Les Clefs de Paris, ou le Dessert d’Henri IV

Les Clefs de Paris, ou le Dessert d’Henri IV, comédie-vaudeville en un acte, de Théaulon et Armand Dartois, 14 avril 1814.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Les Clefs de Paris, ou le Dessert d’Henri IV

Genre

comédie-vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose

prose

Musique :

vaudevilles

Date de création :

14 avril 1814

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Théaulon et Dartois

Journal de Paris, politique, commercial et littéraire, n° 111 du 21 avril 1814, p. 4 :

Martainville, sans doute royaliste sincère, porte un jugement positif sur la pièce nouvelle, ou du moins sur le personnage qu'elle célèbre. Elle s'inscrit dans la riche lignée des pièces qui célèbrent Henri IV, particulièrement nombreuses au retour des Bourbons sur le trône de France. Bien sûr, la dette de Théaulon et Armand Dartois est immense envers leurs prédécesseurs, et ils ne risquaient pas d'échouer en célébrant à leur tour le retour du roi légitime dans sa capitale. L'anecdote contée ici transforme la fameuse dinde au pal en dessert : le roi reçoit un cadeau très politique, les clefs de la ville. Succès indiscutable, malgré quelques « inexactitudes historiques » qui ne comptent pas. Le public a salué avec enthousiasme les allusions nombreuses que la pièce comporte, et a redemandé maints couplets, qu'il a repris en chœur. Le critique en cite deux, avant de dire un mot de l'interprétation (le rôle d'Henri IV rempli par Henri, qui a su restituer la figure du roi) et d'insister sur le succès remarquable obtenu par les deux auteurs.]

THÉATRE DU VAUDEVILLE.

Première représentation des Clefs de Paris, ou le Dessert d'Henri IV.

Le Vaudeville, leste comme un enfant, devait devancer tous les autres théâtres. C'est ce qu'il a fait. Les Clefs de Paris sont la première nouveauté de circonstance qui ait paru. Mais je ne sais si ce n'est pas flatter un peu cet ouvrage que de le nommer une nouveauté ; il me semble qu'en rendant à Collé, à Derosoy, et surtout à Bouthillier, auteur du Souper d'Henri IV, ce qu'ils ont droit de réclamer dans cette pièce, il ne resterait guère à MM. Théaulon et Dartois qu'une noble intention et plusieurs jolis couplets ; je me trompe, il leur resterait encore un succès brillant : n'était-il pas assuré d'avance à l'auteur qui nous offrirait les traits, la bouté, la franchise et la gaieté de notre Henri ?

Le fond de la pièce est l'anecdote si connue du souper où Henri mourant de soif et de faim fut trop heureux de partager la dinde d'un bourgeois auquel il accorda la noblesse en lui désignant pour armes une dinde en pal avec ces mots : Morceau de roi. Mais le dessert du nouveau souper d'Henri IV est le plus brillant qui ait pu jamais être offert à un prince. Ce sont les clefs de Paris qu'on lui apporte. C'est vraiment là un morceau de roi.

On a facilement pardonné aux auteurs de petites inexactitudes historiques ; le sentiment exclut la critique. Ils ont eu l'art d'encadrer dans leur pièce une foule d'allusions que le public a saisies et applaudies avec transport. Parmi le grand nombre de couplets qui ont été redemandés et auxquels toute la salle a fait chorus, je citerai les deux suivans :

SULLY, au roi.

Air : Le premier pas.

        Il est à vous
    Ce trône dont le crime
Vous éloigna pour le malheur de tous ;
De Saint Louis, siège auguste et sublime,
Ce trône exige un prince magnanime ;
        Il est à vous.                                     (bis.)

GABRIELLE, à Henri.

Sire, on dirait, lorsque votre présence
Fait dans nos champs renaître l'olivier,
Qu'un ciel plus doux enfin avec la France
Veut aujourd'hui se réconcilier.
Pour seconder la plus belle des causes,
De la nature on voit changer la loi,
Et le printemps semble hâter ses roses
Pour les semer sur les pas d'un bon roi.

Henri, chargé du rôle du bon roi, en avait déjà le nom ; il en a saisi et retracé assez bien la figure, mais voilà où s'est bornée la ressemblance.

Les spectateurs et les auteurs ont dû être également satisfaits de leur soirée. Ces derniers, applaudis vivement et demandés à grands cris, ont cru devoir se rendre au desir impatient du public. La circonstance excuse l'inconvenance de cette ovation théâtrale.

A. Martainville.          

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, année 1814, tome II, p. 382 :

[Dans la grande compétition entre les théâtrespour célébrer le retour des Bourbons à Paris, c’est le Théâtre du Vaudeville qui a gagné, nous dit le critique, et il souligne combien la pièce est à l’unisson des sentiments de « tous les Français » au « retour des Bourbons sur le trône de leurs pères ». Bien sûr, il s’agit d’une pièce nouvelle avec une « petite intrigue », mais elle est pleine « de gaieté et d'esprit, mérite qui se joint très-heureusement à celui de l'à propos ». Pour enlever encore un peu de suspense, il en donne le dénouement.

La pièce a également inspiré une pièce à Rougemont, le Souper de Henri IV, ou la Dinde au pal.]

Les Clefs de Paris, ou le Dessert de Henri IV, comédie-vaudeville en un acte, jouée le 14 avril.

Le Vaudeville, prompt à saisir les circonstances, a été le premier â célébrer le Retour des Bourbons sur le trône de leurs pères. Les auteurs de la pièce nouvelle ont joint, à la vieille anecdote de la Dinde en pal, une petite intrigue qui leur a permis de développer, par d'heureuses allusions, les sentimens qui .animent tous les Français. Cet ouvrage est plein de gaieté et d'esprit, mérite qui se joint très-heureusement à celui de l'à propos. Le titre de la pièce en indique le dénouement ; l'hommage des clefs de Paris à Henri IV en a couronné le succès. MM. Théaulon et Dartois ont été nommés et forcés de paroître sur le théâtre.

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