auroit pu laisser à Saint-Domingue. C'est le jeune officier qui, grace à Bavaret, va passer pour l'héritier redouté, à titre d'enfant naturel, mais cette ruse est déjouée. Lasaussaye prouve par un extrait baptistaire que l'enfant né de son oncle était une fille. Bavaret ne se déconcerte pas, c'est Madame Saint-Hilaire qui est cet enfant, et il la présente en cette qualité ; il décide même Lasaussaye à faire à sa cousine hommage de son cœur pour s'assurer la succession. Dans cet intervalle, il rend Montrichard favorable aux intentions du jeune officier. Enfin Lasaussaye dupe du conseil de Bavaret, est surpris aux genoux de sa prétendue cousine, il ne peut plus décemment prétendre à la main de celle qu'il venait épouser. Le jeune officier triomphe, il épouse sa maîtresse, et Lasaussaye désespéré d'abord d'avoir été joué, se console en pensant que du moins sa succession ne lui est pas enlevée.

Des situations très-plaisantes, une gaîté extraordinaire ; comédie d'autant plus rare, qu'on y rit pour ainsi dire depuis le premier mot jusqu'au dernier.

Sur la page de titre de la brochure, Paris, chez Huet, an VIII :

Le Collatéral, ou la diligence à Joigny, comédie en cinq actes, en prose, Par L. B. Picard. Représentée, pour la première fois, le 15 Brumaire an VIII, sur le Théâtre Feydeau, par les Comédiens sociétaires de l'Odéon.

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 5e année, 1799, tome IV, p. 240-242 :

[Point de départ du compte rendu : le succès considérable (et mérité) de la pièce. L’analyse en montre la complexité, entre tentatives matrimoniales et chasse à l’héritage. Après un résumé précis de l’intrigue, c’est sur l’interprétation que le critique se concentre, pour féliciter chaleureusement Picard, cette fois comme acteur, et, moins chaleureusement deux autres interprètes.]

ACTEURS DE L'ODÉON.

Le Collatéral, ou la Diligence à Joigny, joué le 15 brumaire.

Encore une comédie de l'infatigable Picard, et encore un succès. Il y avoit longtemps qu'on [n’]avoit vu une comédie plus gaie, écrite avec plus d'esprit et de vivacité. En voici l'analyse :

Guillaume de la Saussaie, marchand de bois à Villeneuve-sur-Yonne, est monté de nuit dans la diligence, qui est remplie par quatre autres personnes : Bavaret, avocat ; Derville, capitaine, son ami ; et M. de Saint-Hilaire et sa femme, artistes dramatiques. La Saussaie fait, dans la voiture, les frais de la conversation, et apprend aux voyageurs qu'il va à Joigny recueillir la succession de Derval, son oncle, et épouser Constance, fille du médecin Montrichard. Ils arrivent à Joigny, et quittent La Saussaie sans avoir vu sa figure, et sans que celui-ci ait vu la leur. Alors Derville fait part à Bavaret de ses craintes, et lui apprend qu'il aime cette Constance que La Saussaie vient épouser. Bavaret procure d'abord à Derville une entrevue avec Constance, en faisant courir le médecin pour secourir sa femme, qui vient de tomber en apoplexie. Ensuite, apprenant que Derval a eu des liaisons avec une jeune Espagnole qu'il a connue en Amérique, il fait passer Derville pour le fils de Derval, qui vient disputer à son cousin un héritage qui doit lui appartenir. La Saussaie donne d'abord dans le piége, mais ensuite il les convainct [sic] de fausseté, en leur apprenant que le fruit des amours de Derval et de l'Espagnole est une fille. Bavaret feint alors d'avoir été trompé par Derville, le lui reproche et sort avec une feinte colère, mais pour dresser d'autres batteries. Il engage M.me Saint-Hilaire à remplir le rôle d'une jeune Américaine, fille de Derval, qui ne paroît dans cette affaire que pour conseiller La Saussaie, qui, pour conserver l'héritage, renonce à Constance, et fait tous ses efforts pour épouser sa prétendue cousine. D'abord elle fait la sévère ; elle s'adoucit ensuite, et La Saussaie annonce à Montrichard qu'il renonce à sa fille. Pendant cet intervalle, Derville a fait ses aveux au père de son amante, qui consent à son union avec Constance. Mais la diligence, que des retards avoient arrêtée à Joigny, se trouve en état de partir, et M. Saint-Hilaire, au moment où La Saussaie va pour baiser la main de son Américaine, la prend lui-même pour la conduire à la voiture. Le collatéral apprend qu'il a été joué, mais que, s'il perd un mariage, son héritage lui reste, et il part consoIé.

Cette pièce a été parfaitement jouée. Le C. Picard a rempli le rôle de Bavaret, qui est la cheville ouvrière de la pièce, avec une gaieté et une vivacité qui ont fait le plus grand plaisir. Le C. Vigny, dans le rôle du Collatéral, et la C.e Molière, dans celui de M.me Saint-Hilaire, ont aûssi mérité les applaudissemens qu'on leur a donnés.

L’Esprit des journaux français et étrangers, vingt-neuvième année, tome III, frimaire an 8 [novembre 1799], p. 203-208 :

[Première information, le nom de l’auteur, et son rôle double, puisqu’il est aussi « le principal rôle ». Le compte rendu se livre ensuite à l’habituelle analyse, qui précise d’abord la situation avant le début de la pièce, puis le déroulement de l’intrigue, qui occupe le temps d’un arrêt de la diligence à l’auberge (au fond, la pièce est une sorte de huis-clos, du soir au matin). L’histoire est suffisamment compliquée pour que le critique renonce à tout dire : « il seroit trop long de suivre l'auteur dans sa marche ». Le jugement porté ensuite ne peut que constater le succès, tout en invitant Picard à mettre un peu plus d’ambition dans ses projets : «  il doit travailler pour la postérité & donner l'exemple de l'heureux emploi des dons qu'il a reçus de la nature, & de son éducation ». L’article s’achève par la reproduction du couplet final, où le public « a remarqué une modestie louable & une sensibilité douce pour la société-mère ».]

SOCIÉTA1RES DE L'ODÉON

THÉATRE LYRIQUE DE LA RUE FEYDEAU.

Le Collatéral, ou la Diligence de Joigni, comédie en cinq actes & en prose.

Cette pièce est du C. Picard, acteur de cette société ; il remplit dans cette pièce le principal rôle.

Un original nommé Guillaume de la Houssaye, marchand de bois dans le département de l'Yonne, arrive à Joigni, par la diligence, pour y recueillir la succession de son oncle, dont il est le seul héritier. Les voyageurs qui complétent avec lui la diligence, sont le C. Pacaret, avocat à Rochefort ; Saint-Hilaire & sa femme, artistes tragédiens, qui vont à Genève exercer leur talent; & Derville, jeune officier, amant aimé de Constance, fille de Montrichard, médecin à Joigni. Guillaume de la Houssaye fait, pendant le voyage, les frais de la conversation. Original par caractère, la riche succession qu'il vient recueillir augmente sa confiance en son propre mérite ; la nuit entière est consacrée à parler de lui, de ses affaires, de ses projets, & surtout de son mariage avec Constance. La scène commence au moment de l'arrivée de la diligence devant l'auberge, & de la descente des voyageurs, qui n'ayant encore marché que de nuit, ne se connoissent point de figure. L'avocat Pacaret & Derville ont eu occasion de se voir dans leur première jeunesse, & par cela même, se lient plus particulièrement. Derville ne lui cache point ses craintes sur son union avec Constance. Pascaret lui offre ses services ; il ne sait pas trop comment il s'y prendra pour éloigner le redoutable héritier collatéral, mais il projette de profiter des événemens qui se présenteront; & c'est ainsi que marche la pièce, depuis le commencement jusqu'à la fin. Au moment où l'on croit que Pacaret & son ami n'ont plus de ressources, un simple incident nouveau rend le courage à l'avocat, qui sait toujours en profiter pour ne pas abandonner la partie.

Le but unique des deux amis étant de rompre le mariage du marchand de bois avec Constance, Pacaret s'applique d'abord à procurer à Derville une entrevue avec elle ; il y réussit, en venant appeler le médecin, son père, pour secourir sa femme qui vient de tomber en apoplexie. Instruit par Derville que Constance l'autorise à tout tenter pour éloigner M. de la Houssaye, que son père ne veut lui faire épouser que parce qu'il est riche de la succession de son oncle, Pacaret s'occupe des moyens de l'attaquer de ce côté. Il apprend que cet oncle a eu des liaisons en Amérique avec une jeune Espagnole. Il part de cette découverte , pour annoncer Derville comme fils de l'un & de l'autre. Il engage la discussion chez le père de Constance, & en sa présence. Il a soin de semer dans tous ses discours des complimens flatteurs pour ce médecin, pour l'intéresser à sa cause. L'attaque est telle, que le pauvre la Houssaye commence lui-même à être convaincu. Il admet la naissance de Derville, mais seulement comme bâtard, & propose de régler la pension alimentaire.

Pacaret, instruit dans le code matrimonial, lui cite la loi des 5 & 6 Brumaire de l'an 3, & lui prouve d'une manière fort plaisante, en partant des principes aux conséquences, que Derville est seul héritier de Dorval, son oncle. Atterré par la multiplicité & la légitimité des preuves, Montrichard, père de Constance, prend lui-même le parti de Derville & projette son mariage avec Constance, lorsque de la Houssaye arrive victorieux, tenant à la main des papiers ; il a la malice de faire répéter & à Pacaret & à Derville lui-même , qu'il est bien réellement le fruit unique de l'union de Dorval & de l'Espagnole. Après leur assertion , il leur montre l'extrait baptistaire de l'enfant né en effet de cette union, mais c'est une fille. Derville est atterré ; mais Pacaret qui ne se démonte pas si facilement & qui veut éloigner de lui le soupçon d’intelligence avec un fripon, pour se conserver dans l'esprit du médecin Montrichard , s'emporte contre Derville, se plaint amèrement d'avoir été trompé par lui. Derville honteux & qui ne comprend rien aux desseins ultérieurs de Pacaret, se retire. Ce dernier fait sa propre apologie, s'excuse auprès du médecin & de l'héri-
tier , & les quitte persuadés qu'il a été lui-même trompé.

L'enfant mâle n'ayant pas réussi, Pacaret entreprend de faire paroître la fille dont il a vu l'acte de naissance ; il engage Mme. Saint-Hilaire, artiste tragédienne, à paroître comme jeune Américaine qui vient réclamer la succession de son oncle. Il seroit trop long de suivre l'auteur dans sa marche ; il suffit de savoir qu'en apparence Pacaret ne se mêle aucunement de cette nouvelle apparition, & que le pauvre de la Houssaye fort embarrassé le prie de vouloir bien le protéger dans cette nouvelle catastrophe. Pacaret ne voit pour lui rien de mieux que de tâcher d'épouser l'Américaine ; c'est le seul moyen de confondre les droits & de garder la succession qu'un long procès pourroit anéantir. Alors d'après cette base on lui ménage des entrevues. Mme. Saint-Hilaire, sévère d'abord, s'adoucit ; elle consent à la fin, & la Houssaye en présence du père de Constance annonce son mariage. Pendant cet intervalle, Derville a fait ses aveux au médecin Montrichard, qui consent à son union avec Constance. Mais la diligence, pendant tout ce temps, se trouve en état de partir, le conducteur en avertit les voyageurs. M. de Saint-Hilaire, au moment où la Houssaye va pour baiser la main de son Américaine, arrive & la prend lui-même pour la conduire à la voiture. Notre héritier apprend que cette Américaine est celle avec laquelle il a voyagé toute la nuit ; mais que s'il perd un mariage, au moins il gagne sa succession ; il part consolé.

Cette pièce bien jouée & pleine de gaieté a eu beaucoup de succès ; & comme la gaieté est de tous les partis, nous ne doutons point qu'elle ne soit long-temps vue avec plaisir. Le C. Picard est chargé du rôle de Pacaret, qui, comme on a pu le remarquer par l'analyse, est
la cheville ouvrière ; il l'a rendu parfaitement & avec l'intelligence qu'an peut lui supposer. Ceux qui ne voient dans une pièce nouvelle que le succès, féliciteront le C. Picard de celui qu'il obtient à juste titre ; mais ceux qui comme nous connoissent ses moyens & prennent à lui l'intérêt qu'il mérite, lui observeront que, pour se délasser, il peut de temps en temps se livrer à ce genre, sans oublier qu'à son âge il doit travailler pour la postérité & donner l'exemple de l'heureux emploi des dons qu'il a reçus de la nature, & de son éducation. L'habitude du travail le lui rendra facile & moins pénible ; il ne s'agit que de s'y livrer avec confiance pendant quelque temps. Ses camarades, au succès desquels il peut contribuer si efficacement, doivent de leur côté lui en faciliter la possibilité.

Cette pièce se termine par des couplets ; le dernier a été redemandé. Le public y a remarqué une modestie louable & une sensibilité douce pour la société-mère. Le voici :

Les fils aînés de Thalie
Sont par vous chéris, soignés ;
Mais faut-il que l'on oublie
Ses parens plus éloignés !
Leur bien c'est votre suffrage :
Or, pour que tout soit égal,
Appelez à l'héritage
Le petit collatéral.

Dans la base César : la pièce s'appelle Le Collatéral, ou la diligence à Gorguy. Elle est de Louis-Benoît Picard, et César lui connaît deux représentations, les 6 et 8 novembre 1799. Elle a été publiée à plusieurs reprises, en 1799 bien sûr, mais aussi en 1806, en 1828 (à Bruxelles).

César renvoie à la brochure de la collection Marandet, qui porte bien le titre Le Collatéral ou la diligence à Joigny.

Ajouter un commentaire

Anti-spam