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Le Conseil imprudent

Le Conseil imprudent, comédie en deux actes et en prose, imitée de la Curiosa accidente de Goldoni, de M. Paillardelle, 30 avril 1789.

Théâtre de Monsieur.

Titre :

Conseil imprudent (le)

Genre

comédie

Nombre d'actes :

2

Vers / prose ?

prose

Musique :

non

Date de création :

30 avril 1789

Théâtre :

Théâtre de Monsieur

Auteur(s) des paroles :

M. Paillardelle

Mercure de France, n° 21 du samedi 23 mai 1789, p. 182-184 :

[Le compte rendu de ce Conseil imprudent s’ouvre naturellement par une « courte analyse » d’une intrigue fondée sur une ruse permettant de faire accepter à un père un gendre dont il ne veut pas. Cette analyse ne permet pas de saisir le comique de cette pièce, dont le critique ne donne qu’un exemple censé produire « le plus grand effet : à chacun de juger ! La pièce est une imitation (une de plus) de Goldoni, mais l’auteur, qui y est en même temps acteur, a su l’adapter eficacement à la scène française. Et l’article s’achève par un vif éloge de cet acteur, connu depuis longtemps, mais très efficace dans cette pièce.]

THÉATRE DE MONSIEUR.

Nous avons promis quelques détails sur les deux nouveaux Ouvrages dont ce Théatre vient de s'enrichir. Le premier est le Conseil imprudent, Comédie en deux Actes.

La Scène se passe à Londres. Un jeune Officier, mieux traité par la naissance que par la fortune, a reçu l'hospitalité chez un riche Négociant : il devient amoureux de sa fille, & sa délicatesse ne lui permettant pas de se livrer à sa passion, il prend le parti de s'éloigner. Le Négociant, qui voudroit le retenir, questionne sa fille sur l'état du cœur de ce jeune homme. Celle-ci, qui l'aime, & qui croit devoir dissimuler son amour, persuade à son père que c'est de sa cousine qu'il est amoureux. Le Négociant, qui a toujours eu à se plaindre de son frère, se charge néanmoins d'en faire la demande, en est mal reçu, & désire de s'en venger. Il conseille à l'Officier d'épouser secrètement la jeune personne qu'il aime, lui en facilite les moyens, & lui prête même de l'argent. Il apprend enfin que c’est contre lui-même qu'il a donné ce conseil. Il est furieux d'abord, mais il est père; & il pardonne.

Nous n'avons pu, dans cette courte analyse, indiquer les situations très-comiques ou très-intéressantes dont cette Pièce fourmille, & qu'il ne faut pas montrer hors de leur cadre. Nous ne citerons qu'un trait au dénouement, qui produit le plus grand effet. C'est par une lettre de l'Officier que le père apprend que c'est sa fille & non sa nièce qui a été enlevée. Après avoir donné cours à sa fureur, à son repentir, & avoir repris des sentimens plus tendres, la Soubrette lui annonce que ce mariage n'est qu'une feinte imaginée par elle-même, & que sa fille n'a point trahi son devoir.

Cette Pièce est une imitation de M. Goldoni, auquel la modestie de M. Paillardelle en a fait publiquement l'hommage ; mais comme elle est très bien adaptée à la Scène Françoise, le mérite & la gloire d'Auteur lui restent en entier. Il en a plus encore peut être comme Acteur, par la vérité, la chaleur, l'intelligence profonde avec lesquelles il rend les différentes situations du rôle du Négociant.

M. Paillardelle avoit déjà débuté à Paris sur le Théatre François en 1772, avec le plus grand succès. Il obtint même, à cette époque, un triomphe dont nous ne croyons pas qu’aucun autre Acteur ait jamais joui sur les Théatres de la capitale, il joua dans l'Avare la Scène de la Cassette, avec tant de chaleur & de naturel, qu'on la lui fit répéter. Nous ignorons pourquoi il ne fut pas reçu dans ce temps ; mais comme l'étude & l'exercice n'ont fait que perfectionner encore son talent, c'est un bonheur pour le Théatre de Monsieur, qui a fait en lui l'acquisition la plus précieuse. Il a prouvé combien, dans un bon Ouvrage, un Acteur véritablement passionné peut animer tout ce qui l'entoure : aucune Comédie sur ce Théatre n'a encore été aussi bien jouée que le Conseil imprudent.

L’Esprit des journaux français et étrangers, 1789, tome VI (juin 1789), p. 307-308 :

Parmi les nouveautés essayées à ce théâtre, nous distinguerons les pieces suivantes :

[...]

Le Conseil imprudent, traduction du Curioso accidente de Goldoni, a été donné avec un très-grand succès. Voici le sujet de cette comédie. Un riche Anglois a reçu chez lui un chevalier pauvre qui a pris de l'amour pour sa fille & qui s'en est fait aimer. Comme il en a conçu quelque soupçon, & qu'il n'est nullement disposé à consentir à ce mariage, il interroge là-dessus sa fille, qui, pour se soustraire à ses questions embarrassantes, lui dit que c'est de sa cousine que le chevalier est amoureux. Le pere de la jeune personne, ayant beaucoup à se plaindre de son frere, croit voir dans cette fausse confidence un moyen de se venger de lui, & il se dispose à favoriser le mariage de sa niece & du chevalier. ll en vient jusqu'à conseiller à ce dernier un mariage secret, & lui prête de l'argent pour cela. Un moment après , croyant s'être bien vengé, il reçoit une lettre qui lui apprend que son conseil imprudent a été réalisé. Il se met en fureur, mais en reconnoissant & en se reprochant son imprudence, ce qui le dispose à pardonner à sa fille qui vient se jetter dans ses bras. Le pere a d'autant moins à se repentir du pardon, que ce mariage n'est qu'une fausse nouvelle imaginée par la soubrette pour servir sa maîtresse & le chevalier. Telle est l'idée de cette piece. La méprise du pere donne lieu à plusieurs situations plaisantes qui ont été très-vivement applaudies ; plusieurs de ces situations, sur-tout dans le second acte, sont déja connues au théatre ; mais il n'en est pas moins vrai que la piece est d'un fort bon goût de comédie.

L'auteur de cette imitation est l'acteur lui-même, M. Paillardel, qui a débuté par le rôle du pere, & qui a reçu les applaudissemens les plus vifs. Il a une très-grande entente de la scene ; il joue avec autant de chaleur que d'intelligence, & nous paroît une très-heureuse acquisition pour ce nouveau théatre.

(Journal de Paris ; Mercure de France ; Journal général de France.)

D’après la base César, la pièce, pour laquelle elle propose un second titre, le Défi imprudent, a été jouée 55 fois au Théâtre Feydeau, du 30 avril 1789 au 27 octobre 1791 (27 fois en 1789, 14 fois en 1790, 14 fois en 1791).

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