Deux pour un (Pain et Dupin)

Deux pour un, comédie-vaudeville en un acte, de Pain et Dupin, 26 novembre 1810.

Théâtre du Vaudeville.

Titre :

Deux pour un

Genre

comédie-vaudeville

Nombre d'actes :

1

Vers / prose ?

en prose, avec des couplets en vers

Musique :

vaudevilles

Date de création :

26 novembre 1810

Théâtre :

Théâtre du Vaudeville

Auteur(s) des paroles :

Joseph Pain et Henri Dupin

Sur la page de titre de la brochure, à Paris, chez Barba, 1811 :

Deux pour un, comédie en un acte, mêlée de vaudevilles ; Par MM. Joseph Pain et Henri Dupin. Représentée, pour la première fois, sur le théâtre du Vaudeville, le 26 novembre 1810.

L'Esprit des journaux français et étrangers, année 1811, tome I. (janvier 1811), p. 275-279 :

[Le critique commence par montrer son soulagement : enfin, on voit sur les scènes autre chose que des Cendrillons, même si le couplet d’annonce lui a fait craindre « quelque petit roman bien langoureux et bien sentimental », il s’est rassuré en voyant une pièce qui savait, « sans se défigurer, allier le sentiment aux graces, l'intérêt à la gaieté. Certes ce qui précède l’exposition n’est pas d’une grande vraisemblance (et le compte rendu énumère ces manques de vraisemblance « qui ont rendu l'exposition un peu embarrassée »), mais les auteurs ont su se tirer de manière heureuse de cette difficulté. Le résumé de l’intrigue plonge le lecteur dans une sombre histoire d’enfant naturel que son frère, légitime, tente de faire reconnaître par un père qui ne s’est guère occupé de ses fils : tout s’arrange bien sûr à la fin. Le compte rendu s’achève par un jugement positif sur la pièce : « des situations touchantes, des scènes fort bien filées, et la simplicité du style, la grace du dialogue, l'esprit et la fraîcheur des couplets », toutes les qualités qu’on peut désirer dans un vaudeville sont bien présentes, avec, en prime, « un valet gascon fort comique, que Joly fait très-bien valoir », tous les interprètes étant excellents. On peut d'ailleurs peut-être s'étonner de la présence d'un « valet gascon » bien loin de la Gascogne.]

Deux pour Un.

Enfin le règne des Cendrillons commence à passer, et quoique ces belles demoiselles jouissent encore de toute leur gloire, elles veulent bien cependant permettre à des étrangers de se montrer à leur tour sur la scène. Le Vaudeville est le premier à rouvrir la carrière, et c'est probablement parce que la Cendrillon à laquelle il a accordé l'hospitalité s'est montrée plus modeste et a fait moins de bruit que ses sœurs. Quoiqu'il en soit, les auteurs qui ont osé se risquer après tant de succès multipliés, ont mis heureusement à fin cette périlleuse aventure ; mais le succès qu'ils ont obtenu pouvait seul faire excuser leur témérité. Le couplet d'annonce, redemandé suivant l'usage, m'avait fait craindre d'abord quelque petit roman bien langoureux et bien sentimental, et l'on va juger si j'avais pris l'alarme mal à propos.

Le Vaudeville est un enfant,
Dans cet âge à qui l'on fait grace.
Vous savez qu'aisément on passe
De la folie au sentiment,

Si l'enfant dont l'humeur varie,
Ce soir un peu s'attendrissait,
Ah ! n'allez pas, je vous en prie,
Le faire pleurer tout-à-fait.

Qui ne se serait attendu, après une semblable précaution oratoire, à voir un petit drame bien tendre, bien larmoyant, bien triste, et par conséquent bien ennuyeux ? Heureusement j'en ai été quitte pour la peur, et n'en ai pas été fâché. J'en conviens, les larmes, comme les jeux, appartiennent à l'enfance, mais je n'en redoute pas moins de voir ces petites figures décomposées par la douleur ; en pareil cas, le Vaudeville ne me semble pas plus aimable qu'un autre, et je suis toujours tenté de lui dire comme Arlequin afficheur, à Gilles : Ah ! que vous êtes laid quand vous pleurez !

Heureusement il n'en a pas eu, pour cette fois, la moindre envie, et il a prouvé qu'il savait, sans se défigurer, allier le sentiment aux graces, l'intérêt à la gaieté. Le petit roman rejetté dans l'avant-scène n'est peut-être pas des plus vraisemblables. Il est assez peu naturel qu'un militaire plein d'honneur et de droiture ait pour fils deux grands garcons dont il s'embarrasse si peu que, depuis plus de quinze ans, il n'a pas eu de leurs nouvelles. Qu'il ait abandonné l'aîné, cela se conçoit encore. Fruit de l'amour, l'hymen n'avait pas encore légitimé la naissance de Charles, lorsque sa mère, condamnée sur des fausses apparences, avait été forcée de fuir le comte de Wolmar, et était, bientôt après, morte de désespoir. Mais pour Amédée, fruit d'un mariage légitime ; rien n'obligeait son père à le tenir si long-temps éloigné de lui, et cette insouciance n'est pas trop excusable. Il est assez extraordinaire encore que les deux frères servent précisément dans le même régiment. On ne sait pas même qui a pourvu à l'éducation de Charles, et comment la tache de sa naissance n'a pas nui à son avancement ; car la scène est en Allemagne. Quoiqu'il en soit de ces petites invraisemblances et de quelques autres encore qui ont rendu l'exposition un peu embarrassée, il faut convenir que les auteurs ont pris leur revanche par la manière heureuse dont ils ont dénoué le fil de leur petite intrigue. M. de Wolmar, qui semble avoir oublié presqu'entièrement l'existence de ses enfans, se souvient enfin que l'un des deux est légitime ; sa tendresse paternelle se réchauffe, il rappelle Amédée près de lui ; mais ce généreux jeune homme, qui a retrouvé son frère dans son camarade et son meilleur ami, veut que Charles soit du voyage. Il sait que Charles possède des papiers qui doivent prouver l'innocence de sa mère, et il se propose de forcer M. de Wolmar à reconnaître et à réparer son erreur. La chose n'est pas facile ; car le comte, une fois éclairé sur l'injustice de ses soupçons, ne manquera sûrement pas de vouloir assurer un sort brillant à son fils naturel, et c'est la première chose qu'il propose en effet ; mais ce n'est pas là que se borne le projet d'Amédée ; il lui faut, pour son frère, non-seulement la moitié de la fortune, mais encore le nom du comte de Wolmar; et c'est à quoi celui-ci ne veut pas absolument se déterminer. Pour l'y contraindre, voici le moyen que prennent nos deux jeunes gens : ils se présentent devant leur père commun, qui ne peut les distinguer, refusent de se nommer, et lui proposent l'alternative de reconnaître ses deux fils ou de n'en pas retrouver un seul. M. de Wolmar est ici dans la même situation que Phocas, avec cette différence que ses deux enfans ne se disputent pas l'honneur de mourir, et qu'au lieu d'un trône, l'appât qu'on leur présente est un régiment. Enfin, comme on peut s'en douter, après quelques scènes de tendresse et de générosité, le préjugé cède à la tendresse paternelle. M. de Wolmar serre ses deux fils entre ses bras, et donne Charles à une certaine jeune baronne qui n'a pas mal contribué, pour sa part, à amener cet heureux dénouement. Il y a dans ce vaudeville des situations touchantes, des, scènes fort bien filées, et la simplicité du style, la grace du dialogue, l'esprit et la fraîcheur des couplets laissent à peine le temps d'entrevoir quelques légères invraisemblances. Les auteurs, pour répandre plus de gaieté dans leur pièce, y ont introduit un valet gascon fort comique, que Joly fait très-bien valoir. Les autres, rôles sont d'ailleurs également bien joués, et les suffrages unanimes du public ont tout-à-la-fois récompensé les acteurs et les auteurs, qui sont MM. Pain et. ....                      S.....

Magasin encyclopédique, ou journal des sciences, des lettres et des arts, 15e année, 1810, tome VI, p. 139-140 :

[Compte rendu sans enthousiasme d’une pièce réduite à une anecdote sans intérêt. Succès, nom des auteurs, et c’est fini. Dans la brochure, madame de Rosberg s’appelle madame de Risberg.]

Deux pour un, vaudeville en un acte, joué le 26 novembre.

Un général a un fils naturel et un fils légitime, tous deux officiers dans le même corps. Il ne les a pas vus depuis quinze ans. Le fils naturel est aimé de Madame de Rosberg à qui ses parens ne veulent pas permettre d'épouser un homme sans nom. L'amitié des deux jeunes gens, qui ne veulent point faire savoir à leur père lequel des deux est son fils légitime, le force à ne plus mettre de différence entre ses deux enfans. La pièce est une amplification de ce vers :

Devines [sic] si tu peux et choisis si tu l'oses.

Cet ouvrage a réussi. Il est de MM. Pain et Henri Dupin.

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